Under the skin de Johnatan Glazer avec Scarlett Johansson

10/02/2017 18:55

Un célèbre site de news Cinéma définit en 2 lignes Under The Skin :

Avertissement : des scènes, des propos ou des images peuvent heurter la sensibilité des spectateurs 

Une extraterrestre arrive sur Terre pour séduire des hommes avant de les faire disparaître.

 

Le pitch peut effectivement se résumer en une  ligne (la précédente) mais cet ovni cinématographique est aussi un  « susciteur des réactions et de sentiments » !

Affiche Unkin

La scène du générique de début est une parfaite synthèse de ce que va être la couleur, « l’humeur » dans le sens de sentir, du film.

Pas de musique, un fond noir qui « s’étire » dans le temps, qui dure, laissant le temps au spectateur de s’interroger sur la signification de cette obscurité insistante. Un petit point lumineux apparaît, une musique inquiétante intervient et il se transforme en une sorte d’insecte membraneux blanc. Un faisceau s’empare de l’écran. La musique est répétitive et anxiogène. Le halo double, puis triple de volume comme un ovule  « naissant » ou une forme « cerclée » ressemblant à une planète, un langage incompréhensible accompagne l’image. Un cercle noir apparait, un anneau blanc intérieur se rétrécit laissant apparaitre un œil humain comme une prise de possession après un compte à rebours virtuel !

En quelques secondes, Glazer a posé la forme de son récit, sa faculté à suggérer et  de laisser le spectateur décrypter à sa manière, la venue et le voyage initiatique de  cette  alien et son appréhension de l’humanité à travers ses rencontres avec les Hommes.

L’extraterrestre, jouée par Scarlett Johansson, prend une camionnette et va arpenter les routes à la recherche de ses proies faciles, les hommes esseulés. Au début il n’y a quasi pas de dialogue et un gros travail sur le son est réalisé.

Certains diront que ce film aux allures d’œuvre expérimentale est une invitation sensorielle à l’errance d’un être et à son appréhension d’un monde nouveau.

Ecosse Under the Skin

Johnatan Glazer  a choisi l’Ecosse et ses paysages brumeux, gris, pluvieux voir tristes pour accentuer le côté inquiétant (Scarlett joue de ses charmes pour absorber et engloutir dans un magma noir telle une mante religieuse, la « matière humaine » de ses prétendants), désenchanté (le caractère « ville ouvrière » est accentué ainsi que la désespérance de certaines victimes notamment le personnage atteint de dégénération physique) !

La photo est sciemment « mat », le lumineux et la brillance sont volontairement absents pour faire écho à la noirceur « constitutive » de l’alien !

Scarlett Johansson campe une sorte de Jessica Rabbit gothique, une veuve noire grunge (jupe moulante, bas résilles, hauts talons …) à la fois mutique et engageante, une baby doll en négatif (rouge à lèvre prononcé, brune, fourrure, jeans) belliqueuse dans un premier temps puis troublée et  intriguée par la nature humaine.

Brune Scarlett

Johnatan Glazer ne semble pas connaître le sens du mot rythme car le film est indolent, prend son temps (quelques fois un peu trop).

Bon nombre d’adjectifs pourraient le définir : sensoriel, étrange, interprétatif, un côté « brut-docu », expérimental, space, contemplatif, underground, incongru, insolite, interrogatif singulier…

Scarlett Johansson après avoir joué de sa voix dans « Her », donne de son corps dans « Under the Skin », arme de séduction morbide et fatale,  en apportant une sensualité « neutre » et tentatrice à son personnage d’extraterrestre .

Scarlett Under the Skin

« Under the skin »  se présente comme un voyage initiatique au style épuré, intimiste, avec une facture globale anti conformiste. Glazer assume ses choix volontairement dépouillés mais parfois superflus et flirtant avec l’artifice vain .Par exemple, les scènes des gens déambulant dans la rue ont été tournées à leur insu , ce côté « authentique » pour mieux retranscrire le sentiment de l’alien, au volant de sa camionnette, découvrant le genre humain dans sa diversité n’apporte pas forcément le « plus attendu » .

La lenteur « imposée », caractéristique déjà présente dans le précédent film de Glazer « Birth » (plus chiadé visuellement mais tout aussi « étiré » sur la longueur) peut être un frein à l’adhésion du spectateur.

« Under the skin » ne fera pas l’unanimité, c’est un fait, tout dépend de l’état d’esprit   dans lequel sera le spectateur à  sa vision ! Le film apparaît quand même à contre-courant des standards cinématographiques classiques et  plus proche de certaines « oeuvres d’art moderne filmiques » présentes en mode court métrages dans les musées.

Certains crieront à l’escroquerie prétentieuse d’autres à une redéfinition visionnaire du genre, mon sentiment se situe entre les deux ! En tout cas le film ne laissera pas indifférent, faisant penser quelques fois à l’univers de Kubrick (sur le côté interrogation) et finalement loin du cinéma de Lynch auquel la bande annonce faisait croire à un cousinage (le personnage au visage déformé, le mystérieux acolyte motard )

Glazer livre un cinéma exigeant immersif avec quelques vraies scènes réussies (le « départ » de son enveloppe charnelle à la fin par ex), captivant par moments et avec un rythme indolent qui au final peut exclure plus que fédérer ! Un plaisir singulier , brut, cérébral et peut être élitiste !  Etes-vous prêt(e)s ?

Experimental life !

Scénario
Réalisation
Interprétation
Musique
An initiatory journey with a refined, intimate style, with an overall anti-conformist style. Many adjectives could define it: sensorial, strange, interpretative, a side "brut-docu", experimental, space, contemplative, underground, incongruous, unusual, interrogative singular ...Some will shout at the pretentious fraud of others to a visionary redefinition of the genre, my feeling lies between the two ! 2 thing to discover the movie : not tired and "open mind" !
Category: Pépites

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