Mal de Pierres de Nicole Garcia avec Marion Cotillard , Louis Garrel, Alex Brendemühl… Présenté en sélection Compétition Officielle dimanche 15 mai 2016/ Grand Théâtre Lumière Sortie cinéma 19 octobre 2016
Nicole Garcia aurait rendu sa copie à la dernière minute pour pouvoir être présente à Cannes ! En 2014 elle avait réalisé « un beau dimanche » avec Louise Bourgoin , film intimiste avec un ton vraiment singulier mais passé inaperçu . Adaptation avec son complice Jacques Fieschi d’un roman d’un(e) auteur italienne Milena Agus, avec « Mal de pierres » la réalisatrice passe la vitesse supérieure en termes de « finition visuelle » et de « pertinence de la narration » .
Le film est beau , lent, marqué par une langueur romanesque . Dès les premières secondes les plans s’enchaînent : les jambes de son héroïne (Gabrielle), une vue aérienne de la voiture (avec un travail évident sur le son), les champs lumineux de lavandes… On pense l’espace d’un instant à du Mallick .
Nicole Garcia utilise la maturité de Marion Cotillard pour nourrir son personnage principal à la fois sensuelle, provocatrice, tourmentée, fiévreuse, violente (elle court , elle crie) égarée, aveuglée, entière, au mal de vivre chevillé au corps et forte tête résignée au final malgré elle . L’actrice campe une fille rebelle , mariée de force, désirant plus que tout vivre une vraie histoire d’amour .
C’est « son mal de pierres », sorte de crises dues à des calculs rénaux qui va l’amener dans une maison de cure à rencontrer un être conforme, un officier ténébreux et malade , à ses sentiments et ses aspirations !
Gabrielle est quelqu’un qui veut être libre et qui ne sait pas comment gagner sa liberté
a déclaré Marion Cotillard .
Le film a une forte empreinte de bovarysme * et réussit par moments à vraiment nous emporter dans cette histoire romanesque et tourmentée . Les silences font partie de la narration , apparaissant presque comme « des acteurs-révélateurs » à part entière et accentuent l’aspect littéraire du film .
Même si le film est intimiste , parfois exigeant voir rugueux, ce n’est pas du cinéma autiste ni excluant . Nicole Garcia signe avec « Mal de pierres » son film le plus abouti visuellement et offre à Marion Cotillard un rôle fort et complexe . Le seul bémol est la durée du film qui aurait mérité 20′ de moins.
- Le bovarysme est « un état d’insatisfaction, sur les plans affectifs et sociaux, qui se rencontre en particulier chez certaines jeunes personnes névrosées, et qui se traduit par des ambitions vaines et démesurées, une fuite dans l’imaginaire et le romanesque »