« The Invisible Man » de Leigh Whannell avec Elisabeth Moss , Alis Hodge, Harriet Dyer , Oliver Jackson-Cohen, Storm Reid , Michael Dorman … Sortie Cinéma 26 février 2020
Scène d’ouverture : San Francisco , une immense villa ultra moderne , froide , aux bords de la mer , une femme se lève , met « hors ligne » l’alarme , dirige une caméra sur l’homme se trouvant dans le lit, prend un sac préalablement préparé dans un placard « caché » et s’enfuit ! Une musique sourde , râpeuse , oppressante , métallique et inquiétante accompagne sa fuite préméditée à la fois méthodique mais emprunte de peur & d’appréhension ! Le style est épuré , minimaliste mais diablement efficace .
La tonalité est donnée d’emblée , le minimum d’effets pour une atmosphère anxiogène palpable, le point central du film est bel et bien le harcèlement & la lutte d’une femme victime d’un homme obsessionnel au comportement abusif et traumatisant . C’est donc le combat de cette femme désarçonnée psychiquement « sous contrôle » face à un homme riche , possessif et harceleur ! Peu après la désertion du domicile par sa femme , Adrian , spécialiste reconnu de « l’optique » , est déclaré mort , il se serait suicidé . Mais, peu après, Cécilia ressent une présence familière et embarrassante auprès d’elle . Des manifestations inexplicables & mal intentionnées se produisent ! Serait-il vivant ou une pure invention d’une femme flirtant avec la folie ? L’héroïne va mettre à contribution son entourage pour faire face à cette nouvelle peur , sa sœur et un ami flic et sa fille . Mais la réponse va progressivement se clarifier et une nouvelle terreur agressive va s’installer !
Leigh Whannell a écrit , réalisé et produit cette nouvelle adaptation de « L’homme invisible » , excusez du peu ! Le scénario est riche en rebondissements . Il est teinté toujours en arrière plan de ce soucis de mettre en arrière plan ou en fil rouge principal , presque parfois indicible (« invisible » ?) le thème du harcèlement et l’état d’esprit d’une victime face à une relation toxique pérenne . Par exemple une simple réplique peut renvoyer à quelque chose de plus profond . « je ne suis pas splendide , c’est du vernis » quand Cécilia apparaît en « femme fatale » à la fin du film montre que souvent les apparences sont trompeuses et parfois elles sont sauvées par les victimes aux yeux des autres. Whannell prendra le contrepied de cette interprétation dans la scène au final . Les intentions du réalisateur-scénariste sont loin d’être « frontales » même si son film est percutant. Cette nouvelle mouture veut s’émanciper du mythe créé par HG Wells pour y insérer une dimension sociétale , les plus enthousiastes , iront jusqu’à « féministe » , mot à utiliser avec tempérance . Le réalisateur a déclaré vouloir « oublier toute la vénération autour du mythe de l’homme invisible pour faire un bon film » ! Cette nouvelle vision est vraiment novatrice tout en respectant les codes du genre , celui du film d’horreur ! Ici l’axe principal est « le cheminement émotionnel » de cette femme forte & faible à la fois déstabilisée et « à bout » ! Comment cette femme « harcelée » va réagir face à la terreur invisible récurrente de ce mari psychopathe machiavélique ! Le pouvoir peut-il s’inverser ?
Par moments , lors de certaines scènes le film peut renvoyer à « L’Emprise » de Sydbey J Furie datant de 1980 où une femme était victime d’une entité invisible violente et se posant en agresseur .Mais l’intention de Leigh Whannell avec « Invisible Man » va bien eu delà du film de genre . Il sait qu’il réalise un film d’horreur et d’épouvante psychologique mais la dimension sociétale et sociale est bel et bien « concrétisée » avec cette histoire de harcèlement envers une femme ! Pour autant le réalisateur a un savoir faire hors pair pour instiller la tension tant au niveau de la découpe des plans , du rythme donné au film , de l’utilisation de la musique bien stressante avec parcimonie .
Elisabeth Moss est tout simplement excellente en « victime tourmentée » au visage déformé par la hantise , « atteinte » , désabusée et meurtrie par les violences psychiques infligées par son mari . « Je ne sais pas comment il a fait mais il y est arrivé , il est arrivé à se rendre invisible … Il n’est pas mort ! » dit elle au frère du défunt mari , avocat et exécuteur testamentaire . L’héroïne passe du statut de perturbée à « folle discréditée « puis en combattante « armée psychologiquement » pour faire face à un manipulateur et renverser la vapeur ! Le film lui doit beaucoup en termes de crédibilité et de panel très large d’émotions abordées.
Leigh Whannell transcende la terreur du quotidien utilisant la musique comme une respiration . Le réalisateur arrive à faire ressentir au spectateur , le sentiment oppressant et injuste que vit l’héroïne face à ce monstre invisible (les harceleurs le sont souvent aux yeux des autres et de l’entourage des harcelées) ! Cécilia va connaître un parcours du combattant « hors normes » pour pouvoir faire éclater « la réalité » !
Les amoureux du genre y trouveront leur compte . Ce film d’ horreur , classique dans le thème du « suiveur fou » , est plus proche du « thriller psychologique » à double intention mâtiné de quelques scènes d’action . « Invisible Man » est une très bonne « surprise » (mot prononcé deux fois dans le film » et renvoie à l’essence même du mot thriller qui vient du verbe « to thril » çàd frissonner ! Jason Blum , producteur à succès de films d’horreur marquants de ces 10 dernières années (« Paranormal Activity » / « Insidious » / « Sinister »/ »The Purge » …) a toujours le nez creux pour réactiver des franchises ou des incontournables de l’horreur et trouver des réalisateurs talentueux pour mener à bien ses projets . « The Invisible Man » a coûté 7 millions de $ , il a rapporté au BO US la bagatelle somme de 100 millions de $ . Leigh Whannell s’était fait remarquer avec l’excellent et percutant « Upgrade » (2018) il confirme qu’il va falloir compter sur lui ses prochaines années en « artisan vraiment doué » du Cinéma de genre et sûrement au delà !
PS « The Invisible Man » m’a fait penser à « Terminator 2 » pour la scène de baston à l’hôpital psychiatrique de sécurité avec les gardiens et avec le côté « Sarak Connor de Cécilia , tourmentée psychologiquement , non crue pendant une bonne partie du fillm , plus un côté badass mais au final différent et plus subtil car usant de sa féminité pour arriver à terrasser son agresseur !