Le pont entre la série TV et le Cinéma , un exemple réussi : « Penny Dreadful » !
L’œil serait le reflet de l’âme ? !!!
Le terme de « Penny Dreadful » renvoie à des sortes de petits journaux illustrés, romans feuilletons , racontant des histoires macabres, imprimés sur du papier de basse qualité, destinés à la classe ouvrière et très répandus en Angleterre à l’époque victorienne (1830). Ils valaient un penny ! Dreadful signifie : horrible, terrible, redoutable, affreux, monstrueux, passionnant, effrayant…Si l’espace d’un scène ces petits « magazines » sont montrés ; l’adjectif « cheap » ne peut pas être attribué à la série !
La qualité est le maître étalon de cette production Showtime , créée en 2014 et clôturée en 2016 , comptant au compteur 3 saisons haletantes , intrigantes, flippantes , addictives .Certains plans font penser à des scènes de « l’exorciste » de Friedkin , au niveau des éclairages des ruelles, des brumes, , des jeux de lumières. L’ADN de la série n’est pourtant pas l’horreur au sens le plus strict du terme mais bien le romantisme noir et torturé, incarné et habité par Eva Green avec son personnage emblématique , Vanessa Ives . L’actrice prête sa voix , son intonation aristocratique et son jeu « possédé » à cette héroïne cumulant les amours difficiles et les rencontres maléfiques !
L’épisode 1 « Night work » de la saison 1 est un modèle du genre en termes d’exposition de l’intrigue et des personnages. Les ruelles sombres de Londres du XVIII ème siècle sont fidèlement reconstituées et « le climax pesant « , intrigant et sombre nous captive.
« Penny Dreadful » évite les pièges « boursouflés » et too much version « La ligue des gentlemen extraordiniares » , lorgne du côté de « From Hell » du côté reconstitution d’une époque tout en gardant sa spécificité ce qui en fait une série d’épouvante « sociale » de qualité « Cinéma » singulière et addictive.
Elle respecte les codes du genre et innove par ses partis pris de mise en scène, de narration et la qualité de ses interprètes .
Cette atmosphère sombre est le théâtre d’interactions entre Vanessa Ives , personnage pivot et les autres protagonistes . Parmi eux des patronymes bien connus se croisent : des guests « épisodiques » comme Van Helsing (saison 1) , Docteur Jekyll (saison 3), Dracula (saison 3), des sorcières (saison 2 &3)… Mais les personnages récurrents font aussi la force de la série :Viktor Frankenstein (médecin légiste apprenti sorcier) , Dorian Gray ( charmeur à la beauté intemporelle ambigu et cruel) , Sir Macolm (aristocrate aventurier figure paternelle et de référence pour Vanessa) , Ethan Chandler (américain , fin tireur et aux racines indiennes « tendance loup garou ») John Clare (La créature maudite créé par Frankenstein), Sembene (fidèle serviteur noir de Sir Malcom).
Vanessa Ives/Eva green fronce les sourcils et dit « Nous avons tous nos malédictions » et Dorian Gray /Reeve Carney « Nous jouons tous un rôle à la perfection ». On peut le prendre au mot car « Penny dreadful » serait plutôt une sorte de bénédiction au romantisme sombre et envoûtant au parfum d’absinthe et d’ « opium pour le peuple » des sériphiles et cinéphiles convertis et addicts !
Le casting est à la hauteur des espérances : Josh Hartnett (Ethan) retrouve un charisme « flambant neuf » du haut des ses 1 m 91, un peu émoussé par des grosses productions hollywoodiennes .Timothy Dalton, ex James Bond et aussi acteur shakespearien, apporte sa présence « patinée » par le temps au personnage « so british » de Sir Malcom . Reeve Carney campe un Dorian Gray apparemment lisse mais réellement dangereux et venimeux. Harry Treadaway incarne un Viktor Frankenstein , héroïnomane fiévreux, romantique refoulé en mal d’amour .Billie Piper joue avec une belle présence ambivalente une prostituée tuberculeuse , fricotant avec Ethan puis ressuscitée par Frankenstein en créature bis. Rory Kinear est aussi inquiétant en créature « esseulée » au passé trouble dévoilé dans la saison 3.
Le Cinéma est omniprésent ! A la création , le showrunner est John Logan, scénariste émérite du grand écran (« Gladiator » « The Aviator »…) ! Sam Mendes produit , Juan Antonio Bayona film l’espace de deux épisodes.
Eva Green trouve avec Vanessa Ives son personnage le plus abouti et charismatique sur une telle durée .Elle « livre » une performance exceptionnelle ! La Vesper Lynd de « Casino Royal » se transforme ici en aristocrate « sur un fil psychologique ténu » (démence passagère, auto-mutilation, transe, initiation à la sorcellerie…) adepte des sciences occultes , armée de pouvoirs face aux forces du malin mais belle et bien « possédée » par le démon l’espace de quelques scènes ! Âmes sensibles s’abstenir ! Son apparence est un peu engoncée dans des robes sombres mais sa beauté naturelle est intacte et rejaillit enfin à la fin de la saison 3.
Les réfractaires au thriller horrifique peuvent passer leur chemin mais ils auraient tort car la narration dans son ensemble , les interprètes , la réalisation sont excellentes. La série convoque les auteurs passés à la postérité : Gaston Leroux , Bram Stocker, Mary Shelley (le dr Frankenstein cite d’ailleurs un vers de l’auteur dans un épisode !) Oscar Wilde …
« Penny Dreadful » ne connaîtra pas la saison de trop , c’est un souhait assumé et programmé par John Logan.
Une suite serait programmée sur papier en version comic , comme une boucle logique au concept de départ !
Le seul point positif de l’arrêt de la série c’est qu’Eva Green pourra se consacrer beaucoup plus au Cinéma !