« The Beguiled « de Sofia Coppola avec Nicole Kidman , Elle Fanning, Kirsten Dunst, Colin Farrell, Présenté à Cannes le Mercredi 24 mai 2017 Compétition Officielle Cannes 2017 Sortie Cinéma 23 Août 2017
En croisant une correspondante de la BBC à Cannes , elle synthétisa « The Beguiled » comme la rencontre entre « Little women » (‘Les quatre filles du Dr March ») et « Misery » ! Ce qui n’est pas loin de la vérité, le film est adapté d’un livre « A painted devil » de Thomas P Culinan . La seule tempérance à cette double analogie c’est qu’une première version plutôt réussie a été déjà portée à l’écran en 1971 par Don Siegel (« Dirty Harry ») avec Clint Eastwood dans le rôle titre !
Est ce que Sofia Coppola , fille de Francis Ford (producteur du film), à la filmo intimiste, arty et tendance est arrivée à transcender le livre et apporter sa patte à cette nouvelle version ?
Le scénario, l’histoire, le positionnement dans le temps (guerre de sécession aux Etats Unis) sont identiques . Coppola n’a pas eu l’audace de transposer l’intrigue à l’époque actuelle. Un caporal nordiste , un yankee est retrouvé blessé par une petite fille , le soldat va être recueilli et soigné dans un pensionnat de jeunes filles tenu par une directrice à poigne. Après le réconfort et le repos , cet « intrus » va bouleverser la gente féminine dans son ensemble . Ses choix volages vont le conduire à sa perte .
Sofia Coppola table sur la non connaissance du film de 1971 . Elle est maline et très lucide car c’est un des films les moins connus de Clint Eastwood. Néanmoins elle ne renouvelle pas le concept au niveau visuel. La photo est classique, les intérieurs à la bougie (scène des prière collectives) sont beaux mais déjà vus . Seule l’interprétation des actrices , et notamment deux, apportent une valeur ajoutée à « The Beligued » version 2017 .Elle Fanning, joue à la perfection l’ado tentatrice, effrontée, volontairement « à l’attaque » du soldat blessé et sensible à son charme. Nicole Kidman est convaincante en directrice revêche, psycho-rigide, entière, sans pitié et à deux doigts de succomber. Elle emporte le morceau l’espace de quelques scènes , notamment sa mimique lors du dernier repas. Kirsten Dunst a un rôle plus effacé en oie blanche de service, crédule, en attente et séduite par le beau parleur nordiste . Il lui manque LA scène de sexe, celle filmée par Coppola est brutale, animale mais manque cruellement de sensualité, de risque et d’audace ! A noter la présence d’Oona Laurence , la petite fille révélée dans « La rage au ventre » revient donc en « cueilleuse de champignons » ! Colin Farrell fait le job en « victime non consentante », profiteur de la situation à un moment (« Personne ne m’a dit que c’était une maison de folles ») mais n’a pas ce magnétisme ambivalent jouant avec le feu nécessaire comme l’avait Clint Eastwood dans la version initiale.
Un des petits plaisirs du film est d’entendre Kirsten Dunst « faire la classe » en français , Nicole Kidman prononce aussi quelques mots dans la langue de Voltaire !
Au final , l’originalité n’est pas au rendez vous . « The Beguiled » est plaisant, très classique formellement, ironique par de rares moments (le contrôle des points de croix sur le sac mortuaire) malgré ses longueurs et doit son intérêt principal au cast quatre étoiles féminin . Pour le reste peu de chance de retrouver le film au palmarès du Festival de Cannes 2017. A vous de voir , ce sera l’occasion de découvrir pour la plupart l’intrigue et l’histoire adaptées du bouquin. Sofia Coppola,sûrement intéressée par le sujet, compte peut être sur l’ancienneté dans le temps du film de Don Siegel réalisé il y a 46 ans pour séduire les nouvelles générations !
VERDICT : Prix de la Mise en scène Cannes 2017