Divines d’Houda Benyamina avec Oulaya Amamra,Déborah Lukumuena,Jisca Kalvanda … Sortie Cinéma le 31 Aout 2016 Sélectionné à Cannes à la Quinzaine des réalisateurs
Disons le tout de suite j’allais voir le film un peu à reculons ! Un speech trop long et surtout pas très fin et nuancé lors de la remise de la Caméra d’or à Cannes m’avait refroidit !
Et c’est en « laissant refroidir » ce ressenti jusqu’à sa sortie fin août que je décidais donc de tenter « Divines » le premier film d’Houda Benyamina ! Des retours très positifs sur Twitter et une interview , beaucoup plus posée cette fois de la réalisatrice finirent de me décider !
D’abord ce qui surprend c’est la maîtrise technique et visuelle du film (utilisation de gros plans , ralentis , images version I phone, flous sciemment distillés… ) ! Dès le premier plan, le tempo est donné! Une musique arabe , une image « kaléidoscopée » d’une mosquée, une porte « mouchetée » , une ado « beurette » appelle une jeune black sur son smart phone durant la prière … En une scène d’ouverture les personnages existent déjà ; une histoire d’amitié forte entre les 2 protagonistes dans une cité !
Une forte tête « démerde » plus que tentée par la transgression, l’argent facile, le danger et une suiveuse bonne copine, influençable et complice.
La réalisatrice nous montre à travers le personnage de Dounia , l’engrenage tentant vers la délinquance, le crime et l’argent facile si « moteur » pour ces jeunes aux parents démissionnaires et aux rêves de luxe « classiquement » inaccessible ! Dounia, impétueuse et frondeuse, va travailler pour Rebecca la dealeuse en chef du coin , sans pitié ni scrupules !
Ce qui est vraiment intéressant dans le film c’est qu’on a jamais l’impression de regarder « un film de banlieue » mais plutôt un film noir aux accents US ! Tu m’étonnes que le réalisatrice soit courtisée par les studios hollywoodiens! Les scènes de cabaret et de boites de nuits sont rythmées , très bien filmées n’ont rien à envier aux films américains en terme d’efficacité visuelle. Au delà du contexte social , »Divines » est un vrai film uppercut ! C’est violent, intense , noir, les personnages sont attachants .
Oulaya Amamra fait une prestation sans faute et incarne avec justesse, fougue , rage et émotion cette jeune ado rebelle , inconsciente du danger et finalement sensible ! Elle a des faux airs de Maria Schneider , l’héroïne de « Le dernier tango à Paris » ! Les autres actrices sont au diapason :, Déborah Lukumuena (Maïmouna) la meilleure amie et Jisca Kalvanda la « kaïra-caïd » inquiétante sont aussi justes et « naturellement » convaincantes !
On sent qu’Houda Benyamina a mis ses tripes dans son film ! Mais pourtant c’est construit, avec des partis pris « gagnants » ! C’est une belle idée de faire naître une histoire d’amour en parallèle avec un danseur et de mêler dans la narration visuelle les chorégraphies dansées avec les événements qui se déroulent . Les choix d’accompagnements musicaux sont judicieux : musique rythmée, hip hop, opéra … Le côté bluffant du film c’est son aspect thriller mâtiné d’un côté docu fiction avec une histoire d’amitié centrale et une histoire d’amour périphérique. On pense au cinéma d’Audiard ou à celui d’Abel Ferrara , en tout « Divines » est une divine surprise et un vrai coup de cœur ! Le film arrive à nous scotcher par son ton à la fois singulier et référencé ! Un vrai uppercut d’émotion et surtout l’essentiel un vrai plaisir de Cinéma ! Houda Benyamina évite les écueils d’une première réalisation et ne se positionne pas dans la catégorie film « cheveux gras -prise de tête » tellement prisée par certaines critiques cérébralo-branchées.Les césars devraient récompenser au minima la réalisatrice par la statuette du Meilleur Premier Film et du Meilleur espoir pour sa jeune actrice principale !
PS: Comme un clin d’œil « anecdotique » à l’authenticité de l’entreprise, au delà des nombreux co-producteurs principaux , le film a bénéficié du soutien (financier) du Doha Film Institute , donc du Qatar, investisseur déclaré dans les banlieues françaises !