« La fille au bracelet » de Stéphane Demoustier avec Melissa Guers , Roschdy Zem, Anaïs Demoustier , Chiara Mastroianni … Sortie Cinéma le 12 Février 2020
Flora , la meilleure amie de Lise Bataille , est retrouvée poignardée de 7 coups de couteaux . Lise est la principale suspecte ayant passé la nuit avec la jeune victime . Elle a déjà fait 6 mois de préventive , elle avait 16 ans bientôt 17 à l’époque des faits . Elle a 18 ans , est assignée à résidence , porte donc un bracelet électronique et son procès va se dérouler sous nos yeux . La famille est forcément impactée , le père , la mère , le petit frère . La personnalité de l’accusée va s’avérer assez déstabilisante pour les parents . Leur fille « collectionneuse d’aventures » est elle vraiment impliquée dans le meurtre de sa meilleure amie ?
Cette question sous entend une idée de suspense voir de thriller en insistant sur son origine , to thril çàd « frissonner » ! En fait il n’en est rien , le partis pris de Stéphane Demoustier est de son propre aveu de mettre le spectateur dans la peau d’un juré et donc de ressentir une « intime conviction » . Mais pour cela le réalisateur a choisit le mode docu-fiction , proche de la réalité des prétoires et avec une dimension minimaliste . Les maîtres mots sont la recherche de la véracité , la rigueur du Droit , les arguments sans effets de manches avec les numéros de pièces du dossier cités. Le cinéaste , au tout début, filme la mère (Chiara Mastroianni) de très loin comme pour montrer le manque de proximité avec sa fille et sa distanciation.
Le film a un côté ascète et rêche en étant très formaliste dans les réquisitoires et dépouillé au niveau du quotidien de la jeune fille et ses rapports avec ses parents ! Du coup l’adhésion au film et à son propos est fluctuante , on est pas happé ni tenu en haleine , ça peut paraître long parfois . Ce côté film de procès au plus près de la réalité fait penser à Depardon , Tavernier voir à certains films de procès français des années 50. Bien sûr le doute plane avec par exemple le plan insistant de Lise dans le rétroviseur intérieur de la voiture, sur son visage quasi mutique et jusqu’au geste final qu’elle fait après la sentence source d’interprétation . On suggère au spectateur de prendre parti .
Anaïs Demoustier est particulièrement « performante »& étonnante en avocate générale « revêche » et au taquet dans ses réquisitoires sans états d’âmes et sans pitié . Melissa Guers arrive à instiller un sentiment indécis quand à sa culpabilité alternant les comportements immatures & irresponsables et une tirade finale emprunte d’émotion sincère ou feinte . Roschdy Zem est très sobre en père attentif , aimant & perturbé.
La captation du quotidien devient vite monotone même si on a bien compris que l’intention du film était ailleurs et ne voulait pas instiller ce suspense , comme l’avait fait par exemple « Jusqu’à la garde » sur un autre sujet « judiciaire » et social .
Le réalisateur a déclaré : « J’ai construit le scénario autour du mystère que représente à mes yeux cette jeune femme. C’est bien sûr ce qui m’intéressait. A travers ce portrait en creux, je voulais parler de la famille ».
« On a toujours l’impression de connaître ses enfants mais l’évidence apparaît inéluctablement: ce sont des êtres autonomes qui nous échappent de plus en plus ».
Cette volonté exacerbée de coller au plus juste à la réalité en faisant quasiment un Cinéma « clinique » au niveau judiciaire & presque banal sur le plan familial donne au film un côté « étriqué » à mes yeux comme l’incrustation des acteurs en tout petit dans le générique de fin . Votre adhésion dépendra de vos attentes et de votre sensibilité .