« The Deuce » création HBO Série Saison 1 / 8 épiodes diffusés en septembre 2017 / disponible en DVD / Blu Ray depuis le 14 février 2018 avec Maggie Gyllenhaal, James Franco, Margarita Levieva, Gary Carr, Dominique Fishback, Emily Meade, Jamie Neumann …
« The Deuce » est le raccourci de « Forty-Deuce » ou le surnom donné à la 42 ème rue de New York , dans le quartier de Times Square (croisement de la 7 ème et de la 8 ème avenue) . Dans les années 70 les prostituées arpentaient le bitume , les « pimps » (souteneurs) n’étaient pas loin , les flics patrouillaient et les mafieux régnaient sur les bars . Le deux créateurs-showrunners de la série sont David Simon (« The Wire »/ « Show me the heroe » ) et George Pelecanos . L’épisode pilote nous plonge dans le New-York nocturne et « mélangé » des seventies où Vincent Martino va devenir gérant d’un nouveau bar tenu par la mafia , il va devoir faire tourner l’affaire pour éponger les dettes de jeu et de paris truqués de son frère jumeau Frankie . les deux rôles sont tenus par James Franco. Aux alentours et dans ce bar vont se croiser une galerie de personnages , une faune locale composée de prostituées , de macs , de policiers de terrain…
Les parcours et les expériences vont être différentes Maggie Gyllenhaal, perruque blonde frisée, campe Candie (nom de trottoir)/Eireen, la seule indépendante du bitume, cachetonnant pour « financer » la garde de son fils par sa mère . Elle va peu à peu, au fil des épisodes va être confrontée à la dureté et la violence de son métier. Sa rédemption » nécessaire passera par les films et la pornographie et le business florissant à venir en ce début des années 70 . « Elle va se réveiller , c’est une artiste » dira Maggie Gyllenhaal dans les bonus. Ce volet n’est traité que dans la deuxième partie de la saison . Son personnage est inspirée d’une vraie actrice porno ayant réussie à fonder sa propre boite de production ,Candida Royalle ( source : https://evaluateurenseriestv.com/2017/0 ) . (Jamie Neumann/Ashley)
C’est vrai que l’histoire prend son temps pour s’installer . les personnages sont multiples , la vie difficile des prostituées aux profils différents est décrite . On va croiser un barmaid gay, une étudiante de bonne famille rebelle devenant elle même barmaid pour le compte de Vincent Martino, un beau frère ouvrier reconverti en tenancier de salon de massage , maison close déguisée, des macs retords , d’autres plus compréhensifs .
Ce qui « transpire » de cette série c’est la minutie de la reconstitution des seventies ; les références ne manquent pas : le rendu rappelle le cinéma de la « black-exploitation » la blaxploitation si chère à Tarantino . Tous les souteneurs sont blacks . La corruption chez les flics fait forcément penser au Cinéma de Sydney Lumet même si le sujet est en filigrane et devient un vrai sujet avec la venue d’une journaliste d’investigation noire. Par certains côtés on peut penser aussi à « The New centurions » (1972) de Richard Fleisher sur le quotidien des flics . La réalisatrice du pilote et de l’épisode 8 Michelle Mac Laren dit s’être inspirée de l’ambiance nocturne de Taxi Driver où la jeune Jodie Foster arpentait aussi le trottoir New-yorkais. La grosse pomme est attractive pour les naïves en quête d’argent facile . « Money ,money , money… » sera aussi le fil conducteur des protecteurs des filles , des flics ripoux (NYPD corruption), des usuriers de la mafia et des gangsters .
La vie de ces travailleuses du sexe est âpre et sans pitié . La série dans les premiers épisodes est « crue » , sexe (nudité), parfois brutale . Dans le pool de scénaristes , des femmes sont présentes qui ont enquêtées sur la condition de ces prostituées (Megan Abbott / Lisa Lutz) , un vieux briscard comme Richard Price (« Sea of love » / »The color of the money »/ « Kiss of death ») et les deux show-runners Simon et Pelecanos. L’histoire a des côtés sordides à la Paul Shrader mais les personnages deviennent attachants au fil des épisodes. La perte de vitesse des macs , certaines filles vont s’en sortir , d’autres beaucoup moins bien ou pas du tout. La série joue la carte de l’authenticité et de la reconstitution fidèle. Par exemple , les policiers faisaient des rafles de prostituées , leur demandant leur récépissé . C’était un document donné par les flics lors d’une arrestation précédente qui leur permettait de « pratiquer » pendant un temps limité dans le temps. Le casting dans son ensemble est vraiment judicieux . Les actrices et les acteurs sont quasi inconnus et tous sont formidables et justes : Le mac frimeur et violent CC (Gary Carr) , les prostituées Lori (Emily Leade) , Ashley (Jaimie Neumann) , la barmaid ancienne étudiante Gaby (Margarita Levieva) etc… Les deux acteurs principaux se sont vraiment impliqués dans la série . James Franco est executive-producer et a réalisé deux épisodes. Maggie Gyllenhaal est productrice aussi .
L’éclosion de la pornographie , de la version « sous le manteau » à l’industrie naissante avec la première en 1971 de « Deep Throat » avec Linda Loveless n’intervient que dans le dernier tiers de la saison 1 .
Pour les amoureux du Cinéma des seventies , comme James Franco, « The Deuce » est la série qu’il vous faut ! Elle est certes nonchalante , sans cliffhangers à la fin de chaque épisode mais pas moins addictive. Ce retour dans le sexe tarifé des années 70 avec cette faune interlope new-yorkaise devrait connaître deux saisons supplémentaires du fait du succès d’audience rencontré et les retours plutôt positifs axés sur la qualité indéniable de l’entreprise .