« Médecin de nuit » d’Elie Wajeman avec Vincent Macaigne , Pio Marmaï , Sara Giraudeau , Sarah Le Picard … Sortie Cinéma le 16 juin 2021
Michaël (Vincent Macaigne) est médecin de nuit , il est en « crise existentielle » , en porte à faux avec sa femme (Sarah Le Picard) du fait de ses horaires décalés , embarqué par son cousin pharmacien Dimitri (Pio Marmaï) dans un trafic de Subutex & tiraillé par son attirance quasi animale avec sa maîtresse (Sara Giraudeau) , future femme de son cousin ! Ce toubib aux allures de nounours bienveillant , équilibriste maladroit sur le fil de sa vie , va être gagné par la violence , « lézardé « par le stress & va peut être « basculer » en une nuit !
Autant le dire de suite , j’ai été vraiment emporté par cette histoire entre la chronique sociale et le polar nocturne. Ce voyage proposé par Elie Wajeman dans une nuit bleutée « peuplée » d’idées noires est vraiment immersif . Une notion « d’errance humaniste » teintée de polar noir se dégage de l’ensemble. On peut s’identifier à ce personnage empathique et attachant . Michaël fait ce qu’il peut avec ses failles et ses faiblesses . Pour autant ici pas de misérabilisme ni de pathos , ce médecin qui s’est fait le « pourvoyeur des toxicos » en prescrivant des « drogues légales » à profusion a gardé une fibre sociale . Mais son instinct de survie & sa volonté de s’extirper de cette situation dangereuse va le mener sur des chemins où la noirceur côtoie la tromperie et la violence .
L’adhésion à cette proposition de « tranche de vie by night » est suscitée pour beaucoup par l’interprétation de Vincent Macaigne . L’acteur s’était fait une spécialité de personnages lunaires et poétiques , un peu jusqu’à plus soif . Là il trouve un vrai rôle et donne une épaisseur teintée de bonhommie à ce personnage embarqué dans des galères malgré lui et de « son plein gré » . Sa dégaine un peu voutée , avec ce pardessus en cuir, qui pourrait symboliser toutes les emmerdes qu’il se trimballe sur le dos , ses cheveux noirs plaqués , son regard parfois vide ou profond donnent une cohérence familière à son perso et un aspect désespéré toujours présent ou sous-jacent. Il y a un coté « Tchao pantin » de par la trajectoire du médecin et le climax du film.
L’atmosphère est aussi « tenue » par le travail fait sur la photo et une musique de Sacha & Evgeni Galperine rappelant celle de Jerry Goldsmith dans le classic de Ridley Scott « Alien » accentuant inconsciemment ce sentiment d’oppression et d’incertitude !!!! Pio Marmaï en cousin pharmacien veule & magouilleur et Sara Giraudeau en amoureuse faussement détachée & tentatrice complètent la distribution.
Tout se passe quasiment en une nuit , ce qui créé un sentiment d’urgence , de tension palpable et d’intensité qui ne se dément pas tout au long du film. On pense aussi au Cinéma de Jacques Audiard côté « De battre mon cœur s’est arrêté !
C’est une vraie bonne surprise pour un film qui a souffert du manque d’exposition médiatique . Il était sélectionné au Festival de Cannes 2020 qui n’a pas eu lieu et bénéficie de son label . Ironie du sort , il sort quasiment , dans l’anonymat , à l’aube de la tenue de celui de 2021.