« Mon garçon » de Christian Carion avec Guillaume Canet , Mélanie Laurent , Olivier de Benoît … Sortie Cinéma le 20 septembre 2017
Comme il est précisé dans les entretiens contenus après la bande annonce , le tournage du film a duré 6 semaines en équipe réduite . Guillaume Canet ne savait rien du scénario et du dénouement afin d’être mis dans une situation inconfortable face à l’inconnu. La finalité du réalisateur , obtenir de l’acteur une vérité due à l’obligation de « vivre » son statut dans le film de « père rongé par la peur de perdre définitivement son fils » !
Le slogan de l’affiche est aussi très sibyllin ; Un père, une disparition, une traque. Pourquoi pas revisiter la forme et les codes du polar à la française dans un environnement rude et hostile , la montagne ?
Point de départ : Julien (Canet) est un géologue souvent en voyage , séparé de son ex femme et père d’un enfant de 7 ans . « Julien , c’est Marie, tu peux me rappeler? » dit son ex-femme (Mélanie Laurent) en pleurs avec une voix étranglée . Son fils a disparu lors d’un camp de vacances en montagne . Le père va mener sa propre enquête n’hésitant pas à contourner les lois (effraction, torture…) pour récupérer son fils par tous les moyens.
Le postulat de départ est intéressant .L’histoire est simple avec des accents seventies pour le côté « gars lambda susceptible de se muer en traqueur redoutable ». De plus le film renvoie aussi au caractère universel du désarroi des parents victimes de ces disparitions trouvant encore des échos dans l’actualité récente.
Là clairement Christian Carion s’essaie au polar en s’attachant au côté « chien de chasse » de son héros .La caméra tournoie et suit les lacets de la route sous entendant que l’histoire elle aussi sera sinueuse et la nature hostile. Même si le style est minimaliste ,l’ambition du réalisateur est de se confronter à un genre avec un acteur fétiche (« Joyeux Noël » « L’affaire Farewell »). Pour autant l’absence de virtuosité visuelle et des choix très conventionnels dans la conduite du récit n’impliquent pas assez le spectateur .
Par de rares moments le film peut renvoyer à quelques sentiments anxiogènes déjà ressentis. Par exemple l’oppression d’un lieu isolé tenu par des malfrats en pleine montagne m’a fait penser à une atmosphère à la « Jennifer 8 » (Polar US peu connu de 1992). Mais cette impression de malaise ou d’âpreté n’est vraiment qu’infime et arrive bien tard . « Mon garçon » a quelque chose d’osé mais de pas complètement abouti, là où la tension aurait du être le maître mot le convenu et l’attendu prennent le dessus . Carion n’arrive pas à donner un caractère haletant et fiévreux à son sujet malgré l’implication de son acteur principal en père désemparé et jusqu’au-boutiste .
L’intrigue est focalisée sur ce personnage comme on pouvait construire un film dans les années 70-80 autour d’acteurs tels que Delon par exemple. Mais le scénario est un peu trop minimaliste et le star système n’a plus lieu dans le Cinéma hexagonal actuel .
Un tel sujet aurait pu faire mouche mais il manque une dimension nerveuse et tendue sur la durée. Canet n’est pas à blâmer car il est convaincant et plutôt habité mais ce « pseudo-polar » à la française manque cruellement d’une efficacité à la Fincher ou d’une dimension nature hostile façon « Delivrance » (1971). La tentative est à saluer mais la forme et le fond ne feront pas date . D’autant que la Télévision tend de plus en plus à damer le pion du Cinéma en termes d’audace,de créativité et de réussite artistique. L’ensemble manque de noirceur et de rythme . Une bonne idée à moitié exploitée ne peut pas entraîner l’adhésion .
A noter que Christophe Rossignon producteur de « Mon garçon » et de tous les films de Christian Carion avait produit un brûlot autrement plus novateur au moins au niveau de la forme… »La Haine » (1995).