« The Mule » de Clint Eastwood avec Clint Eastwood , Bradley Cooper, Diane Wiest, Andy Garcia, Alison Eastwood , Taissa Fermiga , Michael Pena , Lawrence Fishburne, Ignacio Sericchio… Sortie Cinéma le mercredi 23 janvier 2019
Earl Stone (Clint Eastwood) est un vieil homme ayant donné sa vie à son métier d’horticulteur-fleuriste aux dépends de sa vie familiale . Au crépuscule de son existence sa petite exploitation est sous séquestre et saisie par la justice. Il va se voir proposer de « simplement conduire » d’un point A à un point B avec un sac dans le coffre de son vieux pick-up . Commence alors un « nouveau métier » à 80 ans passés , celui de mule pour le cartel mexicain de la drogue !
C’est donc cette histoire vraie de cet octogénaire « n’ayant jamais eu un PV au casier judiciaire vierge et décoré de la 2 ème guerre mondiale », Leo Sharp, qui a décidé Clint Eastwood à repasser devant la caméra ! On peut comprendre aisément ce qui a séduit l’acteur-cinéaste de 88 ans. D’abord une adéquation avec son âge , Clint Eastwood apparaît tel qu’il est un vieillard encore alerte , au dos légèrement vouté et à la démarche un peu traînante des pieds !
Le personnage d’Earl Stone est encore un bon vivant « non conventionnel », il s’envoie ponctuellement en l’air avec des jeunes femmes « tarifées » , sympathise avec les trafiquants de drogue & fait des choix généreux avec ses premières payes de « passeur » ! Il est un vétéran de guerre comme l’était le personnage de « Gran Torino » , dernière apparition marquante à l’écran de Clint Eastwood avant « The Mule » (« Une nouvelle chance » de 2012 était sa précédente prestation « officielle » en tant qu’acteur avec déjà des rapports père-fille compliqués) ! Il retrouve d’ailleurs pour l’occasion son scénariste Nick Schenk (« Le Juge » / « Narcos » / « Gran Torino »). Mais ce qui peut , peut être faire écho à l’acteur c’est que pour ce vieil hâbleur désabusé la famille est toujours passée après son travail « J’ai toujours pensé qu’il fallait réussir dans la vie , même si j’étais nul à la maison « ! C’est d’ailleurs sa propre progéniture , Alison Eatswood , avec laquelle il a déjà tourné plusieurs fois ( petite fille dans « Tightrope » en 1984) qui incarne Iris , sa fille déçue et écœurée par un père absent , »jemenfoutiste » et démissionnaire ! « J’ai pas été à la hauteur » dit Earl à Iris , un père à sa fille.
« The Mule » est aussi un miroir d’une certaine Amérique , celle des gens qui doivent travailler après 70 ans , faire face aux revers de fortune quelque soit l’âge où ils apparaissent . La tonalité du film n’est pas pesante , l’humour est distillé par petites touches . C’est plus un sentiment d’épilogue inéluctable alliant une désinvolture décomplexée à une certaine résignation inévitable passant par une rédemption presque désespérée et contrainte par le temps.Malgré le poids des années c’est un réel plaisir de spectateur de retrouver Clint Eastwood incarnant ce grand-père assez courageux, mais finalement en quête de rédemption , un poil raciste au caractère entier et générateur d’empathie . Le rythme de « The Mule » est lent et la narration est linéaire mais cela n’empêche pas l’adhésion. Le film ne fera pas l’unanimité mais ravira les fans de Clint Eastwood , habitué à jouer avec son image de pseudo- réac !
Le casting est malin à l’image de l’acteur-réalisateur principal : Bradley Cooper joue un agent de la DEA qui va croiser Earl . Taissa Farmiga (petite sœur de Vera) incarne avec fraîcheur et modernité la petite fille restée en contact avec son grand père et « lien honnête » qui le rallie à sa famille . Andy Garcia (qu’on reconnaît après quelques scènes seulement) est le chef de la mafia mexicaine . S’ajoute au casting Diane Wiest , Michael Pena & Lauwrence Fishburne.
« Vous imitez bien Jimmy Stewart » dit un des protagonistes envers l’apparence physique d’Earl qui s’est fait beau en veste de costume et cravate. Ce qui est sûr c’est que Clint Eastwood est un acteur familier pour beaucoup & « appartient » à l’inconscient collectif ou du moins à l’histoire du Cinéma .
« Je pouvais tout acheter sauf le temps » . Raison de plus de profiter de ce « testament cinématographique » aux accents autobiographiques.