« Simon et Théodore » de Mickael Buch avec Félix Moati , Niels Othenin Girard, Mélanie Bernier, Audrey Lamy… Sortie Cinéma 15 novembre 2017
Simon (Félix Moati), pas loin de la trentaine, sort d’un court séjour en hôpital psychiatrique suite à des « auto-agressions » . Son instabilité doit être enrayée car il va devenir papa , sa femme , Rivka (Mélanie Bernier ) rabbin de profession ,toujours amoureuse, veut vraiment croire en sa guérison. Cette dernière accompagne un jeune ado insolent et morose , Théodore (Niels Othenin Girard) pour sa barmitsva, en recherche presque maladive d’amour paternel . Ces deux êtres perturbés vont se croiser et déambuler au fil de la nuit , essayant de s’apprivoiser et de construire une sorte de complicité désespérée . La mère de Théodore (Audrey Lamy) va s’inquiéter et rencontrer par la force des choses l’épouse de Simon dont l’accouchement va se précipiter . Cette errance nocturne sera t-elle un moyen pour les 2 protagonistes de faire table rase de leurs failles et se reconstruire ? Y aura -t-il des dommages collatéraux dans leur entourage ou cette escapade improvisée sera t-elle salvatrice ?
« Simon et Théodore » alterne les ambiances malgré le fil directeur de cette rencontre entre deux personnalités « contrariées » . En effet, si la noirceur de la nuit sous tend la trame de l’histoire , quelques rares moments plus légers font leur petit effet.Un morceau de piano plutôt enjoué, au début , nous donne l’impression d’une tonalité à la Woody Allen . Au fil de la narration et des tourments de ces deux êtres à la dérive ou au minima en souffrance c’est plutôt du côté d’un « Cassavetes optimiste » que le film s’oriente. Les plans sont souvent fixes et Mickael Buch est très économe en termes de mouvements de caméra . Le temps est « gris parisien » , l’image froide et l’ensemble est dépouillé comme un parti-pris des auteurs de faire ressentir l’errance psychologique du duo improvisé de « perturbés ». Le rythme est un peu non-chalant dans ce « road-movie urbain » .
Ce qui frappe aussi c’est le manque de moyens dont souffre apparemment l’entreprise. Alors certes ce parcours quasi initiatique ou réparateur est basé sur l’atmosphère et l’interprétation. Sur cet aspect, Mélanie Bernier est rayonnante de présence à l’écran avec ce rôle fort de « rabbine enceinte », responsable et amoureuse, une voix douce et un tempérament décidé . Elle est vraiment trop peu présente sur les écrans . Audrey Lamy confirme, quand à elle , l’étendue de ses capacités . Vraiment drôle dans » Coexister » elle est ici émouvante en mère inquiète et perdue . Félix Moati montre aussi , l’espace de quelques scènes , une vraie épaisseur dramatique , avec son pardessus vissé au corps et ses tourments apparents . Personnellement le choix du gamin est ,à mes yeux , peu convaincant, Niels Othenin Girard n’attirant pas une empathie immédiate avec son physique singulier.
« Simon et Théodore » peut être estampillé « film d’auteur » intimiste oscillant entre deux genres même si c’est plutôt un drame psychologique avec des qualités et des défauts d’un premier film . Et c’est le deuxième long métrage de Mickael Buch . Le sens du Cinéma et la singularité sont bien présents. Les personnages sont bien croqués mais il manque à l’ensemble une fluidité fédératrice permettant une adhésion complète .
A vous de tenter ce voyage inégal dans un Paris nocturne à la découverte d’un quatuor tourmenté mais attachant ! Tout dépendra aussi de votre humeur du moment et de vos attentes.