« Jojo Rabbit » de Taïka Waititi avec Roman Griffin Davies , Thomasin McKenzie , Scarlett Johansson, Sam Rockwell , Taïka Waititi , Rebel Wilson … Sortie Cinéma le 29 janvier 2020 / DVD Blu Ray dispo depuis juin 2020
En 1945 une petite tête blonde dénommée Johannes Betzler est un petit garçon de 10 ans plein d’entrain et d’enthousiasme à l’idée d’aller s’entraîner dans un camp de jeunesse hitlérienne . Notre nazillon en herbe va vite se rendre compte , qu’au delà des « merveilleux » idéaux de propagande , il va falloir agir aussi en conséquence . Incapable de tuer un lapin à main nues le gamin va se voir affubler le sobriquet peu glorieux de « Jojo Rabbit ». Et si malgré le connivence qu’il a avec son ami imaginaire qui n’est autre qu’Hitler himself en « fürher frappadingue et confident » , il n’était finalement pas fait pour épouser le National-Socialisme ?!! Cette impression va peu à peu faire son chemin quand il découvre que sa mère cache au grenier une jeune fille juive Eva . La méfiance mutuelle va peu à peu faire place à la complicité et une certaine forme d’affection.
Le sujet tiré d’un livre de Christine Leunens « Le ciel en cage » pouvait être vraiment « casse-gueule » . Et c’est là que Taïka Waititi a fait un choix audacieux & gonflé . Le premier tiers du film est dans le registre de la farce , du burlesque avec un Hitler grotesque , un Jojo insouciant et une tonalité proche de la BD très colorée . On se dit qu’on est dans une comédie pure plus proche d’un Mel Brooks que d’un Roberto Benigni ! L’univers fait penser aussi à du Wes Anderson version « Moonrise Kingdom » . C’est un peu répétitif et quand on croit qu’on va décrocher , la tonalité change . Car peu à peu ce sentiment de « satire bordélique farfelue » se dilue devant le récit qui se tend et l’arrivée de la jeune juive « hébergée clandestinement » , la gestapo qui rôde & la situation qui s’obscurcit . Waïtiti arrive à faire monter l’émotion graduellement tant au niveau de la prise du conscience du jeune protagoniste que de l’environnement qui devient dangereux .
Le fait aussi qu’on adhère à cette histoire est le choix judicieux des acteurs pour les personnages centraux et aussi la justesse de ceux plus périphériques . Roma Griffin Davies (Jojo) évite le cabotinage et sa tête d’ange naïve & « conditionnée » est le parfait vecteur pour « attraper le spectateur » et assister à sa « mue affective » à l’écran . Thomasin McKenzie en Eva est aussi simple et convaincante. On pense forcément à la référence au « journal d’Anne Franck » . Scarlett Johansson a été nommée à l’Oscar de la meilleure actrice dans un second rôle (Best supporting atress) . C’est un peu flatteur car son rôle est assez sobre . Cela a le mérite de la voir « Hors Marvel » dans un film ambitieux , poétique et touchant . A noter aussi la composition « pertinente » de Sam Rockwell en Capitaine instructeur au grand cœur, décalé, distancié & le petit Yorky (Archie Yates) , camarade de jeu de Jojo à la bonhommie proche de la BD .
C’est donc une bonne surprise que ce « Jojo Rabbit » à la tonalité à la fois désarçonnante & provoquant l’adhésion sur la durée. C’est aussi la force de cette histoire dans l’Histoire & cette idée de prise de conscience du petit protagoniste face aux évènements personnels le guidant vers la clairvoyance et une certaine forme de rédemption le dirigeant précocement presque vers un âge adulte .
Taïka Waititi avait déjà dynamité le mythe d’un super-héros Marvel avec « Thor Ragnakor » ici il signe une fable humaniste décalée à l’humour parfois absurde mais lorgnant en direction de classics comme « To be or not be » de Lubitsch ou « Le dictateur » de Chaplin . Le film a reçu l’Oscar de la Meilleure Adaptation . A Découvrir .