« Corporate » de Nicolas Silhol avec Céline Salette , Lambert Wilson, Violaine Fumeau, Stéphane De Groot … Sortie Cinéma le 5 avril 2017
« Les personnages sont fictifs mais les méthodes de management sont réelles « L’avertissement du début imprime dès le départ la tonalité spécifique du film et la volonté affichée du réalisateur de décrire et dénoncer une certaine réalité sociale. Car ici , c’est bien le monde inhumain de l’entreprise qui est abordé. Des process seraient donc en vigueur pour pousser certains salariés « ciblés » à la démission. C’est le cas d’un cadre , dépressif suite à des refus de mutations qui se suicide sur son lieu de travail. Emilie Tesson-Hansen (Céline Salette), working girl sans états d’âme, est la RH en charge du dossier. L’inspection du travail se montre de plus en plus pressante et sa hiérarchie est à deux doigts de la lâcher. Ce faits divers social favorisé par la politique maison sera t-il pour elle une sorte de rédemption difficile ou gardera t-elle un comportement « corporate » fidèle à son patron jusqu’à la damnation ?
Laurent Cantet avait réalisé « Ressources Humaines » en 2000 où le monde de l’entreprise calculateur et destructeur était montré à travers les yeux d’un stagiaire au RH , fils d’ouvrier de l’usine. Le portrait était juste et avait un côté docu-fiction .
Ici Nicolas Silhol s’est certes documenté mais donne à son film un côté thriller psychologique tout en faisant un portrait de femme fragilisée par son addiction au travail et l’aspect toxique de celui-ci . Céline Salette est à la fois intransigeante en killeuse bien rodée, fragile en femme en danger, vulnérable en épouse-mère et déterminée en « bourreau »repentant bourrée de remords ! L’actrice est très convaincante . J’aurai bien vu dans le rôle titre Marion Cotillard mais je dois reconnaître que Céline Salette (« L’appolonide »/ « La French »/ « Saint Amour ») change de registre avec justesse. Lambert Wilson est efficace en patron manipulateur et sans code moral . La révélation du film est Violaine Fumeau jouant l’inspectrice du travail . Son rôle est bien écrit et son naturel fait merveille .
Le monde du travail dans les grosses sociétés peut être impitoyable (l’entreprise dans le film a 90 000 employés , 800 au siège et 73 à l’antenne où travaille Emilie). Il peut être synonyme de violence, instrumentalisation, rapports de force, incitation à la mobilité… Le film arrive à être distrayant sans tomber dans la caricature tout en gardant son aspect social dénonciateur et témoignage sociétal ! Nicolas Silhol signe un premier film prometteur rythmé et tendu !