« I care a lot » de J Blakeson avec Rosamund Pike , Diane West , Peter Dinklage , Eliza Gonzalez …
Disponible sur Netflix à partir du vendredi 19 février 2021
(Marla Grayson -Rosamund Pike en mode « Ferrage de proie » ) *
« L’intégrité est une blague inventée par les riches pour que les pauvres restent pauvres » , la voix off féminine donne le ton d’emblée . Comme une « note d’intention » ces quelques mots suivis d’autres bien cinglants vont se confirmer tout au long du film . La comédie noire va côtoyer le thriller avec jubilation ! « I care a lot » traduisible par » Je m’en soucie beaucoup » ou « J’y tiens beaucoup » résume bien la philosophie de l’héroïne principale . Marla Grayson est une tutrice , au look impeccable , dont le leitmotiv principal est l’argent & comme corollaire logique , la cupidité . Derrière son apparent dévouement , elle a tissé sa toile de connivence avec les corps intermédiaires, médecin , chef d’établissement spécialisé permettant de « plumer » des petits vieux & fait bonne figure auprès du juge des familles . Son petit business a trouvé son rythme de croisière mais l’avidité faisant toujours son œuvre , elle va jeter son dévolu sur un « cas en or » , « la bonne affaire » , une femme retraitée sans enfant riche , une certaine Jennifer Peterson (Dianne West) à « héberger d’urgence » et par voie de conséquence à dépecer dans les fait ! Et c’est le début des ennuis car la petite dame tranquille n’est pas forcément celle qu’elle prétend !
« I care a lot » est à la fois malin , enlevé et tordu à souhait ! Le mécanisme bien huilé du départ dérape sous nos yeux tout en étant très fluide . Attaché d’emblée aux personnages écrits par J Blakeson et en premier lieu celui de Marla Grayson , on se demande comment les virages scénaristiques vont être négociés et si les ressorts vont nous attraper ou nous laisser sur le bord de la route .Le réalisateur trace sa route , ne perdant pas de temps en tergiversations, le rythme est soutenu bien boosté par la musique de Marc Canham donnant une tonalité pop à l’intrigue tenue de bout en bout et à l’ensemble ! Cela faisait bien longtemps que Netflix n’avait pas proposé un film aussi jouissif et inventif .
Bien sûr le casting est judicieux . Rosamund Pike trouve ici son meilleur rôle depuis « Gone Girl » de David Fincher . L’actrice britannique est le personnage « pivot » , manipulatrice, prédatrice téméraire & arriviste dans toutes les pores de sa peau , le « rêve américain » en ligne de mire à atteindre , quoi qu’il en coûte ! « Je ne perds jamais ! »
C’est « le négatif de la blonde Hitchcockienne », pas victime mais meneuse de jeu , une arnaqueuse reptilienne « chanceuse » & sans scrupules ! La comédienne semble se délecter à jouer cette « bad girl » en col blanc égocentrée & clinique dans ses agissements laissant peu de place au sentiment.
Peter Dinklage (« Games of Thrones » / « 3 billboards Outside Ebbing Missouri ») incarne de manière « pathologique » , un caïd de la mafia ,apportant une touche d’humour et de froideur folle salvatrice.
Diane West , beaucoup vue chez Woody Allen , l’espace de quelques scènes , apporte aussi sa pierre à l’édifice de cet ensemble vraiment fun ,punchy & amoral .
« I care a lot » peut aussi être perçu, dans sa dimension sociétale , comme un « instantané » , comme un miroir pas si déformé d’une Amérique Trumpienne décomplexée, affairiste & sarcastique dont l’argent reste la valeur-étalon commune .