« Lady Bird » de Greta Gerwig avec Saoirse Ronan, Laurie Metcalf, Tracy Letts, Beanie Feldstein, Timothée Chalamet … Sortie Cinéma le 28 février 2018
Christine (Saoirse Ronan) va bientôt fêter ses 18 ans . Elle est « en conflit ouvert d’adolescence « avec sa mère . Elle s’ennuie au lycée où elle reçoit une éducation catholique et se conduit en électron libre . Elle « voudrait qu’il se passe quelque chose dans sa vie » et se rebaptise « lady bird » réaffirmant son côté frondeur, créatif et sa soif de liberté, d’être autonome et donc de « voler de ses propres ailes » . « Je veux aller où il y a la culture, New-York; je déteste la Californie » . Elle refuse la vie toute tracée qu’on lui prédit et ne veut pas reproduire le schéma de ses parents aimants mais fauchés . Elle va aussi connaître ses premiers déboires sentimentaux.
L’action se situe en 2002 et cette histoire écrite et réalisée par Greta Gerwig (à droite sur la photo sur la plateau de tournage) a une connotation largement autobiographique car c’est son histoire personnelle à peine déguisée ou romancée . L’actrice , peu connue du grand public mais déjà avec une riche filmo, a vécu à Sacramento . D’ailleurs elle filme la ville et ses environs comme pour se réconcilier avec cet environnement familier . C’est donc son premier film en tant que réalisatrice « solo » (un film « expérimental Mumblecore » co-réalisé en 2008 passé inaperçu ), ayant un passé de scénariste notamment avec Noah Baumbach (« Frances Ha » / « Mistress in America » ) . La catégorie « Film indépendant » est clairement l’ADN du parcours de l’actrice-scénariste Greta Gerwig et aussi de la réalisatrice.
Même si « Lady Bird » est largement grand public, la forme n’échappe pas à un côté arty-indé assumé. Le parcours de cette ado rebelle en quête d’identité serait un petit peu anodin et rébarbatif si le choix de donner le rôle titre à Saoirse Ronan n’avait pas été fait . L’actrice d’origine irlandaise est le gros atout du film . Tour à tour, réfractaire aux règles, compréhensive, chipie, amicale , spontanée, colérique, superficielle , immature , responsable et volontariste , Christine, grâce à l’interprétation de Saoirse Ronan reste attachante et donne au personnage un capital de départ naturellement empathique . Au delà des ses petits trucs physiques (pointes rouges des cheveux, acné apparent sur les joues…) elle a une vraie présence naturelle à l’écran réaffirmant la justesse de son interprétation . Elle est nommée à 23 ans pour la troisième fois à l’Oscar de la Meilleure actrice.
A part ça on peut être surpris d’un tel déferlement de louanges sur ce « petit » film intimiste, limite dépouillé au niveau du style global, à la facture très classique et à l’histoire assez banale de la vie de lycée,sur les affres ,les interrogations ,les « nouveautés » de l’adolescence , l’envie de s’émanciper et aussi la difficulté d’être parent . Les votants des cérémonies ont pu être charmés par ce côté arty à la fois européen et très américain. La réalisation reste sobre , les personnages sont bien interprétés . On reconnaît la jeune coqueluche du moment Timothée Chalamet (« Call me by your name » ) dans un rôle périphérique de jeune musicos désinvolte, « boy-friend » de transition. Un film simple dont « la petite musique narrative » peut séduire sans atteindre des sommets dans l’émotion ou l’exceptionnel. Le film parlera peut être plus aux jeunes générations avides d’expériences nouvelles et d’identification vis à vis du parcours « frondeur » de Christine « Lady Bird » Mc Pherson !