The Neon Demon de Nicolas Winding Refn

The Neon Demon de Nicolas Winding Refn avec Elle Fanning, Jena Malone, Bella Heathcote … Présenté en Compétition Cannes 2016 le vendredi 20 mai 2016 Sortie Cinéma le 08 Juin 2016

Nicolas Winding Refn avait clairement déçu avec « Only God Forgives », par son style minimaliste & cru , surtout les nouveaux spectateurs glanés par le succès de « Drive » ! La radicalité n’est pourtant pas absente de la filmo du réalisateur danois jalonnée de films plus ou moins abordables (« Bronson » par exemple ) !

NWR aborde un sujet bateau ,la cruauté dans le  monde des mannequins et la concurrence féroce que se livrent ses beautés longilignes et jetables !

L’héroïne , Jesse , jeune fille de 16 ans à la beauté diaphane, au comportement discret et mystérieux, débarque à Los Angeles et suscite par son succès la jalousie et l’envie de ses congénères plus chevronnées !

I’m a ghost (traduit par Je suis invisible dans les sous titres )

dit l’une d’elle recalée à un casting

On préfère la chair fraîche au lait caillé

Dès le générique de début , le fond d’écran change de couleur et on devine un grain se rapprochant de la peau et du cuir ! Le style visuel recherché, alternant les ambiances colorées et monochromes,  va être la clef de l’adhésion ou du rejet du film ! Le réalisateur danois va apporter un soin perfectionniste , à l’image, aux couleurs (à dominante tour à tour bleu, rouge, blanche…), à la photo, à sa qualité « papier glacé » . Il va user de ralentis, d’effets de mise en scène arrivant à installer un univers clinique et inquiétant ! Séduisant ou irritant ? En tout cas intrigant !

Ce style de Cinéma peut être déconcertant par ses choix délibérés non conventionnels et entraîner facilement la polémique ! Certains réfractaires ont pu dire que Refn se regardait filmer ! Aux partis pris de mise en scène s’ajoute une musique envoûtante, agressive , hypnotique, syncopée , signée Cliff Martinez ! Elle se « symbiose » avec les images comme une tachycardie assumée pour instaurer une sorte d’arythmie sensorielle jouissive !

Elle Fanning est « cute « et mystérieuse en objet du désir et de l’envie, symbole de l’innocence à la réussite insolente et encore juvénile !

Jena Malone réussit une compo ambivalente et malsaine à souhait et « s’offre » les scènes les plus choquantes du film !

Ce que j’attends du Cinéma c’est qu’il me séduise , me surprenne, me déconcerte et en même temps me procure du plaisir !

« The Neon Demon » fait son oeuvre et remplit les critères ! Toutes les cases sont cochées et il ne fait pas « pschit » !

Tout est une question de ressenti , certains y décèleront du vide et de la prétention, ce n’est pas mon cas ! C’est sans doute LE film du festival qui m’a le plus séduit car il a surpris ma rétine par ses partis pris visuels et l’histoire n’était pas celle à laquelle je m’attendais (campagne marketing maline) ! C’est immersif, froid, dépouillé, scabreux, dérangeant ! Une expérience singulière, un réel plaisir hypnotique ! 

Toute une jeune génération risque d’ adhérer (en prêtant l’oreille aux  premières réactions de jeunes cinéphiles à la sortie de la projo) et « kiffer » face à un univers « codé » et stylisé ! Le festival a une longue tradition de films qui ne font pas l’unanimité et où les mots « provoc » et scandales y sont souvent associés ! 

NWR glisse doucement vers le genre « gore-chic » dans la dernière demi heure du film , susceptible de désarçonner les plus sensibles et les plus conventionnels en termes d’épilogues !

Nicolas Winding Refn s’est fait plaisir en réaffirmant ses partis pris et ses influences ! Il ne faudrait pas non plus qu’il devienne une marque, à l’image de ses initiales, présents dans le pré-générique, dans lequel il s’emprisonne lui même  ! Néanmoins « The Neon Demon » par sa beauté formelle et son style cru et stylisé apparaît comme le film le plus abouti au moins au niveau formel de son réalisateur !  Serait il un cousin nordique plus ou moins éloigné d’un  » d’Adryan Lyne » en version sciemment plus provocatrice et « brut »?  Il ne s’est jamais caché de son admiration pour le travail de Gaspard Noé. A la vision du film , l’espace d’une séquence on pense au travail de Clouzot sur les lumières  sur « L’Enfer » resté inachevé.

Avec ce film Nicolas Winding Refn assume son style singulier et arrive à une sublimation visuelle, ce qui permet aussi d’emporter , pour ma part, l’adhésion !  

En 1990 David Lynch avait raflé la Palme avec un autre film dérangeant, novateur et barré : « Sailor et Lula » ! Qu’en sera-t-il ? Réponse le dimanche 22 mai 2016 !

L’accueil a été très chaleureux ! 7 minutes d’applaudissements pour la projo officielle du soir !

NB: Intéressant de voir que Vincent Maraval, auteur d’un coup de gueule « frondeur » sur le Cinéma français fait partie du pool des producteurs du film