« Otez moi d’un doute » de Carine Tardieu

« Ôtez moi d’un doute » de Carine Tardieu avec François Damiens, Cécile de France, André Wilms, Guy Marchand, Alice de Lencquesain, Esteban… Présenté à la Quinzaine de Réalisateurs Samedi 20/05/2017 11H45 Sortie Cinéma 6 septembre 2017

Erwan Gourmelon (François Damiens) est un démineur breton qui lors d’un test ADN , pratiqué sur sa fille enceinte, future mère célibattante , apprend « par ricochet » de façon indirecte que son père n’est finalement pas son vrai père biologique. Il va partir à la rencontre de ce père génétique « inconnu » ! Par la même occasion il va rencontrer Anna (Cécile de France ), médecin de profession, de manière fortuite, craquer pour elle et se rendre compte qu’elle est la fille du paternel supposé « géniteur originel » !

On pourrait croire avec cette description que « Ôtez moi d’un doute » grossirait le rang des comédies de boulevard aux ficelles plus ou moins appuyées . Or le film est tout l’inverse ! Carine Tardieu (à gauche sur la photo de tournage) a co-écrit avec Raphaèle Mousafir (« Du vent dans les mollets » ) et Michel Leclerc (« Le Nom des gens » ) un petit bijou de justesse alliant les rires et l’émotion.

Car si le point de départ est la filiation et la quête de reconnaissance , le film aborde aussi avec tendresse , émotion et pertinence, la vieillesse, sa gestion et toutes ses conséquences . Anna dit à son père « 10 000 c’est le nombre de repas  que tu m’as préparé après la mort de maman  » . Elle se doit de s’en occuper  . André Wilms (« La Vie est un long fleuve tranquille »), au physique imposant, compose avec une « vérité » confondante, ce vieux monsieur, attendrissant, père déboussolé à la voix posée, aimant et franc entre vulnérabilité et lucidité . La scène où il regarde bouillir son œuf dur dans la casserole , avec un sablier sur la table avec son chien , gueule posée sur sa cuisse est d’une cruauté réaliste implacable sur la solitude de certaines personnes âgées . Le film alterne les moments drôles , le comique de situation, sans tomber dans le « comique gratuit » .Le seul personnage de comédie pure teintée de compassion sociale est Didier joué par Esteban , père de la fille de Gourmelon , « attardé volontaire mais limité » à la voix de Bart Simpson. Le duo belge François Damiens – Cécile de France fonctionne vraiment bien . Damiens est impeccable dans la retenue en père de famille , lui même confronté à une nouvelle filiation . Cécile de France , dont la réalisatrice , à la fin de la séance a dit qu’elle dégageait « une virilité érotique » , est à la fois touchante , forte, « cash » et en attente fébrile . Guy Marchand , revu dernièrement dans la série « 10 pour cent » compose aussi avec sobriété le père « connu d’origine » et offre un beau moment d’émotion quand il prend son fils dans les bras .

Vous l’aurez compris « Ôtez moi ‘un doute » vaut par la qualité de ses interprètes dans leur ensemble et chacun, chacune par leur particularité . la mise en scène est fluide . Ce film est une réussite , par sa simplicité qui en fait sa force . Son authenticité perceptible au niveau des lectures et la dimension sociétale sous tendue transporte le spectateur vers ces personnages instantanément attachants . De l’émotion et du rire , deux ingrédients salvateurs et fédérateurs . On souhaite au film une belle carrière et de recevoir comme il le mérite un accueil chaleureux et enthousiaste identique à celui du public « chanceux » de la Quinzaine des réalisateurs ! Du Cinéma qui fait du bien !