« Revenge » de Coralie Fargeat avec Matilda Lutz , Kevin Janssens, Vincent Colombe, Guillaume Bouchède … Sortie Cinéma le 07 février 2018 / Vu le mardi 03 avril 2018 / Sortie USA Mai 2018
Jennifer (Mathilda Lutz) est une lolita sexy assumant sa sexualité. Elle est invitée par Richard (Kevin Janssens) , bel homme d’affaires marié, à profiter d’une grande villa avec piscine proche du désert . La tranquillité des deux amants est « troublée » par l’arrivée des deux associés de Richard , Stan (Vincent Colombe) et Dimitri (Guillaume Bouchède) , un jour plus tôt que prévu.En effet les trois hommes ont prévu une partie de chasse dans le désert . La situation va dégénérer , lorsque Richard s’absente une demi journée . Ce dernier n’est pas aussi bienveillant que prévu. Jennifer, laissée pour morte, va devenir la proie de la traque de ces 3 hommes bien décidés à l’achever . Mais l’instinct de survie de la jeune femme va la changer peu à peu en prédatrice redoutable !
« Revenge » est bel et bien un film de genre comme le laisse supposer son titre anglo-saxon et c’est celui du « survival » ! Coralie Fargeat signe ici un premier film réjouissant pour les amateurs de sensations fortes . Les références Cinéma sont multiples et pour la plupart assumées par la réalisatrice. Elle cite elle même « Rambo/First Blood » et « Mad Max Fury Road » et cela se confirme pour le côté guerrière et survivante de l’héroïne dans un milieu naturel hostile. Ce qui est frappant dans « Revenge » c’est la qualité de la mise en scène et la multiplicité des angles (les gouttes de sang perlant sur le sable en gros plan près des fourmis, le plan séquence du duel final dans la maison…) . Les choix visuels (les scènes de délires post hallucinogène, le tournoiement autour de l’héroïne maculée de sang et de suie, la perception auditive « troublée » de Jennifer à un moment donné…) font partie intégrante de la narration et accentue l’aspect sensoriel, immersif et fil du rasoir du film ! Ce qui est intéressant, aussi , en terme de perception du personnage féminin c’est qu’elle garde ses boucles d’oreilles fluo rose, un peu kitsch , en forme d’étoile , comme un vestige de sa féminité toujours présente et une volonté inconsciente de croire en un futur (la bonne étoile) bien mal engagé . Ceci est , bien sûr une interprétation purement personnelle de cet accessoire bien présent néanmoins à l’écran et sur l’affiche américaine .
La musique a aussi son importance pour accompagner ce voyage sanglant sans pitié et crée l’atmosphère stressante permettant d’adhérer à l’angoisse du personnage central . Les accents électroniques anxiogènes font penser au Cinéma de John Carpenter ou à celui de Nicolas Winding Refn . D’ailleurs la scène finale radicale renvoie aussi à l’univers sanglant du cinéaste danois . Coralie Fargeat rappelle , par sa façon « couillue » de filmer , la Kathryn Bogelow des débuts tout en gardant sa singularité . Ce cousinage prestigieux est vraiment ressenti à la vision du film.
Matilda Lutz est aussi une vraie révélation car elle arrive à transcender son personnage de bimbo provocante « victime » du début en une guerrière déterminée face à l’ombre de la mort « annoncée » ! Le spectre de jeu est large et l’actrice italienne s’en sort avec les honneurs.
Après « Grave » de Julia Ducournau , flirtant avec le cinéma d’horreur , « Revenge » aborde un autre genre , normalement anglo saxon, celui du « revenge-survival-action movie » avec un bonheur jouissif et stylé . Une cinéaste est née , Coralie Fargeat a du talent et de la cinéphilie . Le film , pas si bien distribué que ça ,n’a pas rencontré son public en France et c’est dommage. Il a connu un bel accueil au festival de Toronto (TIFF) au Canada et il va sortir aux Etats Unis en mai 2018 . Ce serait une belle récompense de connaître le succès , outre atlantique, pour entériner l’audace et la maîtrise formelle de ce projet singulier,audacieux et redoutablement efficace.