Pourquoi je n’ai pas aimé « The Father » de Florian Zeller ?

10/07/2021 08:12

« The Father » de Florian Zeller avec Anthony Hopkins , Olivia Coleman, Olivia Williams , Rufus Sewell , Imogene Poots … Sortie Cinéma le 26 mai 2021

Pourquoi je n’ai pas aimé « The Father » de Florian Zeller ?

Soyons franc d’emblée , je suis allé voir « à reculons » « The Father » ! Le film a été consacré par 2 Oscars , celui de la meilleure adaptation pour Christopher Hampton et Florian Zeller, auteur de la pièce originale française puis celui du meilleur acteur pour Anthony Hopkins . La presse était dithyrambique & les louanges quasi-unanimes .

D’abord le sujet ne me tentait guère , la descente progressive d’un homme âgé vers la sénilité et un corollaire dévastateur & désastreux , la maladie d’Alzheimer . A la sortie du confinement et de cette première longue phase de la crise sanitaire mondiale , je n’avais pas envie de me frotter à un tel sujet . Car dans mon histoire personnelle & familiale ,la perte de mémoire progressive m’évoquait forcément et directement mon expérience d’aidant familial auprès de ma mère . En effet lors d’un dépistage réalisé à ma demande auprès d’une neurologue , ma mère passa des tests basiques de mémoire . La doctoresse lui demanda de trouver les noms des images des animaux et elle lui a répondu « les prénoms aussi ? » ! La descente était inéluctable . Bref le sujet était encore sensible et me renvoyait à de mauvais souvenirs personnels mais devant l’avalanche de prix et de retours positifs , je tenta ma chance !

Dans un premier temps Zeller a pris le parti-pris de mettre le spectateur dans l’inconfort , celui du personnage principal çàd de nous faire ressentir la confusion psychologique et mémoriel d’un vieil homme . Il confond les personnes et tour à tour les personnages gravitant autour du vieil homme sont joués par des acteurs différents ! On ne sait plus si sa fille va partir à Paris , placer son père en maison & si elle est toujours mariée. « L’état d’esprit » du père est donc jeté en pâture au spectateur . Si le procédé paraît ingénieux, au minima , malin, au début , il apparaît vite répétitif voir rébarbatif . Si le message était « la confusion » , c’est assez clair , pas la peine de répéter le procédé jusqu’à l’agacement . D’aucuns y ont vu un exercice de style bluffant au niveau de la structure narrative, d’autres comme moi y voit un côté démonstratif un peu vain car s’étirant sur la durée . On a très vite compris que le personnage est en perte de repères, de cohésion et de lucidité . « La vieillesse est un naufrage  » disait De Gaulle . Cette entrée en matière « qui dure » en est l’exacte illustration. Je dois avouer que ce début de film a eu le don de m’énerver et si j’avais été sur une plateforme de VOD , j’aurais arrêter purement et simplement le film !

Certains ont donc prôné le côté inventif ,cérébral et virtuose du film . A mes yeux le film est très académique et n’évite pas le côté théâtral de l’ensemble . Sur ce dernier point Florian Zeller l’assume totalement en mettant en avant que l’appartement est un personnage à part entière de l’histoire . C’est voulu, désiré et assumé.

Du côté de l’interprétation , Olivia Coleman m’a sauvé de l’ennui et m’a remit sur les rails pour la deuxième partie du film beaucoup plus intéressante & un peu moins grandiloquente , de mon point de vue . L’actrice britannique , par un jeu simple et « naturel » fait passer une palette de sentiments allant de l’inquiétude à la compassion et à l’Amour filial. C’est aussi une vraie performance toute en subtilité et mesure. 

Anthony Hopkins a donc reçu la statuette du meilleur acteur , après l’Oscar reçu il y a presque 30 ans (1992) pour sa compo d’Hannibal Lecter. L’acteur britannique est convaincant . On sent bien qu’il a exploité ses propres fêlures et son appréhension de la vieillesse pour composer ce personnage de vieil homme à la fois charmeur, suspicieux, parano malgré lui , râleur, acariâtre et finalement perdu loin de sa superbe d’antan . Il faudrait être insensible pour ne pas être ému et « pris » par sa tirade finale ou il demande sa maman et où l’œuvre de cette maladie touche à son terme . L’agacement lié à la structure du film dans la première partie et la mémoire de l’acteur faisant le pitre sur les réseaux sociaux en chemise hawaïenne ne m’ont pas aidé à accrocher à son jeu tout de suite . C’est progressivement que le personnage devient attachant dans sa détresse inéluctable et c’est sur la durée que sa performance « sans filets » fait mouche . 

Voilà , tout ça pour dire que pour moi « The Father » n’est pas le chef d’œuvre annoncé . C’est un premier film réussi si on adhère à ses parti-pris minimaliste-intimiste au niveau de la forme et de l’unité de lieu & son aspiration à faire rentrer le spectateur dans les obsessions labyrinthiques du vieil homme . Florian Zeller a été bien épaulé par Christopher Hampton ( déjà adptateur de « Les Liaisons dangereuses » pour Stephen Frears en 1988) et a offert un rôle sur mesure , en adéquation avec son âge , à Sir Anthony Hopkins ! C’est déjà un tour de force pour une première réalisation. Pour autant le sujet est difficile , la forme proposée pas si accessible ne m’a pas séduit et au final le plaisir de spectateur en est amoindri .  

Why I didn't like "The Faher" ?

Scénario
Réalisation
Interprétation
Musique
Let's be frank from the start, I went to see "The Father" "backwards"! The film was awarded 2 Oscars, that of the best adaptation for Christopher Hampton and Florian Zeller, author of the original French play then that of the best actor for Anthony Hopkins. The press was dithyrambic & the praise almost unanimous. First of all, the subject hardly tempted me, the gradual descent of an elderly man towards senility and a devastating & disastrous corollary, Alzheimer's disease. Coming out of confinement and this first long phase of the global health crisis, I did not want to deal with such a subject. Because in my personal & family history, the progressive memory loss inevitably and directly evoked my experience as a family caregiver with my mother. Indeed during a screening carried out at my request with a neurologist, my mother passed basic memory tests. The doctor asked her to find the names of the pictures of the animals and she answered "the first names too?" ! The descent was inevitable. In short, the subject was still sensitive and brought back bad personal memories to me but in front of the avalanche of prices and positive returns, I tried my luck! At first Zeller took the decision to put the viewer in the discomfort, that of the main character, that is to make us feel the psychological and memory confusion of an old man. He confuses people and in turn the characters revolving around the old man are played by different actors! We no longer know if her daughter is going to go to Paris, place her father in a house & if she is still married. The father's "state of mind" is therefore thrown to the spectator. If the process seems ingenious, at the very least, clever, at the beginning, it quickly appears repetitive or even off-putting. If the message was "confusion", that's pretty clear, no need to repeat the process until annoyance. Some have seen it as a bluffing style exercise at the level of the narrative structure, others like me see a demonstrative side that is a little vain because it stretches over time. We quickly understood that the character is losing reference points, cohesion and lucidity. "Old age is a shipwreck" said De Gaulle. This "lasting" introduction is a perfect illustration of this. I must admit that this beginning of the film had the gift of irritating me and if I had been on a VOD platform, I would have stopped the film altogether! Some have therefore advocated the inventive, cerebral and virtuoso side of the film. In my eyes the film is very academic and does not avoid the theatrical side of the whole. On this last point Florian Zeller fully assumes it by emphasizing that the apartment is a character in its own right in the story. It is wanted, desired and assumed. On the interpretation side, Olivia Coleman saved me from boredom and got me back on track for the second part of the film, much more interesting & a little less bombastic, from my point of view. The British actress, through a simple and "natural" game, conveys a range of feelings ranging from worry to compassion and filial love. It is also a real performance, all in subtlety and measure. Anthony Hopkins thus received the statuette of the best actor, after the Oscar received almost 30 years ago (1992) for his composition of Hannibal Lecter. The British actor is convincing. We feel that he has exploited his own cracks and his apprehension of old age to compose this character of an old man at the same time charming, suspicious, paranoid in spite of himself, grumpy, cantankerous and finally lost far from his former splendor. It would be necessary to be insensitive not to be moved and "taken" by his final tirade where he asks his mother and where the work of this disease comes to an end. The annoyance with the film's structure in the first part and the memory of the social media clowning actor in the Hawaiian shirt didn't help me hang onto his acting right away. It is gradually that the character becomes endearing in his ineluctable distress and it is over time that his performance "without nets" hits the mark. Here, all that to say that for me "The Father" is not the announced masterpiece. It is a successful first film if we adhere to its minimalist-intimate bias in terms of form and unity of place & its aspiration to bring the viewer into the labyrinthine obsessions of the old man. Florian Zeller was well supported by Christopher Hampton (already a fan of "Dangerous Liaisons" for Stephen Frears in 1988) and offered a tailor-made role, in line with his age, to Sir Anthony Hopkins! It is already a tour de force for a first achievement. For all that the subject is difficult, the not so accessible form proposed did not appeal to me and in the end the pleasure of the spectator is diminished.
A sometimes brilliant, sometimes boring style exercise on a difficult subject !
Category: Buzz

Utilisez les tags et attributs HTML : <a href="" title=""> <abbr title=""> <acronym title=""> <b> <blockquote cite=""> <cite> <code> <del datetime=""> <em> <i> <q cite=""> <s> <strike> <strong>