« Good Time » de Ben et Joshua Safdie avec Robert Pattinson, Jennifer Jason Leigh , Ben Safdie, Barkhad Abdi … Présenté en Compétition Officielle au Festival de Cannes le jeudi 25 mai 2017 Grand Théatre Lumière Sortie Cinéma le 11 octobre 2017 

Dans un New-York interlope et nocturne Constantine Nikas dit « Connie » ,petite frappe au regard noir et à la vie difficile, embarque son jeune frère attardé (Nick) dans un braquage de banque. Le hold-up se passe apparemment sans mal mais les billets sont piégés et un gaz rouge s’échappe du sac dérobé . La police est aux aguets , Nick , manquant de sang froid , va fuir et se faire embarquer . Connie se lance alors dans une quête maladive et obsessionnelle afin de réunir la caution pour faire sortir son frère . L’option de l’évasion va s’imposer lorsqu’il est transféré à l’hôpital et tout ne va pas se passer comme prévu !

Soyons clair « Good Time » n’est pas un film policier ni un thriller comme certains l’ont dit , c’est une chronique dramatique axée sur le parcours chaotique, névrotique d’un looser aux aspirations primaires . C’est une fuite en avant , Connie va se démener pour rassembler la caution nécessaire pour son frère. Il  va croiser une paumée, un dealer en probation, des laissés pour compte. Ses choix vont s’avérer catastrophiques. De plus il a une influence néfaste et un « aura négatif » . Il ne manque pas d’aplomb (« Ressaisis toi ! Tu ne m’aides pas là ! » dit il à la jeune black de 16 ans ) et va s’avérer violent , déterminé et aux portes de la folie face à la spirale irrémédiablement négative dans laquelle il s’enferre ! Sa vie va inexorablement continuer à dévisser .

Ce cinéma de la désespérance totale renvoie forcément à des références prestigieuses . « Good Time » a un côté Abel Ferrara sans le sexe. L’univers noir sans espoir est proche de Paul Shrader. Mais les frères Safdie ne sont pas Scorsese en termes de maestria visuelle , même si le film trouve son rythme. La musique aux accents électroniques et la photo bleutée par moments fait penser aussi au cinéma de Nicolas Winding Refn mais le score de Daniel Lopatin est très loin d’un Cliff Martinez envoûtant. Certains ont aimé cette musique assourdissante. L’ensemble artistique du film ne m’a pas convaincu et cette complaisance dans la désespérance noire peut facilement amener le spectateur vers l’ennui et le vide .

Robert Pattinson a déclaré n’avoir jamais lu un aussi bon script . Son enthousiasme un peu exagéré , à mes yeux, peut se comprendre . En effet l’acteur éphèbe de « Twilight » trouve avec ce looser, désaxé,manipulateur, sans repères ni valeurs , autres que son frère, un rôle en or à des années lumière du registre qui fait sa gloire ! Robert Pattinson est effectivement très bon et très habité et livre une performance jusqu’au-boutiste réussie . Les amateurs de ce genre de Cinéma très noir et désespéré y trouveront leur compte, des qualités objectivement sont présentes et le film a ses fans mais n’est pas grand public.

« Good Time » de Ben et Joshua Safdie