« Moi Daniel Blake » de Ken Loach avec David Johns , Hailey Squires … Sortie Cinéma le 26 octobre 2016
Le cinéma social semble trouver échos auprès des jurés cannois successifs ! En 2015 Vincent Lindon a obtenu la prix d’interprétation pour son rôle de chômeur quinqua confronté à la dure réalité de la violence sociale et du marché du travail ! Ken Loach, grand habitué des sélections cannoises est reparti avec la Palme d’Or en cette année 2016 !
« Moi Daniel Blake » est donc histoire d’un menuisier veuf de 59 ans, victime d’une crise cardiaque , confronté aux aberrations de l’administration sociale à Newcastle. Il va expérimenter les dysfonctionnements d’un système (britannique en l’espèce) peu protecteur et surtout très formaliste où l’Humain n’est pas l’élément central et encore moins la pierre angulaire ! (Les formulaires de demande de prise en charge d’invalidité font 52 pages) Dans ce monde fait de statistiques et d’employés bornés , il va croiser sur son chemin de galère ,Kathy , mère célibataire de 2 ans , en difficulté et à la dérive sur de nombreux points ! Il va lui offrir sa compassion et son aide !
Même si certains aspects du film peuvent paraître un peu « appuyés » (sur l’aspect inflexible voir « inquisiteur » notamment des chargés de dossiers au job center par exemple) , le propos reste juste et a une résonance assourdissante face au délitement d’un système global ultra libéral et un déclassement en progression des individus en tant que personnes !
C’est d’ailleurs la simplicité du personnage principal et l’aspect dépouillé du traitement de l’histoire qui permettent une adhésion et une empathie naturelle envers ses laissés pour compte ! Les thèmes de la solidarité , l’entraide sont aussi mis en avant .
Le film atteint un niveau d’émotion vraiment rare grâce à l’interprétation des acteurs et à la mise en scène minimaliste flirtant avec le docu-fiction. Certains dialogues sont vraiment poignants
Quand la jeune femme se rend à l’épicerie sociale et dit à Daniel Blake « J’ai tellement faim ! Je suis en train de plonger » Il lui répond : « Tu n’as pas à avoir honte ! » Et quelques temps plus tard elle lui dit « Ne montre plus ton amour, je vais m’écrouler ! »
Le film fait un constat cinglant « J’ai vu des honnêtes gens finir dans la rue » dit une des employés « concernée » du job center. Daniel Blake n’est pas un tir au flanc . »J’ai toujours payé ce que je devais » mais il se confronte aux aberrations d’un système où il n’est plus capable de travailler mais doit envoyer des CV pour toucher ses allocations chômage ! C’est un combattant de bonne foi !
Et dans une des dernières images du film , Kathy lit une partie du discours de Daniel et une phrase résume cette envie d’être respecté au minima et de conserver son identité sociale : « Moi Daniel Blake je ne suis qu’un citoyen , ni plus ni moins ! »
Un propos simple et désarmant ! Un grand film !