« The Father » de Florian Zeller avec Anthony Hopkins , Olivia Coleman, Olivia Williams , Rufus Sewell , Imogene Poots … Sortie Cinéma le 26 mai 2021
Pourquoi je n’ai pas aimé « The Father » de Florian Zeller ?
Soyons franc d’emblée , je suis allé voir « à reculons » « The Father » ! Le film a été consacré par 2 Oscars , celui de la meilleure adaptation pour Christopher Hampton et Florian Zeller, auteur de la pièce originale française puis celui du meilleur acteur pour Anthony Hopkins . La presse était dithyrambique & les louanges quasi-unanimes .
D’abord le sujet ne me tentait guère , la descente progressive d’un homme âgé vers la sénilité et un corollaire dévastateur & désastreux , la maladie d’Alzheimer . A la sortie du confinement et de cette première longue phase de la crise sanitaire mondiale , je n’avais pas envie de me frotter à un tel sujet . Car dans mon histoire personnelle & familiale ,la perte de mémoire progressive m’évoquait forcément et directement mon expérience d’aidant familial auprès de ma mère . En effet lors d’un dépistage réalisé à ma demande auprès d’une neurologue , ma mère passa des tests basiques de mémoire . La doctoresse lui demanda de trouver les noms des images des animaux et elle lui a répondu « les prénoms aussi ? » ! La descente était inéluctable . Bref le sujet était encore sensible et me renvoyait à de mauvais souvenirs personnels mais devant l’avalanche de prix et de retours positifs , je tenta ma chance !
Dans un premier temps Zeller a pris le parti-pris de mettre le spectateur dans l’inconfort , celui du personnage principal çàd de nous faire ressentir la confusion psychologique et mémoriel d’un vieil homme . Il confond les personnes et tour à tour les personnages gravitant autour du vieil homme sont joués par des acteurs différents ! On ne sait plus si sa fille va partir à Paris , placer son père en maison & si elle est toujours mariée. « L’état d’esprit » du père est donc jeté en pâture au spectateur . Si le procédé paraît ingénieux, au minima , malin, au début , il apparaît vite répétitif voir rébarbatif . Si le message était « la confusion » , c’est assez clair , pas la peine de répéter le procédé jusqu’à l’agacement . D’aucuns y ont vu un exercice de style bluffant au niveau de la structure narrative, d’autres comme moi y voit un côté démonstratif un peu vain car s’étirant sur la durée . On a très vite compris que le personnage est en perte de repères, de cohésion et de lucidité . « La vieillesse est un naufrage » disait De Gaulle . Cette entrée en matière « qui dure » en est l’exacte illustration. Je dois avouer que ce début de film a eu le don de m’énerver et si j’avais été sur une plateforme de VOD , j’aurais arrêter purement et simplement le film !
Certains ont donc prôné le côté inventif ,cérébral et virtuose du film . A mes yeux le film est très académique et n’évite pas le côté théâtral de l’ensemble . Sur ce dernier point Florian Zeller l’assume totalement en mettant en avant que l’appartement est un personnage à part entière de l’histoire . C’est voulu, désiré et assumé.
Du côté de l’interprétation , Olivia Coleman m’a sauvé de l’ennui et m’a remit sur les rails pour la deuxième partie du film beaucoup plus intéressante & un peu moins grandiloquente , de mon point de vue . L’actrice britannique , par un jeu simple et « naturel » fait passer une palette de sentiments allant de l’inquiétude à la compassion et à l’Amour filial. C’est aussi une vraie performance toute en subtilité et mesure.
Anthony Hopkins a donc reçu la statuette du meilleur acteur , après l’Oscar reçu il y a presque 30 ans (1992) pour sa compo d’Hannibal Lecter. L’acteur britannique est convaincant . On sent bien qu’il a exploité ses propres fêlures et son appréhension de la vieillesse pour composer ce personnage de vieil homme à la fois charmeur, suspicieux, parano malgré lui , râleur, acariâtre et finalement perdu loin de sa superbe d’antan . Il faudrait être insensible pour ne pas être ému et « pris » par sa tirade finale ou il demande sa maman et où l’œuvre de cette maladie touche à son terme . L’agacement lié à la structure du film dans la première partie et la mémoire de l’acteur faisant le pitre sur les réseaux sociaux en chemise hawaïenne ne m’ont pas aidé à accrocher à son jeu tout de suite . C’est progressivement que le personnage devient attachant dans sa détresse inéluctable et c’est sur la durée que sa performance « sans filets » fait mouche .
Voilà , tout ça pour dire que pour moi « The Father » n’est pas le chef d’œuvre annoncé . C’est un premier film réussi si on adhère à ses parti-pris minimaliste-intimiste au niveau de la forme et de l’unité de lieu & son aspiration à faire rentrer le spectateur dans les obsessions labyrinthiques du vieil homme . Florian Zeller a été bien épaulé par Christopher Hampton ( déjà adptateur de « Les Liaisons dangereuses » pour Stephen Frears en 1988) et a offert un rôle sur mesure , en adéquation avec son âge , à Sir Anthony Hopkins ! C’est déjà un tour de force pour une première réalisation. Pour autant le sujet est difficile , la forme proposée pas si accessible ne m’a pas séduit et au final le plaisir de spectateur en est amoindri .