Joséphine Japy une actrice prometteuse : Elle a tout d’une grande !

Joséphine Japy est née le 12 juillet 1994 à Paris . Cette jeune femme de presque 25 ans est encore inconnue du grand public , actrice discrète au jeu tout en finesse et naturel , elle a pourtant tourné dans quelques films marquants . 

Elle a alterné les tournages en variant ses prestations et c’est très tôt qu’elle débute devant la caméra exigeante du directeur de la photographie devenue cinéaste , celle d’Yves Angelo dans « Les Ames grises ».

Elle apparaît donc pour la première fois à l’écran à l’âge de 10 ans dans « Les âmes grises » d’Yves Angelo (2004) réalisateur du « Colonel Chabert » et adapté d’un roman de Philippe Claudel .

C’est d’ailleurs elle étendue sur le sol qu’on voit lors des premières images du film .

La voix off dit « La petite on la surnommait belle , même belle de jour… ». C’est vrai que déjà petite Joséphine Japy , « graine d’actrice » a cette beauté qui dégage de la simplicité naturelle , qui la rend « désarmante » et qu’elle va conserver au fil de sa « croissance cinématographique » et personnelle ! Mais au delà de sa belle apparence physique évidente son jeu est juste et assuré même lors de sa première apparition à l’écran.

Elle est entourée , enfant (c’est bien elle sur l’affiche et sur la photo au maquillage) donc de Marina Hands et Jean-Pierre Marielle. Jacques villeret et Denis Podalydès complètent la distribution. Le film est ambitieux et singulier . C’est l’adaptation du roman de Philippe Claudel . Le côté étonnant c’est que le scénario écrit à quatre mains par Philippe Claudel & Yves d’Angelo était déjà prêt avant la sortie du roman ! L’histoire se situe dans un village en bordure de front en 1917. Joséphine n’a que quelques scènes en servante demandée par le procureur (Jean-Pierre Marielle) lors d’un dîner avec la nouvelle institutrice (Marina Hands) . Néanmoins elle est vraiment mignonne et expressive lors des regards qu’elle jette lors de ce dîner . Yves Angelo fera un gros plan de son joli minois lors de la scène de la main sur sa joue avec Jean-Pierre Marielle . C’est plus un film d’ambiance avec des personnages forts campant des notables ambivalents,  et des zones d’ombre avec la guerre en toile de fonds .  « Les âmes grises » est un film ambitieux mais avec un côté aride et austère assumé , une distribution « choisie » et une certaine exigence (« Tout pose question et réflexion dans l’histoire  » déclare Philippe Claudel dans le making of ). Le roman a reçu le prix Renaudot et a connu le succès et la reconnaissance. Paradoxalement malgré une belle prise de risque et un vrai parti-pris artistique le film n’atteindra pas le succès escompté. Mais c’est déjà un beau choix à consonnance « littéraire » pour Joséphine Japy de commencer dans un film exigeant et de qualité.

C’est son deuxième rôle , celui de Marie,  qui va lui faire rencontrer le grand public et le succès avec 2 millions et demi d’entrées France, « Neuilly sa mère » (2008) de Gabriel Julien Laferrière  !  Cette comédie pré-ado est basée sur l’adaptation d’un petit garçon beur de 14 ans (Sami )vivant dans une banlieue (Châlon) et « parachuté » chez sa tante mariée à un notable à cheval sur les bonnes manières .

Le pitch se résume en ses termes sur un site spécialisé Cinéma (Allo-ciné) : » …Dans leur hôtel particulier de Neuilly, Sami va devoir partager le quotidien de Charles, son cousin du même âge, plein de préjugés racistes et obsédé par son ambition de devenir un jour… Président de la République !Heureusement, au très chic collège privé Saint-Exupéry où il fait une arrivée remarquée, Sami tombe sous le charme de Marie, la plus belle fille de la terre… » Et la « plus belle fille de la terre » est jouée par… Joséphine Japy a 15 ans et son « joli minois » touche le cœur de Sami incarné avec drôlerie par Samy Seghir.

En 2011 Joséphine Japy est aux côtés de Vincent Cassel dans une sorte de thriller médiéval réalisée par Dominik Moll ( « Harry, un ami qui vous veut du bien » ) adapté d’un roman gothique du britannique Matthew Gregory Lewis auteur du XVIII ème siècle  . L’action de « Le Moine » se passe en 1595 essentiellement dans un monastère où officie un prédicateur charismatique et intransigeant , Ambrosio (Vincent Cassel). Les prêches du rigoriste sont écoutées avec ferveur et admiration. Mais ce moine habité par la foi (« N’épargnez aucune peine pour élever votre âme à dieu) va vaciller face à « une tentation maline » et la réalisation de rêves prémonitoires . le film était ambitieux et épuré, avec une tonalité surnaturelle , un aspect rugueux et austère,  avec un vrai travail sur la photographie pour retranscrire une reconstitution historique et une ambiance mystique et inquiétante . Joséphine Japy campe une jeune femme de bonne famille , fille d’un noble déchu. Son personnage est périphérique mais capital dans cette intrigue tourmentée où l’intraitable prédicateur va se perdre dans les méandres de la chair et de l’amour. Joséphine Japy porte bien le costume d’époque , apparaissant en madone innocente et tentatrice malgré elle . L’actrice a deux très belles scènes avec Vincent Cassel et son jeu est juste et assuré. Elle confirme son talent et sa beauté classique naturelle fait merveille. Malgré tout « Le Moine », un temps pressenti pour Cannes et finalement non sélectionné , passera inaperçu et atteindra péniblement les 100 000 entrées France  . Son audience confidentielle atténue son impact mais marque aussi la progression de Joséphine Japy attaché à un projet de qualité et singulier.

En 2012 sort le biopic sur Claude François « Cloclo » de Florian Emilio Siri où Joséphine Japy campe une France Gall plus vraie que nature aux cotés de Jeremy rénier , mélange d’innocence et de cœur brisé puisque Claude François était jaloux de son succès . Le film atteindra presque les 1 800 000 entrées.

La Semaine de la Critique en séance spéciale a accueilli , en mai 2014,  « Respire » de Mélanie Laurent où Joséphine Jappy partage le premier rôle et l’affiche avec Lou de Laâge . L’histoire est l’amitié toxique entre Charlie , élève timide et bienveillante incarnée par Joséphine Japy et Sarah , jeune femme vénéneuse et manipulatrice, jouée par Lou de Laâge . Le film recevra une longue standing ovation à la fin de la séance.

Avis Cinefeel de 2014 : « Respire » de Mélanie Laurent avec Joséphine Japy, Lou de Lâage , Isabelle Carré, Claire Keim…

Présenté à la Semaine de la Critique Cannes 2014 /Vu le 22 mai 2014 

Un des premiers plans du film, la caméra est au sol, des cris, des pleurs sont audibles. Scène du petit déjeuner Charlie (Joséphine Japy), adolescente au visage mangé par ses cheveux a le nez dans son bol. Sa mère (Isabelle Carré) l’a eu à 18 ans et son père fait des va et viens chaotiques dans le foyer familial au grès des ruptures et des aventures.

La vie de Charlie est assez banale. Lycéenne bien intégrée, elle a ses ami(e)s et connait les affres de l’adolescence, les premiers émois, et les amours éphémères. Seule particularité elle est asthmatique. (D’où le titre et la séquence de fin assez bien vue) .Sarah arrive en cours d’année et s’assoit à coté de Charlie.

Tout de suite une complicité s’installe entre les 2 adolescentes, dévastant les petites habitudes. Sarah part en vacances avec Charlie et sa mère, dort à la maison, téléphone et devient une confidente indispensable. Mais la jolie Sarah (Lou de Laâge) s’avère susceptible, autocentrée, à fleur de peau et envahissante ! Serait-elle « une perverse -narcissique » ?

L’osmose entre les deux jeunes filles va se craqueler et les rapports se durcir jusqu’à s’inverser dans un rapport de dominé/ victime et dominant /mal intentionnée ! La tension va s’avérer toxique et dévastatrice.Un jeu pernicieux va alors s’instaurer et un dénouement inattendu va clore l’histoire !

La réalisation de Mélanie Laurent est plutôt fluide (ralentis) et sobre. Le film pourrait se présenter comme une « Vie d’Adèle non consommée » !

Joséphine Japy, très juste dans le film, découverte en France Gall dans « CloClo », a dit « C’est une histoire d’amitié passionnée en aucun cas un sentiment amoureux » ! Le Personnage de Charlie, conspuée par Sarah lui avoue « Ce que je déteste c’est quand on n’est pas ensemble ! » Le sentiment amoureux est quand même latent et un phénomène d’addiction s’installe entre Charlie le plus sensible des deux et Sarah aux phrases assassines et aux postures cruelles et perturbantes !

Mélanie Laurent (« J’ai voulu faire un film sur « la détestation ») sait filmer l’adolescence, âge de l’affirmation de soi (n’évite pas le  côté peut être « scolaire » l’espace d’une scène sur la définition de la passion au lycée) mais porte un regard touchant et moderne sur cette histoire de filles et de femmes.

Le script est adapté d’un roman d’Anne Sophie Brasme publié en 2001.Son film m’ a fait penser par quelques touches au cinéma de François Ozon, cinéaste éclectique. On lui souhaite donc de transformer l’essai (je n’ai pas vu « Les Adoptés » aux avis partagés).

Joséphine Japy & Mélanie Laurent en interview:

« Respire » permit à Joséphine Japy et à Lou de Laâge d’être toutes les deux  nommées aux Cesars 2015 dans la catégorie Meilleur Espoir Féminin. Et c’était vraiment mérité . Elle reçut pour ce film le Swann d’or de la meilleure révélation au festival de Cabourg .

Elle va mener de front des études sciences politiques à Lyon et continuer de tourner . Joséphine Japy a une tête bien faite et bien pleine . Mais ce qui frappe le plus chez cette actrice, quand on la rencontre « en vrai » c’est son naturel bienveillant et souriant , elle est polie et posée , trouvant , là aussi le ton juste pour échanger avec les gens du public .

Sa filmographie va s’étoffer de films passés presque un peu inaperçus comme « Un village presque parfait » (2015) , « Irréprochable » (2016) de Sébastien Marnier , futur réalisateur de « L’heure de la sortie » . Elle a aussi tourné dans « Paris-Willouby » (2016) comédie familiale chorale douce amère dans l’esprit d’un « little Miss Sunshine » à la française .

En 2018 Joséphine Japy rempile pour la suite de son premier succès populaire « Neuilly sa mère , sa mère » ! Ce deuxième opus rencontrera son public en frôlant les 1 200 000 entrées.

Hugo Gélin va lui offrir un rôle en or ,dans une RomCom drôle et enlevée, en incarnant  Olivia , femme inaccessible que doit reconquérir Raphaël (François Civil) . Elle trouve avec « Mon Inconnue » (sortie le 03 avril 2019) une partition idéale pour son talent  et son jeu à la fois frais , délicat et juste . Sa transformation de chrysalide ( qd elle est lycéenne et puis simple prof de piano et épouse d’une star de l’édition ) à papillon en soliste de renommée internationale est vraiment épatante . Le couple que forme François Civil et Joséphine Japy à l’écran dégage une alchimie et un charme permettant d’adhérer à la problématique romantique et donc au film . Cette actrice a une classe et une délicatesse naturelle . Elle fait aussi preuve d’une gentillesse non feinte et de qualités humaines  lors des avant-premières . « Mon Inconnue » d’Hugo Gélin (« Comme des frères » / « Demain tout commence » ) devrait être le tremplin idéal pour cette comédienne prometteuse et déjà en or sachant alterner films exigeants ou intimistes et comédies accessibles.

Espérons que le public la consacre avec ce film « populaire » au bon sens du terme où le tempo de la comédie est jumelé avec un vraie histoire d’amour réussie . Vu les premières réactions des projections le film devrait rencontrer son public et le bouche à oreille fera son œuvre .  Ce succès public serait mérité et il nous permettrait de voir cette actrice délicate et avec une classe naturelle , de plus en  plus sur le grand écran . Que les « professionnels de la profession » lui offrent encore de beaux rôles pour notre plus grand plaisir de spectateur !

Qu’on se le dise , Joséphine Japy a tout d’une grande.