« All the money in the world » / « Tout l’argent du monde « de Ridley Scott avec Michelle Williams , Christopher Plummer , Mark Wahlberg , Romain Duris, Timothy Hutton, Stacy Martin … Sortie Cinéma le 27/12/2017
En 1973, à Rome, un groupe de mafieux italiens enlèvent un jeune américain ,Paul Getty , petit fils d’un richissime magnat du pétrole, J Paul Getty senior (Christopher Plummer) , un vieux businessman avare , retord et ayant un sens particulier de la propriété, même de ses petits enfants. Le milliardaire refuse de payer la rançon de 17 millions de dollars. La mère du jeune Paul , Gail Harris (Michelle Williams), va devoir faire le forcing pour essayer de persuader son ancien beau-père de l’aider. Celui -ci lui envoie son chef de la sécurité Fletcher Chase (Mark Wahlberg). Ce dernier va s’avérer un allié précieux dans cette course poursuite contre le temps !
Ridley Scott a eu quelques semaines pour retourner les scènes où apparaissait Paul Getty senior sous les traits « maquillés » et grimés » de Kevin Spacey méconnaissable ! Les producteurs et surtout Ridley Scott n ‘a pas voulu prendre le risque de voir son film bouder par le public en voyant le nom de l’acteur d’ « House of cards » synonyme de scandale sexuel à Hollywood. Le réalisateur a , alors , engagé Christopher Plummer et retourner toutes les scènes en 6 semaines .
Au delà de cet épisode singulier et quasi unique du process créatif du film , que vaut réellement « Tout l’argent du monde » ? D’un point de vue formel , Scott sait tenir une caméra et les images du directeur photo Dariusz Wolski (Alien Covenant/ Seul sur mars/ Exodus/Cartel…) sont soignées et léchées. La scène d’introduction donne le ton , commençant en noir et blanc et la couleur sépia prend le dessus du point de vue chromatique. Ce qui fait la différence dans le genre du film de kidnapping est souvent la qualité du scénario et la conviction des interprètes .
Ici , Christopher Plummer a une présence naturelle et n’est certes pas le personnage secondaire annoncé . Il campe avec distinction et justesse ce tycoon intransigeant, borné, avare tout court (« Tout a un prix , il faut définir le prix correct » ) et accessoirement de sentiments. Ce patriarche redouté et contradictoire (« J’adore ce petit Paul » / « Je refuse de perdre mon argent ») en quête de retour sur investissement « familial » (« Les enfants font partie de mon sang , elle me les a pris »). Paul Getty, investis dans ses affaires et ses « objets », est un personnage complexe dont les failles sont perceptibles : « Les choses , les objets ne vous déçoivent jamais , ils ne changent pas… » Plummer fait plus qu’un replacement de dernière minute , l’acteur américain , déjà très bon dernièrement dans « Remember » (2015) d’Atom Egoyan fait une composition plus que convaincante . Michelle Williams (re)trouve, enfin , un rôle principal en incarnant cette femme forte , mère de 3 enfants, attachée à la garde exclusive de ces derniers, maladivement « louve » , assez indépendante et forte pour faire face à l’attitude égoïste de son beau père . Sa composition est à l’image du film c’est bien fait et juste mais pour autant il lui manque quelques scènes fortes pour faire une performance mémorable. On sent bien les contours du personnage , l’espace de quelques scènes , à la fois naturelle, ferme, désemparée et combattante. Mark Wahlberg en conseiller du grand père et finalement allié de la mère est plutôt neutre , à l’exception de la joute verbale bien sentie avec le vieux Paul Getty ! Romain Duris a un rôle un peu stéréotypé , surtout au niveau de l’accent. En clin d’œil subliminal , la secrétaire du milliardaire est joué par Stacy Martin , qui se déplace un peu à la façon d’une Sean Young dans « Blade Runner » !
« All the money of the world » est un film moyen maîtrisé , pas forcément un grand Ridley Scott , il manque peut être de rythme , par moments , de tension, de nervosité plus palpable , de rebondissements, d’originalité plus affirmée malgré la belle reconstitution des années 70 et le savoir faire indéniable de Sir Scott (ici sur le plateau avec Michelle Williams). Peut être que la VO apporte un « plus dramatique » non négligeable , j’ai vu le film en VF .Niveau musique Daniel Pemberton a composé un thème assez standard avec une partie « orgues » assez judicieuse et peu exploitée . Un sentiment de « pas assez » ou de « besoin de supplément créatif » et d’intensité domine , pour ma part , malgré des qualités objectives.