« Au revoir là haut » d’Albert Dupontel avec Laurent Lafitte

01/11/2017 02:07

 

« Au revoir là haut » d’Albert Dupontel avec Nahuel Perez Biscayart , Albert Dupontel, Laurent Lafitte, Niels arestrup, Emilie Dequenne… Vu en AVP le 21/09/2017 Présence d’Albert Dupontel à la fin de la projection Questions-réponses avec le public Sortie Cinéma le 25 octobre 2017 

Un des premiers plans du film est un plan séquence version « drone » (caméra vue « aérienne ») où on suit un chien courant sur le champ de bataille pour arriver aux tranchées ! 9 novembre 1918 : Voix OFF : « Mourir le dernier c’est encore plus con que de mourir le premier » Albert Maillard (Dupontel) comptable et Edouard Pericourt (Nahuel Perez Briscayart) fils d’un puissant homme d’affaires et portraitiste de talent attendent la fin imminente de la guerre . C’est sans compter sur le fourbe et amoral lieutenant Pradelle (Laurent Lafitte) , pas encore repu des plaisirs de la guerre et de sa position de force .En charge de leur régiment. ce dernier va « savourer » son dernier commandement en engageant de manière vile et téméraire ses troupes dans le dernier assaut meurtrier . Pericourt y laissera une partie de son visage et se fera passer sciemment pour mort auprès de sa famille via Maillard . « Il va se faire tuer aux archives! «  redoutant une confrontation insupportable avec sa famille Son errance de gueule cassée va trouver une sorte de rédemption à travers la fabrication de masques et une arnaque aux monuments aux morts !

Ce qui frappe le plus dans « Au revoir là haut » c’est la densité du matériau du scénario . Albert Dupontel  a adapté et aménagé le roman , prix Goncourt , de Pierre Lemaître . Ce dernier est crédité aussi en « aimable participation à l’écriture ». Dupontel a dit à la fin de la projo qu’il avait écrit 13 versions du scénario , changer la fin et quelques autres passages en omettant certaines choses ou en rajoutant d’autres . L’histoire est vraiment bien tenue , le récit est fluide et les personnages sont vraiment incarnés à l’écran avec justesse ! C’est bourré d’idées !

Dupontel a exactement « obtenu » les comédiens et actrices qu’il désirait , à l’exception de celui de Maillard qu’il a du endosser suite à un désistement de dernière minute !  Laurent Lafitte est excellent en voyou charmeur et premier degré , arriviste amoral (« ma femme est laide de face, belle de dot(e) »),cynique, dépravé, pourri jusqu’à la moelle.

Niels Arestrup fait aussi une belle composition en magnat des affaires , homme d’influence, peu scrupuleux mais aimant réellement ses enfants . Sa scène de retrouvailles avec un de ses enfants est déchirante de réalisme et il emporte tout en un seul regard désemparé , les yeux embués de larmes accompagnés d’une tirade émouvante et universelle . Dupontel déclarera qu’il n’a pu faire la scène que deux fois , tellement la mise à nu était éprouvante pour l’acteur.

Les deux acteurs se placent directement grand favoris aux Césars du Meilleur second rôle masculin .

Emilie Dequenne , dans un rôle moins porteur, plus en douceur et retenue , assène, avec justesse assassine  une belle banderille à son mari (Pradelle/Laffite) volage mais néanmoins géniteur. Albert Dupontel campe un comptable , sorte d’intermédiaire entre son ami défiguré laissé pour mort et sa  richissime famille . « Dans quelle branche êtes vous?  »  lui demande Péricourt père Maillard répond « dans toutes les branches basses » ! C‘est aussi pour Dupontel , un moyen d’apporter une note sociale (les laissez pour compte, les magouilles des politiciens, les « délits d’influence »…) au traitement de ses personnages et du contexte historique .

L’aspect qui m’a le moins séduit est peut être les masques à connotation poétique que crée Péricourt fils pour cacher sa gueule cassée. Même s’il faut reconnaître que le travail effectué est clairement inventif et réussi (le masque qui ressemble à son vrai visage , par exemple).Il va communiquer par grognements (les 3/4 du film) ayant comme interprète une petite orpheline au look de Gavroche. Nahuel Perez Briscayart (vu dans « 120 battements par minute ) s’en sort bien, avec les honneurs avec de rôle « casse-gueule » sans mauvais jeu de mots . Son regard bleu arrive à exprimer les diverses émotions de Péricourt malgré son « anonymat » des traits cachés et du quasi mutisme forcé durant le film.

Certains ont comparé « au revoir là haut » au style de Jean Pierre Jeunet et de « Un long dimanche de fiançailles » . Si esthétiquement ça peut se discuter, Dupontel a son propre style évitant certains écueils du réalisateur d' »Amélie Poulain » comme l’aspect guimauve-carte postale de son Cinéma . Dupontel réalisateur multiplie les travellings , les zooms , son Cinéma est généreux visuellement . « Un plan sur quatre du film est truqué » dira Dupontel . « Au revoir là haut » a aussi un côté burlesque (le masque du lion avec les billets de banque) et dénonciateur (la guerre, le fric fou, la débauche…).

Avec « Au revoir là haut » Albert Dupontel signe son film le plus ambitieux, maîtrisé et fédérateur. Le plaisir du spectateur est continu devant un spectacle émouvant , de qualité et ne reniant ni le roman ni la personnalité de Dupontel . Il vient grossir les rangs des « incontournables » des films ayant traité la guerre 14-18 comme « Les sentiers de la gloire » de Kubrick  ou  « La chambre des officiers » de Dupeyron. c’est de ce niveau même si la guerre n’est que le point de départ d’une histoire humaine et familiale .A voir absolument !

Synthèse des questions réponses et des précisions apportées par Dupontel , au débit de parole rapide, détaillé et passionné à la fin de la séance :

Pierre Le maître n’a pas été intrusif , il n’a pas eu besoin de jouer les garde-fous face à la folie présumée de Dupontel et son « attachement » préalable dans sa filmo au « cartoon social »

L’hôtel Péricourt est un vrai hôtel particulier, pas de fonds vert utilisé pour le bâtiment, c’est une ancienne demeure de Dassault.

« On a utilisé la trichromie, on a beaucoup truqué  » L’idée était de camoufler les effets spéciaux . C’est du vrai terreau qui a été utilisé pour les explosions ! Les chevaux morts ont recréés numériquement. Le lieu de tournage principal est Vexin , ville du Nord Ouest.

« Pour le rôle de Pradelle , je cherchais un « Vittorio Gassman » jeune. La force de Laurent Lafitte est qu’il jubilait à incarner un monstre  » Laffite s’est amusé , il a improvisé certains gestes et insisté pour que certains scènes « odieuses » soient conservées ! Je voulais aussi quelqu’un venant de la comédie.

 » Niels (Arestrup) , même s’il paraît froid, est un monstre d’émotion » La fameuse scène de retrouvailles , il a vécu la scène , il s’est fissuré, sa voix s’est cassée… »

Pour Nahuel Perez Biscayart , je l’ai fait danser ! « C’est un corps et des yeux » Il a aussi une vraie sensibilité et ce sont ses mains il a fait les beaux arts .

Pour Albert Dupontel , Mayard a un côté névrotique. « En regardant Laurent , Niels je me regardais à travers 4 yeux » . pour Emilie Dequenne , elle a des gestes tendres pour dire à Pradelle qu’il n’était qu’un étalon. « C’était tous des premiers choix »

Pour la gamine, Louise , je cherchais une petite « Jackie Coogan » l’enfant dans « The Kid » Elle m’a dit « J’aime chanter et…elle chante très mal ! » Cet entêtement de continuer c’était parfait.Il ya eu quelques impros aussi.

« Tout s’est bien passé avec Pathé et Gaumont » Le fimm a coûté 16 millions d’€uros. « ça a été facile : 18 mois de story board, 13 versions de scénarios , je prépare beaucoup » Deux jours de dépassement . Cette histoire est fondatrice.

ATTENTION SPOILER :

« la rencontre père-fils c’est un père qui dit « Je vous ai mal aimé » C’est une scène que voulait vraiment Dupontel. Edouard Péricourt est au centre face çà un artiste radical qui se suicide . rejet de la culture du père par le fils . J’avais aussie envie que Mayard s’en sorte .

Christophe Julien compositeur du film  a un sens de la mélodie On voulait aussi  Ennio Morricone (Merlin) et Nino Rotta (la danse des masques).

Il y a aussi des références au dadaïsme, à la pissotière de Duchamp.

Le bouquin faisait 600 pages et le fil rouge devait être le monument aux morts qui apparaît plus tard dans le roman. L’idée c’est qu’on est passé de 2H05 à 1H52 au final après une projection test « déguisée » . On a dit qu’on ferait une master class et finalement on a montré le film en cours de montage !

Dupontel a été interpelé sur le potentiel « Césars  » du film et il a dit que ce n’était pas sa motivation et que l’idée de compétition ne l’intéressait pas plus que ça !

A successfull adaptation of a big novel !

Scénario
Réalisation
Interprétation
Musique
The beginning is the end of the first world war in Europe and especially in France for two guys .One of them is a son of a business tycoon but his face disfigured, it's a broken mouth. It's also a scam story. The story is really well kept, the story is fluid and the characters are really incarnated on the screen with accuracy! It's full of ideas! Albert Dupontel, french director and actor, adapted with a great talent the novel, Prix Goncourt, by Pierre Lemaître. Dupontel director multiplies the shots, the zooms, his Cinema is visually generous. "A plan out of four of the film is rigged," Dupontel said. "Goodbye up there" also has a burlesque side (the mask of the lion with the banknotes) and whistleblower (war, crazy money, debauchery ...). With "Au revoir là haut" Albert Dupontel signs his most ambitious, mastered and unifying film. The pleasure of the spectator is continuous in front of a moving spectacle of quality and not denying neither the novel nor the personality of Dupontel. All the cast is good , Laurent Laffite and Niels Arestrup are very great ! Try it , must see !
A real Good movie inventive and moving
Category: Avis Cinefeel

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