« Et les mistrals gagnants » d’Anne-Dauphine Julliand

« Et les mistrals gagnants «  d’Anne-Dauphine Julliand ; Documentaire sorti le 1er Février 2017 / Vu en salles (MJC Picaud Studio 13 Cannes) le 24/03/2017

Ce documentaire est un condensé d’émotions , un miroir bienveillant sur 5 petits bouts de choux , tous atteints de maladies graves où les médicaments, les protocoles et les perspectives de greffes ou de chimio sont bien réelles . La Vie est en sursis pour ces toutes jeunes pousses courageuses et philosophes , de 5 à 9 ans . L’hôpital , les médecins , les traitements médicamenteux sont leur quotidien mais la Vie de famille, les potes d’hospitalisation, les activités d’éveil ou sportives permettent de se forger un monde parallèle, une échappatoire, fait de plaisirs et de complicité .

Ces portraits croisés sont singuliers et attachants. Anne Dauphine Julliand a su faire de sa caméra un témoin amical mais sans concessions de ses jeunes vies « malmenées » mais avec un sourire et un optimisme jamais bien éloignés .

Ambre, vrai tempérament, pétillante , sourire en bandoulière et transfusion de régulation dans son sac est une petite fille pleine de vie. Elle est adepte du théâtre et du badmington , entourée et aimée par sa famille, atteinte d’hypertension pulmonaire et d’insuffisance cardiaque .

Tugdual a un pote d’hosto , Jason avec qui il joue au Uno et sur lequel il porte un regard fraternel .  Mais il a surtout un problème de peau , s’il tombe, sa peau s’arrache « comme du papier crépon, , fragile comme une aile de papillon … » Les pansements et les bandages isolent son mal .

Imad est soigné par dialyse et attend sa greffe de rein . Il est d’origine algérienne . Il a un tempérament volontaire mais c’est aussi un enfant qui doit faire face à la lourdeur de son traitement . « Je n’aurai plus mal quand je serai mort  »

Camille est un petit garçon qui joue au foot , atteint d’un cancer des os où sa moelle épinière pose soucis . Sa famille est proche de lui; c’est son point de repère, son refuge, son appui, sa force.

Charles est atteint de neuroblastomes et a connu plusieurs protocoles de chimios pour lutter contre les tumeurs malignes . Il aime jardiner, jouer du piano. Il est aussi bien entouré.

La réalisatrice nous propose un voyage à la rencontre de ces 5 personnalités différentes et attachantes . Anne-Dauphine évite le pathos, le glauque et le voyeurisme. La caméra est présente comme une amie témoin des doutes , des joies ,des douleurs ,des complicités de ces enfants.

Face à la maladie, les enfants deviennent philosophes : « Quand on est malade , ça n’empêche pas d’être heureux!  » « Je pense que rien n’empêche d’être heureux !  » C’est une leçon de vie émouvante, une force de l’humain, le naturel de l’enfant face à l’inégalité et une santé précaire . Les enfants vont connaître des bas et des hauts, des up and down , ils restent des êtres sensibles . La gestion de ces enfants malades ne peut se faire sans amour de la part de leur famille mais aussi une logistique et une organisation médicale sans failles.

Pas de culture de la plainte chez ces enfants . « On oublie les choses qui nous tracassent . On a des gens qui nous aiment autour de nous . C’est comme ça qu’on est heureux !  » La chanson de Renaud « Et les mistrals gagnants » démarre sur cette famille où le père transporte dans un carriole Ambre et sa petite sœur, Les 4 autres protagonistes , à vélo, symbole familial fédérateur ,de liberté, apparaissent tour à tour à bicyclette, aussi , face au vent et aux aspérités de la Vie . La force de la chanson alliée aux images d’espoir, de bonheur nous transportent d’émotion. Nous sommes ébahis devant ces enfants « cash » , brut de vérité , de naturel et d’impulsivité !

Philippe Labro , lors d’un échange sur le plateau de « La Grande Librairie » (où Anne Dauphine Julliand intervenait le 23 mars 2017) a d’ailleurs avoué qu’il avait pleuré devant le documentaire. Et il dit que les enfants , n’ayant pas connu les compromis ou les compromissions des adultes sont criants de vérité désarmante !

Que dire de plus ! Le documentaire remporte un beau succès en salles , plus de 200 000 entrées . C’est un film sensible, un instantané bourré de tact, montrant l’importance de la Famille dans l’épreuve,  évitant tout misérabilisme et apitoiement. Ces destins croisés nous touchent en plein cœur que vous soyez enfant, parent ,ou « simple »  adulte ou toujours un enfant sommeille ! Ne faites pas l’impasse et faîte le voyage vers ses 5 personnalités attachantes orchestrée avec talent par Anne-Dauphine Julliand.*

La réalisatrice concrétise son projet avec bonheur et on entrevoit sa personnalité et ses qualités à travers sa vision empreinte d’humanité et d’empathie. Un beau moment d’émotion et de force .

*En 2011, Anne-Dauphine Julliand publie Deux petits pas sur le sable mouillé, qui raconte la vie, la maladie et la mort de Thaïs, sa fille de 3 ans , aux éditions Les Arènes ; ce témoignage remporte un succès important, avec 260 000 exemplaires vendus. Elle a également perdue une autre enfant Azylis atteint de la même maladie ,