« Let Him Go » de Thomas Bezucha avec Diane Lane , Kevin Costner , Jeffrey Donovan , Lesley Manville … Sortie Cinéma le 16 juin 2021
Margaret (Diane Lane) & George Blackledge (Kevin Costner) sont un couple heureux de sexagénaires « ancrés dans la terre » vivant de plaisirs simples et rugueux dans une ferme du Montana . Leur fils unique , marié et père d’un enfant , se brise la nuque en tombant de cheval. Sa jeune veuve se remarie et peu de temps après , elle quitte la ville emmenant dans ses bagages son fils pour aller dans le Dakota du Nord où vit la famille de son nouvel époux , influente et mal intentionnée. Margaret décide de partir à la recherche de son petit fils & son mari George , ancien sheriff , la suit n’ayant pas le choix devant la détermination de sa femme . Vont-ils réussir à récupérer leur petit fils et y aura-t-il de la casse ?
Thomas Bezucha signe un film naturaliste axé sur la Famille et cette quête de grands-parents encore gaillards mais un peu fatigués par l’épreuve du temps . La tonalité du film est nonchalante , le réalisateur impose un rythme sciemment lent pour mieux montrer et faire ressentir aussi une sorte de nostalgie , d’incertitude et de désespérance latente . Nous sommes dans l’Amérique profonde mais la Nature a une part importante même si le film va glisser doucement mais sûrement vers la tension & le règlements de comptes .
Alors pourquoi « L’un des nôtres » est un film à voir ?
D’abord « Let Him Go » offre un rôle fort à Diane Lane qui nous prouve , si le besoin s’en faisait sentir , qu’elle est une formidable actrice . ici elle adopte un look « sans fard » de femme de caractère aux allures presque indiennes bien décidée coûte que coûte à retrouver son petit fils . Kevin Costner trimballe sa carcasse d’ancien sheriff un peu désabusé , lucide sur le poids des ans et embarqué par la femme qu’il aime toujours dans cette quête pour récupérer le « sang de son sang » ! Il joue sur du velours de son image et campe un « héros de l’ordinaire », bon père de famille et symbole des valeurs classiques de l’Amérique . Son interprétation est minimaliste et son registre familier.
Ce film, adapté d’un roman de Larry Watson, a un vrai charme , à mes yeux . Le couple Lane-Costner fonctionne très bien . Ils ont joué ensemble les parents de Clark Kent dans le » Man of steel » de Zach Snyder. Le film va monter « en tension » au fil des rencontres avec la belle famille de leur bru . Jeffrey Donovan , par son interprétation bien 1er degré du redneck souriant , insistant et menaçant , membre de cette « belle famille », instille instantanément la tension & l’incertitude qui ne lâcheront pas le film jusqu’à la fin.
A sa vision , on pense au Cinéma de Taylor Sheridan (« Comancheria », « Wind River » ) alliant toujours un genre , souvent le thriller, mais en n’oubliant pas en second plan de parler de problèmes plus sociaux comme la situation des indiens en Amérique contemporaine . Les autres influences perçues sont le Cinéma de Michael Cimino (« The Deer Hunter » « The Sunchaser ») avec ce côté « naturaliste nostalgique » appuyé par quelques notes de guitare rappelant les « beaux jours » du cinéaste . On pense aussi à Sam Pekinpah (« Guets Apens) lors de l’affrontement final qu’on voit bien arriver.
Les grincheux amoureux des films « cheveux gras idées courtes » trouveront le film académique et « creux » (Télérama) mais le film ne s’adresse pas à eux. Bien que pour la nouvelle génération les noms de Diane Lane & Kevin Costner ne sonnent pas comme des évidences en termes de notoriété & d’attractivité , le thème du film est universel & se rapproche du film de genre(« polar familial » aux accent western) dans la deuxième partie .
« Let Him Go » fait partie de ses films « sacrifiés » par la crise sanitaire du Covid . Sorti au Cinéma en salles aux USA dans une période intermédiaire où la situation n’était pas éclaircie , le film a fait 8 Millions de $ de recettes au Box Office en étant « en tête » , cela veut tout dire . En France il est sorti aussi sur grand écran le 16 juin dernier et avec quasiment « 0 » promo , il a engrangé 12 000 entrées et s’est vu très vite retiré des écrans .
C’est pourtant un vrai plaisir de retrouver le couple Lane-Costner dans un film simple aux accents nostalgiques mais au final assez efficace .