3 Billboards Outside Ebbing, Missouri de Martin Mc Donaugh

19/01/2018 13:21

« 3 Billboards Outside Ebbing , Missouri » de Martin Mc Donaugh avec Frances Mc Dormand , Sam Rockwell, Woody Harrelson … Sortie Cinéma le 17 janvier 2018

Le film débute sur un air d’opéra , des panneaux dans la brume dans un triste état , un break familial s’arrête , à son bord Mildred Hayes (Frances Mc Dormand) réfléchit . Cela fait sept mois que sa fille a été retrouvée assassinée et violée et l’enquête n’avance pas, elle va essayer de faire bouger les choses de manière frontale . Les trois panneaux publicitaires (bilboards) situés dans un endroit peu « passant » vont être loués . Une seule finalité à court terme apparaît :interpeller les forces de police locale : « Pourquoi Chef Willoughby? » / « Et toujours pas d’arrestation » / « Agonisante et violée » ! La volée de boucliers ne va pas se faire attendre . La confrontation avec le sheriff est inévitable .

Dès les premières images du film , on pressent que le voyage dans le Missouri proposé par Martin Mc Donaugh va être singulier , mouvementé et âpre . En même temps cette chronique humaine va être le reflet d’une certaine Amérique aux accents désespérés ! Une musique folk traditionnelle va nous amener à la découverte de personnages hauts en couleurs , bien écrits et échappant aux stéréotypes classiques des bad guys ou des mères éplorées .

Le rythme du film va être un peu lent , dans la mise en place et la conduite de l’intrigue . Du coup on se demande où le scénariste – réalisateur veut nous amener à un rythme un peu indolent. Puis au fil de l’évolution des événements , la tension , la redistribution des cartes vont permettre à « 3 Billboards » de prendre une épaisseur et un intérêt crescendo .

La psychologie des principaux protagonistes va être dévoilée progressivement . Et c’est l’alliance de cette sorte de pudeur formelle alliée à une précision descriptive étonnante et implacable qui emporte l’adhésion à ce récit singulier et fort . Car ici pas de concessions mais plutôt des contours irréguliers , rien n’est blanc ou noir . Le sheriff Wilowby (Woody Harrelson) n’est pas un incapable je-m’en-foutiste mais plutôt un bon père de famille, dilettante par la force des choses,humaniste parfois « dépassé » mais tourné vers les autres malgré sa maladie . L’adjoint Dixon (Sam Rockwell) n’est pas seulement un raciste violent limité primaire mais un être humain capable de rédemption et d’évoluer vers une forme de prise de conscience salvatrice. Mildred (FrancesMcDormand) mère vengeresse , meurtrie et remontée peut aussi comprendre que si sa révolte est un moyen de garder un lien quasi indéfectible avec sa fille , une certaine forme d’apaisement et la mémoire post deuil peuvent aussi « tempérer » ce sentiment d’injustice et de souffrance permanent.

La qualité d’écriture est vraiment le point fort du film . Et les acteurs principaux et secondaires se voient offrir de très belles scènes teintées d’émotion et de singularité . Peter Dincklage (Games of Thrones), ami de circonstances, existe réellement lors de ses scènes avec Mildred. Abbie Cornish prouve en une scène courte qu’elle mérite bien mieux que ses rôles actuels.

Woody Harrelson s’installe vraiment dans le Cinéma américain , comme un acteur au registre très large (La Planète des singes Supprématie / True Detective…) pouvant jouer sur celui du gars positif, généreux et compréhensif . Frances McDormand est juste en mère désabusée,déterminée, radicale, « gonflée » et presque jamais résignée.

La vraie « trouvaille » du film , à mes yeux , est Sam Stockwell .Cet acteur est un habitué des « suporting roles » , inoubliable en prisonnier fielleux et irrécupérable dans « La ligne verte » ou plus anecdotique en riche méchant d’opérette dans « Iron Man » . On aimait le détester ou le conspuer. Ici il crève l’écran dans un rôle à priori au registre familier mais « recomposé » par la plume de Martin Mc Donaugh . Le réalisateur monte d’un cran avec « 3 billboards » après « Bons Baisers de Bruges » et « 7 Psychopaths » qui ont leurs supporters mais qui ne m’avaient pas convaincu !

Mc Donaugh livre avec un sens du contre pied assumé un film multi dimensionnel , comme une photographie sans filtre et concessions de l’Amérique profonde un peu laissée pour compte à travers le parcours de cette mère tiraillée par l’esprit de représailles . Elle va découvrir sur son chemin des alliés inattendus pouvant infléchir à termes sa quête indéfectible de justice et de vengeance.

« 3 Billboards  » a été le triomphateur des derniers Golden Globes le 07 janvier 2018 avec 4 récompenses :

Meilleur scénario original pour Martin McDonaugh

Meilleur film dramatique

Meilleure actrice dans un rôle dramatique : Frances McDormand

Meilleur second rôle Sam Rockwell

An original reflect of another America !

Scénario
Réalisation
Interprétation
Musique
From the first images of the film, it is felt that the journey to Missouri proposed by Martin Mc Donaugh will be singular, hectic and bitter. At the same time this human chronicle will be the reflection of a certain America with desperate accents! Traditional folk music will lead us to discover colorful characters, well written and escaping the classic stereotypes of bad guys or weeping mothers. The rhythm of the film will be a little slow, in the setting up and the conduct of the plot. Then as the events evolve, the tension, the redistribution of the cards will allow "3 Billboards" to take a thickness and a crescendo interest. The quality of writing is really the highlight of the film. And the main and secondary actors are offered beautiful scenes tinged with emotion and singularity. Peter Dincklage (Games of Thrones), friend of circumstances, actually exists during his scenes with Mildred. Abbie Cornish proves in a short scene that she deserves much better than her current roles. Woody Harrelson really settles in the American Cinema, like a actor with the very broad register (The Planet of the monkeys Suppremacy / True Detective ...) being able to play on that of the positive guy, generous and understanding. Frances McDormand is just a disillusioned, determined, radical, "swollen" mother and almost never resigned. The real "find" of the film, to me, is Sam Stockwell. This very special trip received 4 Golden Globes so go for it !
A surprising film and very well written !
Category: Avis Cinefeel