« The Killing of a sacred deer » / « Mise à mort du cerf sacré » de Yorgos Lanthimos avec Colin Farrell , Nicole Kidman, Barry Keoghan, Raffey Cassidy,Alicia Siverstone… Présenté en Compétition Officielle à Cannes le 22 mai 2017 Sortie Cinéma 1er novembre 2017
Steven (Colin Farrell) est un chirurgien cardiologue reconnu et respecté marié à une ophtamologue (Nicole Kidman) aimante . Ils ont deux enfants un fille de 14 ans Kim (Raffey Cassidy) et Bob le petit dernier de 12 ans (Sunny Suljic). Cette famille aisée fait corps, l’harmonie et l’amour règnent. Un jeune adolescent Martin (Barry Keoghan) , fils d’un des anciens patients décédé de Steven va côtoyer le médecin , jusqu’à en devenir intrusif et menaçant . Comment va réagir la famille face à un ultimatum glaçant et singulier ?
Yorgos Lanthimos s’est fait connaître avec « The Lobster » en 2015 présenté à Cannes et ayant récolté le Prix du Jury . Le film avait permis à Colin Farrell de livrer une belle performance et de découvrir un univers décalé , original , drôle, sombre et cérébral .
Avec « The Killing of a sacred deer » Lanthimos a décidé de laisser le spectateur dans l’expectative, l’attente , le doute tout au long du film . Il instille une atmosphère pesante, oppressante et ambiguë dès le début. Le réalisateur grec laisse planer la suspicion quand aux rapports entretenus entre le jeune ado et le médecin . Un sentiment de malaise est alors installé et il sera présent tout au long du film . La steadycam est largement employée , notamment à l’hôpital et renvoie à Kubrick en accentuant sur le côté « clinique » donné au film.Le réalisateur utilise aussi le ralenti et a une approche cynique et caustique (dialogue entre les enfants sur la potentielle acquisition du MP3 par exemple) .L’utilisation de la musique stridente et inquiétante rappelle le procédé utilisé dans « The Lobster » et apparaît à mes yeux très frontal et inefficace.
Le personnage central du film est l’intrigue elle même ! L’aspect énigmatique du problème « médical » central donne un côté « Shyamalan intimiste » ! Passé le point de départ scabreux et l’ultimatum à consonance médicale qui pèse sur les enfants du couple, c’est bel et bien la conduite du récit , ses différents stades et son épilogue déroutant qui vont nous tenir en haleine. Lanthinos donne un indice sur la clé permettant de résoudre le problème : Martin et son pouvoir « psychique » (confirmation lors d’une scène d’hôpital avec Kim).
Mais Yorgos Lanthinos fait aussi la part belle à ses interprètes : Colin Farrell en médecin barbu, introverti, impuissant, dépassé et (ir)responsable par la force des choses continue de casser son image dans l’univers si spécial du réalisateur grec.
Nicole Kidman campe une femme forte, résistante puis résignée quand à l’évolution inéluctable de la situation.On pense aussi à Kubrick et « Eyes wide shut » dans la façon de tourner la scène devant la glace . Barry Keoghan est détestable à souhait en manipulateur borné,insidieux et destructeur? Le personnage a un petit côté « les Nerfs à Vif » version teenager cérébral, direct et sournois ! Alicia Silverstone fait une courte apparition dans le film .
« The Killing of a Scred Deer » est très spécial , dérangeant, « What the fuck » dirons certains et peut paraître vain quand au dénouement final et à l’approche stylistique et morale aussi quand au choix parental très particulier pris par les 2 médecins dans l’histoire . Quand le générique de fin apparaît , on ne sait pas trop quoi penser de ce qu’on vient de voir: un revenge movie revisité façon cérébrale , un exercice de style tortueux, brillant, malin, hypnotique, bizarre mais pas si facile d’accès , une mise en forme cinématographique des obsessions de Lanthimos ? Sûrement un peu de tout ça ,le film ne fera pas l’unanimité et c’est voulu !
VERDICT : Prix du Scénario Cannes 2017