« Fortunata » de Sergio Catelitto avec Jasmine Trinca , Stefano Accorsi, Alessandro Borghi … Sortie Cinéma le 24 janvier 2018
Fortunata (Jasmine Trinca) est une mère trentenaire divorcée , coiffeuse , essayant d’élever sa fille de 8 ans malgré un statut social précaire. Elle veut ouvrir son salon mais travaille pour le moment au noir. Son ex mari est flic , violent et veut reprendre sa fille.Elle est entourée d’un ami , socialement à la dérive, un tatoueur drogué , incapable de gérer sa mère âgée confuse et malade .
Ce film italien réalisé par Sergio Castelitto , a été présenté à Cannes 2017 dans la sélection « Un Certain Regard » . Ce n’est pas incongru, car au delà du portrait de femme c’est un certaine Italie , peu glorieuse et socialement touchée que nous montre « Fortunata ».
Jasmine Trinca est une actrice à part dans le cinéma italien . Vue à ses débuts dans « La Chambre du fils » ou » Romanzo Criminale » elle a pris de l’étoffe et de l’épaisseur comme le montrait déjà « Miele » de Valeria Golino . Avec « Fortunata » , d’un autre acteur-réalisateur, Jasmine Trinca campe avec sensualité une « laissée pour compte » libre mais peu « chanceuse » malgré son prénom .
Elle va rencontrer l’amour ou au moins la passion et le fait de se sentir à nouveau femme avec le psy de sa fille (Stefano Accorsi) . Si cette rencontre apparaît comme une sorte de rédemption , elle l’est aussi pour le spectateur car les scènes avec les deux acteurs , qu’elles soient sur le registre de la séduction,de la fougue ou du conflit désamorcent le côté social plombant parfois trop appuyé du film . Le duo Trinca -Accorsi est charmeur et fonctionne vraiment à l’écran. (La scène à l’aquarium géant est là aussi réussie)
Malheureusement la tonalité comédie ou poétique de « Fortunata » n’est qu’anecdotique. Le réalisateur opte pour une filiation sociale du Cinéma italien réaliste ,aux accents théâtraux et torturés par moments. Et le personnage « cas social » joué par Alessandro Borghi (excellent dans « Suburra ») frôle la caricature , atteinte par sa mère , jouée épouvantablement par Hanna Shygulla. La relation mère -fille de Fortunata est intéressante. La scène d’ouverture, filmée à hauteur des jambes , pour montrer le mimétisme vestimentaire est un clin d’œil visuel réussi. Le conflit et la rébellion seront pourtant de mise.
Reste une actrice de talent, mine défaite , sexy, habitée par son personnage, à la fois émouvante en « belle héroïne-combattante du quotidien » , jouant de son regard ensorceleur et empreinte de mélancolie et rage déployant une énergie désenchantée .
« Fortunata » vaut essentiellement pour son actrice (Jasmine Trinca) et les scènes partagées avec Stefano Accorsi .Un plaisir en demi-teinte atténué par des partis pris « frontaux » manquant parfois de subtilité. A voir bien sûr en VO pour le charme évident de l’italien.