« Madame » d’Amanda Sthers avec Rossy de Palma , Toni Colette, Harvey Keitel , Tom Hughs, Michael Smiley, Stanislas Mehrar…Sortie Cinéma le 22 Novembre 2017
Ouverture :un couple de new-yorkais , sarcastiques et snobs , Anne (Toni Colette) et Bob (Harvey Keitel), en vélib sont à Paris et se « chamaillent » ! Générique sur la préparation de la bouffe à la française , art de vivre, employés de maison dans un hôtel particulier, le cadre et le standing vont être cossus ! Un dîner très « collé-monté » se prépare dans la demeure « bis » de ces américains aisés ! Steven, le fils d’un premier mariage du maître de maison et auteur dilettante, s’invite à l’improviste. Du coup le nombre de convives passe à 13 , la si « parfaite » Anne ne peut tolérer ce « coup du sort » . « Les dîners c’est mon métier …Je suis capable de suivre cinq conversations en même temps ! » . Elle décide, alors, de convier sa bonne espagnole à table en tant que « guest de dernière minute » pour obtenir un nombre pair … Le dîner va prendre une tournure non désirée quand le fils va introduire Maria (Rossy de Palma « habituée » du Cinéma d’Almodovar ) comme une princesse des Asturies « incognito » auprès de David Reville, quinqua anglais en affaire avec Bob et… célibataire !
Pour être honnête j’ai eu un peu peur au début que « Madame » , avec son casting « hétéroclite » international et ses renvois à la culture française ne tombe dans l’indigeste ! Par de rares moments , Paris a un côté cliché (qui plait aux américains où vit la réalisatrice), par exemple les nappes à carreaux sur les tables du restaurant « Le Petit bistrot d’Auteuil » . Des à priori sur un film qui traite en partie justement du sujet , des faux semblants et de l’apparence c’est quand même ironique !
D’abord on est surpris de voir Harvey Keitel en bourgeois aisé, acteur plus habitué aux rôles plus « torturés » ou violents puis on s’habitue à ce Bob , qu’on croirait sorti tout droit d’un film de Woody Allen . Toni Colette joue avec justesse cette femme malheureuse , revêche, désirant tellement dominer et si préoccupé des apparences . Le dîner donne des scènes de pure comédie de situations et de dialogues savoureux avec une Rossy de Palma / Maria « décalée » arrivant à distiller des moments touchants emprunts de gravité et d’autres prêtant plus à sourire ! Sa partition est bien écrite.Les tergiversations adultères et périphériques m’ont moins convaincu !
Cette Cendrillon « factice » au physique singulier d’un soir laisse entrevoir une nature désarmante et bourrée de charme ! Pour autant le stratagème de départ va peu à peu dépasser les protagonistes. Les dommages collatéraux seront -ils inévitables et salvateurs ?
Le film ne manque pas d’humour et de « sidekicks verbaux ». Le ton fait penser par moments à l’univers acerbe de Yasmina Reza . « Madame » dégage aussi une impression d’élégance à l’anglaise dans une ambiance feutrée où l’humour côtoie la dure mascarade des tromperies et des jeux de rôles !
Amanda Sthers évite les écueils du « théâtre filmé » . La scène où Maria, « caressée » par un « vent nouveau » se promène sur le pont dans le dernier quart du film dégage une sensation de liberté et de sensualité par le seul mouvement de la caméra . « Madame » a un côté satire sociale mais c’est surtout une comédie douce amère . La cruauté humiliante entraîne une prise conscience existentielle !
« Madame » est une bonne surprise et un divertissement réussi . Ce n’est pas simplement qu ‘une sorte de boîte de chocolats (sucré)/caramels (salé), de » chocolates and toffees » façon « quality street » mais aussi en filigrane un message optimiste sur la capacité d’aimer même si cela suppose d’y laisser des plumes ! « La Vie c’est comme une boite de chocolats , on ne sait jamais sur quoi on va tomber » cette fameuse phrase prononcé par « Forrest Gump » dans le film éponyme pourrait être aussi l’accroche du film !
« Oui ça vaut la peine d’aimer même ça ne dure pas tout le temps » dit la chanson du générique de fin !