« Hostiles » de Scott Cooper avec Christian Bale , Rosamund Pike

19/03/2018 13:38

« Hostiles » de Scott Cooper avec Christian Bale, Rosamund Pike, Wes Study ,  Ben Foster, Rory Cochrane, Jesse Plemmons , Stephen Lang, Peter Mullan, Timothée Chalamet…Sortie Cinéma le 14 mars 2018

1892 l’Ouest américain, le capitaine Joseph Bloker (Christian Bale) est une tunique bleue, un vétéran de l’armée ayant connu les affrontements continus et sanglants avec les indiens. Sa réputation de meneur d’hommes sans sentimentalisme apparent cache des fêlures profondes .  « Les héros sont fatigués ». Cet officier à la fois obéissant et retord, aux allures bourrues et  introverties, doit lors de sa dernière mission , avant sa retraite anticipée, conduire le chef indien apache « Yellow Hawk » (Wes Studi) en fin de vie , ennemi juré,jusqu’au Montana afin de reposer sur la terre de ses ancêtres . Ce voyage initiatique et douloureux va s’avérer aussi dangereux que prévu . Les rencontres « hostiles » vont se multiplier (comanches, trappeurs, propriétaires terriens, soldat assassin à escorter…) avec une exception salvatrice pour Joe , Rosalie Quaid (Rosamund Pike) jolie veuve, survivante du massacre de sa famille par des indiens . En filigrane la nation américaine va se construire sur des différences, des affrontements et des réconciliations.

Si dès le départ le spectateur accepte le rythme lent, parfois contemplatif, langoureux du film , ce western risque bien de vous envoûter et de vous captiver . Car Scott Cooper va nous proposer une traversée mouvementée et introspective de l’Ouest , le vrai , le « FarWest » ! La tonalité de « Hostiles » est multi-dimensionnelle. C’est à la fois rugueux, âpre, aride, minimaliste et immersif .

Le travail sur la photo de Masanobu Takaynagi est vraiment superbe . Il instille plusieurs atmosphères . Sur certains plans naturalistes, les images de forêts, de ces grands espaces, les lumières naturelles, les couleurs sont magnifiées à l’écran . L’ouest est aussi poussiéreux ,rocailleux et donc hostile . Tout n’est pas blanc ou noir et  la pénombre , les éclairages intimistes sont tout aussi splendides, reflétant aussi les zones d’ombre des personnages .Le dialogue en clair obscur entre le capitaine et son fidèle sergent chef , tous deux épuisés par des années de guerre et de compagnonnage d' »horreur et de massacres » , prend des accents picturaux.

C’est aussi une oeuvre humaniste avec ce portrait d’un soldat revenu de ses années d’agissements cruels (« vous avez fait plus de scalps que Sitting Bull… ») , au « passé génocidaire », témoin aussi des dommages collatéraux dans chaque camp . Il va , par ce périple qu’il subit , l’ordre d’escorter à bon port un ancien adversaire coriace et détesté au début , aller vers cette rédemption à laquelle il aspire . Cet homme dur va aussi montrer son attachement viscéral à ses hommes et sa sollicitude sincère envers une femme courageuse et meurtrie, vecteur possible vers une autre « nouvelle » Vie.

Christian Bale a le charisme et l’étoffe nécessaire pour incarner « ce briscard brut » à la carapace en passe de se craqueler et donner toute la mesure de l’évolution de son personnage . Rosamund Pike ne fait pas du tout de la figuration . Elle incarne avec justesse et subtilité une mère et une épouse , tout d’abord désorientée et marquée à vie par le drame . Elle sera ensuite cette femme courageuse, intelligente ,déterminée (le regard quand elle toise le pendu comanche),sachant faire preuve de compassion et aussi de force de caractère face aux dangers constants qui vont la guetter.L’actrice britannique compose avec justesse cette miss Quaid, d’abord victime flirtant avec la folie et femme forte en quête de reconstruction  , sûrement le meilleur rôle, en termes de « spectre de jeu » depuis « Gone Girl » (2014) .

« Hostiles » a un côté désabusé , une mélancolie, une désespérance lucide anime les personnages , donnant aussi ce caractère authentique au film .De plus les passages en dialecte indien accentue le côté « roots » et la véracité du propos .

Scott Copper (« Out of the furnace »-« Les Brasiers de la colère / « Strictly Criminal) se place, ici,  en digne héritier de Cimino (la nature, les grands espaces, la naissance d’une nation hétéroclite…) et du Cinéma de John Ford (filiation revendiquée par le réalisateur de « The Deer Hunter » et de « The Heven’s Gate ») . En tout cas ce vrai cinéaste nous offre un voyage introspectif , crépusculaire, rude et poussiéreux comme l’Ouest sauvage américain . D’ailleurs il ne nous prend pas en traître , car la première image du film est une citation de DH Lawrence sur l’âme américaine. Il la définit « par essence » comme « dure, solitaire, stoïque, une âme de tueur… »

« Hostiles » est un grand film , renouant avec un genre moribond, le Western,  mais réussissant à capter une certaine tradition et à imposer un point de vue original, sans concessions et cru de l’Ouest américain . 

PS A noter pour les fans de Timothée Chalamet (à gauche sur la photo) , le jeune acteur franco-américain nommé à l’oscar pour  « Call me by your name » fait une petite apparition plus proche de la panouille anecdotique !

 

A rough and realistic western , a success !

Scénario
Réalisation
Interprétation
Musique
1892 US West, Captain Joseph Bloker (Christian Bale) is a blue tunic, a veteran of the army who experienced continuous and bloody clashes with the Indians. His reputation as a leader of men without apparent sentimentalism hides deep cracks. "The heroes are tired". This officer, at once obedient and twisted, with a gruff and introverted look, must, during his last mission, before his early retirement, lead the Apache Indian chief "Yellow Hawk"(Wes Studi) end of life, sworn enemy, to Montana to rest on the land of his ancestors. If from the outset the viewer accepts the slow, sometimes contemplative, languorous of the film, this western is likely to captivate you and captivate you. Christian Bale has the charisma and the necessary stuff to embody "this crude briscard" to the carapace in the process of cracking and giving full measure of the evolution of his character. Rosamund Pike does not do figuration at all. She embodies with justice and subtlety a mother and a wife, at first disoriented and marked for life by the drama. She will then be this brave woman, intelligent, determined (the look when she sees the hangman comanche), knowing to show compassion and also of strength of character faced with the constant dangers which will watch for it. The British actress correctly composes this Miss Quaid, first victim flirting with the madness and strong woman in search of reconstruction, surely the best role, in terms of "Spectrum of Play" since "Gone Girl" (2014). "Hostiles" has a disillusioned side, a melancholy, a lucid despair animates the characters, giving also this authentic character to the film. Scott Copper places himself as worthy heir of Cimino (nature, open spaces, the birth of a motley nation ...) and John Ford's Cinema. "Hostiles" is a great film with an original point of view, without concessions and vintage of the American West.
A very good movie ! An immersive and naturalistic journey !
Category: Avis Cinefeel

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