Pourquoi je n’ai pas aimé « Thor Ragnarok » de Taika Waititi
« Thor Ragnarok » de Taika Waititi avec Chris Hemsworth, Cate Blanchett, Tom Hiddleston,Tessa Thompson, Mark Ruffalo, Karl Urban, Idris Elba, Jeff Goldblum… Sortie Cinéma le Mercredi 25 octobre 2017
Un des premiers plans du film voit Thor suspendu dans une cage , on l’entend en voix off et close up sur son visage ! Il va affronter un monstre géant en feu au visage de diable , qui semble sorti tout droit de l’univers de Tolkien ! Il le terrasse grâce à son célèbre marteau . Le dieu du tonnerre, fils d’Odin, est donc de retour et il prend les choses avec un humour distancié . Le ton est ben loin du premier film lourdaud de Kenneth Branagh datant de 2011 et même du côté « Star Trek » plutôt bien senti du deuxième opus datant de 2013 . Plus question ici d’amourette avec une terrienne (Natalie Portman) ou de lutter contre des klingons « revisités » !
Dans un premier temps les partis-pris « funs- désinhibés » de « Thor Ragnarok » étonnent et peuvent prêter à sourire . Puis plus le film va avancer , plus l’ennui , pour ma part s’est installé . « Thor Ragnarok » transpire la culture geek-pop américaine et c’est pourtant un néo-zélandais , Taika Waititi qui réalise ! Aurait-il sciemment compiler les références susceptibles d’entraîner l’adhésion ? Aux vues des résultats du Box Office mondial on pourrait répondre par l’affirmative : un premier week end à 121 millions de dollars aux USA , il vient de dépasser les 400 millions Monde et les objectifs s’orientent vers 800 millions de billets verts ! Autant dire que mon humble avis cinefeel , forcément subjectif , se place à contre courant de l’ambiance planétaire.
Tout n’est pas à jeter dans « Thor Ragnarok » et certaines idées sont des clins d’œils plutôt réussis c’est la conduite de l’ensemble qui , à mes yeux , pêche. A trop vouloir réinventer un univers , on le pervertit ou au minima on le ridiculise. Lorsque Thor revient sur Asgard , sa planète d’origine, une pièce de théâtre se joue devant Odin . Les acteurs de théâtre ne sont « que » Matt Damon pour incarner Loki et Sam Neil en Odin , des caméos digne du Saturday Night Live ou de Mel Brooks ! Là l’humour fait son oeuvre . Ils sont d’ailleurs bien meilleurs que les acteurs en place, Tom Hiddleston (Loki) , toujours aussi « contestable » et Anthony Hopkins (Odin) en préretraite,un poil fatigué et monocorde . Chris Hemsworth est lui toujours impeccable.
Le succès de « les Gardiens de la galaxie » est aussi passé par là et le fait de faire parler Hulk , à la façon limitée d’un Groot n’est pas innocent . La couleur , au sens propre et figuré , eighties de la direction artistique du film peut être sujet à caution. Les vaisseaux sont kitsch avec une déco criarde (un côté « San Ku Kaï » série too much japonaise diffusée début des années 80) , certaines scènes rappellent « Flash Gordon » (1980). L’esprit BD est poussé dans ses retranchements. L’impression d’un « mixte marketé » se profile à la vision de ce « Thor Ragnarok » ! Les enjeux minimes s’étirent sur la longueur. La sœur déesse de la mort Hela , jouée par Cate Blanchett n’est pas aussi caricaturale que prévu et apporte une petite touche shakespearienne . Jeff Goldblum fait une panouille pathétique en « grand maître » ridicule à souhait. Le mauvais goût et l’humour potache assumés et portés aux nues appauvrissent l’univers .
Par exemple ,Hulk/Dr Banner devient un super-héros comme un autre aux répliques pseudo-comiques et plus un médecin tiraillé par son problème existentiel de rayons gamma. Alors le film n’est pas mal réalisé . Le personnage de la Walkyrie , incarnée par Tessa Thompson (vue dans « Creed ») est plutôt réjouissant et apporte un petit vent de nouveauté rafraîchissant et efficace. Mais le film est jalonné des tics de la machine Marketing Marvel avec par exemple, l’incursion furtive et inutile de Dr Strange (Benedict Cumberbatch), histoire de ne pas l’oublier lors des prochains rendez vous . L’ensemble peut apparaître jouissif et généreux pour certains, ce ne fut pas mon cas . En exagérant on se rapprocherait d’ une sorte de « blougi boulga » , expression ancrée dans les années 80, invoquant l’heroïc fantasy, le space opera, la parodie et la SF sur fonds vert poussée à l’extrême ! La plus simple illustration de ce sentiment « foutrac » peut se résumer avec le caméo « obligé » de Stan Lee (créateur de nombreux super-héros via les Marvel comics) tout simplement ridicule .
Il vous faudra sûrement beaucoup d’humour distancié ou de premier degré , une âme d’adulescent ou un état civil « teenager » cherchant du fun pour le fun , pour apprécier cet opus référencé et insolite dans la machine Marvel . Pour ma part , la lassitude s’est invitée assez vite, je vais faire un stop avec « les Marveleries » (malgré la bonne surprise « Deadpool » de 2016) et je ne citerai que notre ami Roger Murtaugh (« L’arme fatale ») « Je suis trop vieux pour ces conneries ! »