« Logan Lucky » de Steven Soderbergh avec Channing Tatum

« Logan Lucky » de Steven Soderbergh avec Channing Tatum, Adam Driver, Daniel Craig , Riley Keough, Kathy Holmes, Katherine Waterston , Hillary Swank… Sortie Cinéma 25 octobre 2017

Quand son ex femme (Kathy Holmes) ayant la garde exclusive de sa fille décide de changer d’Etat ,Jimmy Logan (Channing Tatum) , fraîchement viré, sent que sa « trajectoire de vie » est bel et bien foireuse et que pour réorienter le destin , il va falloir s’employer . Jimmy semble ne pas avoir eu de chance , espoir du lycée en tant que quaterback , il traîne une patte folle, vestige encombrant de sa gloire éphémère passée. Ce passage d’un Etat voisin à l’autre , de la Caroline du Nord à la Virginie occidentale va apparaître symboliquement comme un franchissement de ligne ! Quand il décide de monter un casse « familial » lié à la plus grande course de voiture de stockcar , va -t-il devenir un chanceux , un « Logan lucky » ou rester un looser pérenne ?

Rassurez vous , pour son retour après 4 ans d’absence et de « pseudo -retraite » , Soderbergh n’a pas choisi l’angle du drame ou du film expérimental , bien au contraire ! Ce qui prédomine comme sentiment c’est l’amusement , le ressenti de retrouver la fraîcheur des débuts tout en jouant la carte de l’humour décalé .

Soderbergh se pose en « rookie » et « outsider agrégé » avec son expérience de réalisateur chevronné à la filmo impressionnante (« Traffic » « Erin Brockovich » « Ocean’s eleven » « Hors d’atteinte » « Contagion » « Ma vie avec Liberace » …) . Il s’aventure du côté de la lower class US : Jimmy est un ouvrier de chantier, son frère Clyde (Adam driver) est barman et sa soeur Mellie est coiffeuse dans un petit salon. C’est l’anti « Ocean’s eleven » , pas de mise en scène sophistiquée ou de musique jazzy , pour autant c’est bien un film de casse , de braquage .

Les instigateurs sont plus proches des pieds nickelés (« petits bandits sympathiques et chanceux ») de l’Amérique profonde . Mais Soderbergh et sa scénariste rendent attachants « ces péquenauds pur jus et premier degré » agissant sans violence ni méchanceté . Aucune suffisance ou maniérisme dans « Logan lucky » mais plutôt un humour de situation et une galerie de portraits rendent le film vraiment distrayant .

Forcément un des atouts de l’entreprise est le casting réussi et foisonnant . Channing Tatum ne joue pas des pectoraux et en tant que producteur il permet à l’acteur de composer un anti-héros ordinaire 1er degré devant faire face à son choix audacieux avec ses moyens , sa malice et son  organisation. Adam Driver , très loin de l’univers Stars Wars est sobre et minimaliste en acolyte mutique et taciturne un poil à la ramasse. Daniel Craig s’est débarrassé , le temps du film , des oripeaux vestimentaires (tuxedo) et faciaux (expression monolithique) de James Bond . Joe Bang est donc le spécialiste des coffres forts et des braquages qu’il va falloir exfiltrer de prison , le temps du hold-up. Inutile de dire que l’acteur britannique semble lui aussi , prendre beaucoup de plaisir à endosser ce « costume » de malfrat croquignolesque de seconde zone. Son look est au diapason , cheveux peroxydés blond platine et sourire moqueur au lèvres. Riley Keough apporte sa beauté naturelle au rôle de la soeur coiffeuse au centre de l’action. Dans des rôles plus périphériques Kathy Holmes (ex femme) , Katherine Waterston (copine du lycée) et Hillary Swank (agent du FBI) viennent compléter ce cast judicieux.

Soderbergh retrouve ses repères , certains acteurs (Channing Tatum/ Riley Keough) et sûrement l’envie jubilatoire de divertir . Certains ont parlé d’influence ou de cousinage avec les frères Coen , par rapport à l’univers de ces bras cassés . De mon point de vue ce n’est pas si évident et c’est tant mieux !

« Logan lucky » est fluide en termes de narration et de mise en scène , sans artifices superflus, une sorte d’arnaque à l’ancienne presque artisanale à l’époque du tout technologique . C’est aussi  ce charme vintage « à hauteur d’hommes » qui rend le film divertissant avec quelque fois une nonchalance assumée

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