« Quelques minutes après minuit » / « A Monster calls » de Juan Antonio Bayona avec Lewis Mac Dougall, Sigourney Weaver, Felicity Jones … Sortie Cinéma le 07 Janvier 2017
« Quelques minutes après minuit » a séduit un nombre imposant de cinéphiles sur les réseaux sociaux mais n’est resté à l’affiche en France que très peu de temps . Ce film mérite pourtant un éclairage bien plus important car son univers est singulier,créatif .Il pourrait enchanter les âmes d’enfants de tous ou les réveiller même si les thématiques développées nous ramène au monde adulte !
Gros plan sur un enfant faisant un rêve agité et la voix off dit qu’il est « trop vieux pour être un enfant et trop jeune pour être un homme » !
Connor est un garçon perturbé par la maladie de sa mère (Felicty Jones) , ses rapports conflictuels avec sa grand mère (Sigourney Weaver sobre et juste) et les tracasseries journalières qu’il subit à l’école .Il est autonome , par la force des choses. Il va trouver dans un univers parallèle onirique un allié de taille , un monstre géant ! Ce dernier va se présenter comme un être mi -homme-mi arbre, un » If » (variété d’arbre mesurant 12 à 15 mètres de haut) avec qui il va dialoguer et qui fera ses entrées spectaculaires… quelques minutes après minuit !
Ce monstre-arbre, sorte de « Groot » sur-dimensionné (personnage des « Gardiens de la galaxie » ) à la voix caverneuse va être un soutien psychologique, moral et onirique pour l’enfant. Il va lui conter des histoires et l’aider dans son chemin personnel face à l’adversité et l’obligation de grandir face aux obstacles de la Vie et au deuil imminent ! Paradoxalement l’If, création imaginaire, va se placer en instrument de « prise de conscience » de la réalité !
Juan Antonio Bayona instille une belle poésie rassérénante dans cette histoire. L’imagerie fantastique est vraiment bien maîtrisée , pas de cartons pâtes cheap pour la créature (même si le monstre a été crée « en vrai » avec le moins d’effets numériques possibles). La force visuelle du film tient à la cohérence de l’ensemble que ce soit dans les moments intimistes ou spectaculaires . La référence à la peinture , lors du pré-générique et des histoires racontées par le monstre , sont à la fois belles et stylisées . Le rendu avec cet « effet -gouache-aquarelle » synthétise la poésie du film et l’appel à l’enfance du conte ! Le réalisateur et l’auteur (Patrick Ness) montrent aussi l’importance des rapports mère-enfant et la communion possible à travers les rêves de deux êtres amenés à se séparer mais qu’un « pont onirique » volontairement créé peut rassembler !
Juan Antonio Bayona a reçu le Goya (équivalent des Cesar pour l’Espagne) du meilleur réalisateur 2017 ! Même si l’espace d’un plan , j’ai pensé à Hitchcock ou d’un autre à Terry Gilliam ou Tim Burton (modérément) , le cinéma de Bayona est vraiment unique et complètement maîtrisé !
« Quelques minutes après minuit » est un très beau film émouvant. Juan Antonio Bayona réussit, en adaptant un livre pour enfant, à matérialiser avec brio et justesse un univers onirique singulier et touchant tout en accentuant la dimension « humaine » du propos. Sur ce segment voisin Spielberg peinait à nous émouvoir , dans un registre moins sombre avec « Le Bon Gros Géant » et une esthétique plus convenue ! Bayona vient d’être choisi pour réaliser la suite de « Jurassic World » produit par un certain Steven …Spielberg ! Espérons que Juan Antonio Bayona conserve sa sensibilité liée à l’enfance ( ‘L’Orphelinat » / « The Imposible » ) et sa réelle capacité à créer des univers ( « Penny Dredfull » réalisation des deux premiers épisodes / « A Monster calls ») avec ce nouveau projet « plus industriel » !
« Avoir la foi c’est faire la moitié de sa guérison » dit le monstre à Conor !