« Désobéissance » de Sebastian Lelio avec Rachel Mc Adams , Rachel Weisz , Alessandro Nivola… Sortie Cinéma le 13 juin 2018 . Vu le 02/07/2018
Ronit (Rachel Weisz) est une femme indépendante , photographe à New-York . Elle « renoue » avec la communauté juive orthodoxe de son enfance et de sa jeunesse quand elle apprend le décès de son père rabbin , le « Raw » . les liens s’étaient plus que distendus . Elle revoit sa meilleure amie de l’époque , Esti (Rachel Mc Adams) enseignante et son cousin Dovid (Alessandro Nivola), rabbin, devenu l’époux de cette dernière.
Les sentiments amoureux entre les deux femmes sont restés intacts . La flamme va se raviver naturellement, les choix seront difficiles et le libre arbitre pas si facile à trouver. Le film aurait pu s’appeler « une étrangère parmi nous » (film de Sidney Lumet de 1992 ayant « traité » de la communauté hassidique , juifs orthodoxes de New York ) , tellement Ronit semble s’être émancipée de « son milieu d’origine » !
La première partie de « Désobéissance » est un peu longue comme si Sebatian Leilo voulait nous montrer la monotonie d’une vie codifiée , corsetée par les rites et les traditions . L’environnement est gris, hivernal et dépouillé. L’immersion se fait aussi par l’image .
La tonalité est un peu austère , tout comme les vêtements noirs portés par Esti et la perruque standard correspondant à la norme capillaire de la femme au foyer. Mais lorsque les deux femmes se retrouvent, peu à peu, le questionnement d’Esti ne va pas durer plus que de raison . Elle voit en Ronit une possibilité de retrouver son amour perdu de jeunesse et au final d’une vie. Son sentiment volontariste va se heurter aux obligations et au poids de son engagement vis à vis de Dovid. Va t-elle trouver la force de changer de vie et d’assumer pleinement son unique amour pour une autre femme? La Liberté est-elle si facile à prendre ?
Disons -le tout de suite « Désobéissance » doit et vaut beaucoup , au delà de l’histoire singulière et du contexte spécifique , au magnifique duo d’actrices des « deux Rachel » ! Alessandro Nivola, méconnaissable, a des faux airs de Michael Fassbender et incarne avec justesse son rôle de « mari rigide aimant » désemparé face à l’incompréhensible.
Rachel Mc Adams trouve ici l’un de ses meilleurs rôles en femme amoureuse, consumée par ses sentiments et déchirée face aux conventions si pesantes et à la normalité quotidienne si ennuyeuse et « carcérale ». Elle montre bien le registre de jeu dont elle est capable au delà des rôles de comédie qui l’ont consacrée . Son personnage de femme effacée et tourmentée est magistralement interprétée avec justesse et émotion.
Rachel Weisz est aussi , tout en subtilité et caractère, cette « fille prodigue égarée » affirmée et compréhensive mais souffrant aussi de son émancipation forcée l’exilant de sa communauté et de sa famille . Les deux comédiennes prêtent leur beauté et leur sensibilité aux personnages et donnent un supplément d’âme émouvant et fédérateur à leur interprétation.
Le film n’a pas comme sujet , à mes yeux, l’homosexualité , mais montre la difficulté de vivre une histoire d’amour « féminine » à travers le portrait subtil de ces deux femmes si différentes et pourtant fusionnelles. « Désobéissance » est empreint de nostalgie, aborde aussi la dureté du temps qui passe trop vite et la difficulté d’appréhender et de gérer les « événements de l’intime ». Le renoncement raisonné sera-t-il la seule alternative face à la force de l’Amour non conventionnel ?
A la vision de « Désobéissance » et de ses qualités on se demande vraiment pourquoi il n’a pas été sélectionné à Cannes ou dans d’autres festivals prestigieux ! En tout cas le duo d’actrices avec un A majuscule mérite une vision par le plus grand nombre et une exposition plus forte malgré une distribution « parcimonieuse » et en catimini estivale du film.