« Mother » de Darren Aronofsky avec Jennifer Lawrence

17/09/2017 10:48

« Mother » de Darren Aronofsky avec Jennifer Lawrence , Javier Bardem, Michelle Pfeiffer, Ed Harris, Kirsten Wiig … Vu en AVP le Lundi 11 septembre 2017 Sortie Cinéma Mercredi 13 septembre 2017

Certains films , à défaut d’une vraie attente , créent un sentiment intrigant de curiosité et d’intérêt . « Mother » fait partie de ces spécimens avec des à priori suscitant au minima la curiosité : une bande annonce angoissante, un cousinage relevé par certains  au niveau de l’affiche avec « Rosemary’s baby » (1968) le « classic » sulfureux de Polanski , une musique au diapason aux violons psychotiques, Jennifer Lawrence apeurée et Darren Arronofsky, cinéaste doué au style rêche et désarçonnant  à la manœuvre !

Ces débuts de promesse vont ils être tenus ?

Une femme brûle , une maison renaît à la Vie , une jeune femme à la silhouette sculpturale (Jennifer Lawrence ) se réveille et va ouvrir la porte. La lumière, à travers sa nuisette, laisse deviner ses formes avantageuses , elle scrute l’horizon . Son mari, plus âgé, est écrivain en panne d’inspiration et cherche , paradoxalement le contact extérieur. Elle préfère la vie à deux dans cette maison qu’elle a retapé . Un invité non prévu , premier intrus d’une liste croissante va troubler ce havre de paix si désiré par la jeune femme ! Mais cette héroïne soumise , au teint de porcelaine , est-elle si équilibrée ? Son mari si aimant est-il si bien intentionné ? Les fêlures du couple vont elles exploser au grand jour ? N’est-elle pas le jouet d’un processus « diabolique » ?

Aronofsky réalisateur n’est pas un manchot c’est un fait ! Sa caméra est fluide, il multiplie les close up (gros plans) sur le visage juvénile d’une Jennifer Lawrence perturbée et à fleur de peau. Le réalisateur instille une atmosphère inquiétante dans sa façon de filmer . Cette qualité est intacte . La tension est palpable et amplifiée par des éléments scénaristiques savamment dosés : la maison devient quasi organique, l’héroïne a des failles psychologiques et un équilibre psychique fragile (hallucinations « réprimées » par une potion), les invités « surprise »  sont de plus en plus inquiétants et intrusifs (Michele Pfeiffer réussit sa composition et on est ravie de la retrouver en « sans gêne toxique » )…

Donc cette montée crescendo va nous amener vers  …l’indicible *

*quelque chose qu’on ne saurait exprimer : une peur indicible

Et c’est là où le bat blesse. « Mother » se présente comme un thriller horrifique psychologique mais ne respecte pas les codes au niveau dénouement ; c’est ce qui fera emporter l’adhésion , chez certains et le rejet chez d’autres. Si le film suscite forcément la réflexion post projection et a un « capital interprétatif » intéressant il tombe dans l’excès et la facilité de mon point de vue.

Aronofsky glisse doucement vers le WTF « What the Fuck » , une sorte de chaos assumé mais forcément déconcertant pour le spectateur . Comme si le réalisateur profitait de son crédit (« Black Swan » a été un succès public et critique) pour explorer ses propres limites de « créateur »  ! Car là où on supputait une sorte de phobie mentale du personnage féminin ,se dessine une sorte allégorie du démon de la création artistique et de ses folies adjacentes (les dérives et les effets pervers de la célébrité dans une société médiatique et institutionnelle glissant vers la dictature…)

Mais pour « poser » cette simple parabole , Aronofsky magnifie le personnage de Jennifer Lawrence, tout en la déstructurant « physiquement » pour arriver à une hystérie pas très fédératrice ! « Mother » sombre dans un digression formelle radicale du récit et un chaos visuel proche du foutoir artistique.

Questionnement « existentiel » : Est ce que la régénérescence créatrice passe par le sacrifice de sa muse ? « Mother » apparaît comme un film bancal , intrigant , certes, mais au final terriblement vain même si la forme en bousculant les spectateurs ne peut pas être taxée d’académique !

Jennifer Lawrence prouve qu’elle est une actrice hors pair , s’abandonnant corps et « âme » (?) au projet . Pas épargnée par le personnage , elle s’en sort miraculeusement avec cette « Mother » incandescente ! 

Javier Bardem a un côté « taureau » manquant cruellement de charisme et un « regard bovin » parfois ambivalent . « Mother » a le mérite de tenter un exercice de style mais en accentuant le côté paroxystique (sur la scène de chaos durant au moins 20 minutes on pense à du Zulawski , c’est dire !) il risque de perdre définitivement son spectateur devant l’inanité du propos et un style « pompier » un peu trop défouloir !

Aronofsky , par son audace apparente semble faire un bras d’honneur aux executive des studios mais risque par son aspect « révulsif » aussi de « brûler » l’intérêt de son auditoire avec cet autodafé assumé de son propre scénario !

N’hésitez pas, néanmoins, à vous faire votre propre idée, si vous avez gardé l’âme d’un « cinéphile-explorateur » mais au moins vous êtes prévenus ! Certain(e)s ont vu aussi une allusion biblique dans le propos du film ; pas si déconnant , les personnages n’ayant pas de prénoms et de noms et le réalisateur a déjà abordé la métaphysique, le mysticisme et la religion via l’indigeste « Noé » (2014). Néanmoins cette approche ne m’a pas paru si pertinente mais Aronofsky …

NB la musique qu’on entend dans la bande annonce est ABSENTE dans le film ! C’est dommage car les violons stridents et schizophrènes auraient pu faciliter l’adhésion au film et accentuer son errance psychotique !

Avis Cinefeel AUDIO

Le film a divisé comme l’a posté Darren Aronofsky sur son compte Twitter en révélant une affiche « Yin and Yang  » (2 opposés qui forment un TOUT ) des critiques US :

It is an intriguing film out of standard revulsive

Scénario
Réalisation
Interprétation
Musique
Aronofsky director is not a rookie it is a fact! His camera is fluid, he multiplies the close up on the juvenile face of a Jennifer Lawrence perturbed and skinned. The director instils a disturbing atmosphere in his way of filming. This quality is intact. The tension is palpable and amplified by skillful scenarios: the house becomes almost organic, the heroine has psychological flaws and a fragile psychic balance (hallucinations "repressed" by a potion), the guests "surprise" are increasing more disturbing and intrusive (Michele Pfeiffer succeeds her composition and we are delighted to find her in "without toxic discomfort") ... Aronofsky slips gently to the WTF "What the Fuck", a kind of chaos assumed but necessarily disconcerting for the viewer. As if the director took advantage of his credit ("Black Swan" was a public and critical success) to explore its own limits of "creator"! For where a sort of mental phobia of the female character was supposed to be, there is a sort of allegory of the demon of artistic creation and its adjacent follies. But to "pose" this simple parable, Aronofsky magnifies the character of Jennifer Lawrence, while destructuring it "physically" to arrive at a hysteria not very federating! "Mother" sinks in a radical formal digression of the narrative and a visual chaos close to the artistic foutoir. Jennifer Lawrence is a great actress but the movie can appear a little bit outrageous and vain ! If you are curious and film enthusiast you can try ...
A radical film not for a big familial audience !
Category: Avis Cinefeel

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