« Le Fidèle » de Mickaël R Roskam

04/11/2017 14:57

« Le Fidèle » de Mickaël R Roskam avec Matthias Schoenaerts, Adèle Exarchopoulos, Kerem Can, Jean Benoît Ugueux… Sortie Cinéma le 1er Novembre 2017

Scène d’ouverture de nuit un jeune garçon Gino s’extirpe d’une maison en passant des grillages en s’égratignant la peau , un père gros et gueulard dit « Je vais lâcher les chiens » (apparemment méchants et aux aboiements agressifs), des flics aux alentours… Puis on passe à une course automobile à Yokoama . Mickaël R Roskam vient de poser les bases de son film , quand deux univers diamétralement opposés et deux être si différents vont se rencontrer et vivre une passion amoureuse presque indestructible . Gino dit Gigi est un truand , habile en tchach et braquage organisé . Benédicte dit Bibi (Adèle Exarchopoulos) est une fille de bonne famille et une pilote de course . Forcément , pour séduire sa belle , Gino (Matthias Schoenaerts) va devoir gruger, dissimuler sa vraie activité  en la maquillant en business « import /export » de voitures. Mais la jeune héroïne va peu à peu succomber au charme désarmant de ce « voyou sincère » , lui même chamboulé par cet amour brûlant . La rédemption est elle possible ? Le destin sera t-il clément ?

Ce qui frappe le plus dans le film c’est l’esthétisme visuel , proche des meilleurs productions américaines . Michaël R Roskam ne s’en cache pas , réalisateur belge c’est bien le Cinéma US d’action et le cinéma français qui sont les deux influences duales du film. La réalisation est nerveuse (les différents plans axés sur les voitures et la vitesse) . Si « Le Fidèle » a effectivement une double dimension , le travail sur les couleurs est vraiment éclatant . le réalisateur a demandé au chef opérateur de magnifier les couleurs vives pour Bénédicte en course par exemple. Quand il la filme avec sa combinaison  dans les paddocks , elle illumine l’écran comme aussi un soleil dans la vie « nocturne et noire  » de Gino.

Les scènes d’action sont vraiment très réussies et on peut dire que les deux scènes de braquage s’élèvent au niveau d’un Michaël Mann appuyées par une musique saccadée , anxiogène et tendue. On avait pas vu une telle maîtrise à l’écran lors de scènes de hold-up depuis « Heat ».  Les masques cagoules et les voix trafiquées façon « Humungus » (Mad Max Road warrior) , la mise en scène spectaculaire du braquage via un semi remorque sont de vrais parti-pris scénaristiques percutants et retranscris avec une force visuellement bluffante et jouissive. Le directeur de la photographie Nicolas Karakatsanis a fait un gros travail sur l’ambiance nocturne, les jeux d’ombres autour des visages et des lieux accentuant le côté sombre du film.

Côté scénario Thomas Bideguain (« Le Prophète »/ « De rouille et d’os » /Dheepan et réalisateur de « Les Cowboys ») & Noé Debré ( « La résistance de l’air » / « Les Cowboys » / Dheepan / « La crème de la crème ») collaborent avec Mickaël R Roskam à l’écriture. Ils apportent aussi , surtout Bideguain, une noirceur propre au cinéma d’Audiard. Roskam introduit aussi des dialogues en flamand , pour bien ancrer cette histoire en Belgique .

Quand le grand banditisme rencontre l’Amour . Tel pourrait être le sous titre de « Le Fidèle ». Le film est un polar mais jumelé avec un mélo-drame, une histoire d’amour passionnelle, contrariée et jusqu’au-boutiste.  

Il fallait deux interprètes plein de fougue et de présence à l’écran pour servir cet écrin .    Matthias Schondaerts excelle en chien fou assagi par l’Amour , en tête brûlée sensible et violent. Son charme animal fait mouche . Cela rappelle d’autres prestations bestiales et physiques (« De rouille et d’os » ou « Bullhead » ) mais ici matinée de charme . Adèle Exarchopoulos (découverte dans « La vie d’Adèle ») campe avec un mélange de juvénilité et d’autorité une femme amoureuse et vaillante . D’ailleurs sa photogénie transpire lors des scènes de courses automobiles où visuellement elle semble sortie d’une BD à la Michel Vaillant version féminine en combinaison de course , lunettes noires et coupe au carré . Son personnage raisonnable subit puis va essayer de canaliser la fougue de son amoureux jusqu’à « embrasser » les us et coutumes du milieu pour le sauver.

L’aspect mélo ne prend pas le dessus sur un épilogue violent et inéluctable. L’ADN du film est la noirceur , malgré quelques moments d’embellie et c’est aussi ce choix final qui permet au film de garder sa cohérence, son identité et son impact teintés de désespérance. « Le Fidèle » a des parfums des films à l’ancienne matinée d’une efficacité redoutable , une sorte de « Melville moderne » sous influences US.

La Belgique a envoyé « Le Fidèle » à la pré-sélection pour « la course finale » aux Oscars 2018 catégorie Meilleur film étranger .

A Love Affair among mobsters !

Scénario
Réalisation
Interprétation
Musique
A love story between a girl from a good family, racing driver and a mobster. What strikes the most in the film is the visual aesthetics, close to the best American productions. If "Le Fidèle" / "The Faithful" has indeed a double dimension , the work on the colors is really bright. the director asked the cinematographer to magnify the bright colors for Bénédicte in the race for example. The action scenes are really very successful and we can say that the two scenes of robbery rise to the level of a Michael Mann supported by jerky music, anxiety and tense. We had not seen such mastery on the screen during scenes of hold-ups since "Heat". Director of photography Nicolas Karakatsanis did a lot of work on the night scene, the shadows around faces and places accentuating the dark side of the film. Thomas Bideguain (The Prophet / Rust and bone/ Dheepan) and Noé Debré The Cow-Boys/ Dheepan) collaborate with Mickaël R Roskam on writing. They also bring, especially Bideguain, a darkness peculiar to the cinema of Audiard. Matthias Schondaerts excels in mad dog, moved by Love, in sensitive and violent head.Adèle Exarchopoulos is a mixture of youthfulness and authority a loving and valiant woman. The actress is also photogenic. The melodramatic aspect does not take over a violent and unavoidable epilogue. It's a great movie.
A visually striking film, dark melody a good movie
Category: Avis Cinefeel

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