Comancheria de David MacKenzie avec Chris Pine , Jeff Bridges , Ben Foster … Sortie Cinéma le 07/0902016 Présenté à Cannes 2016 dans la sélection Un certain Regard et au Festival de Deauville 2016
Deux frères braquent des agences d’une certaine banque pour sauver la propriété familiale de la saisie et pouvoir rembourser avec l’argent volé ! Nous ne sommes pas chez les frères Coen mais pourtant « Comancheria » n’est pas un simple film de genre ! A travers la dérive plus ou moins contrôlée des 2 « endettés à la gachette facile » , le réalisateur David MacKenzie (Perfect Sense) et le scénariste , Taylor Sheridan (Sicario) dépeignent une Amérique loin d’être triomphante !
Une désespérance latente est palpable tout au long du film . Que ce soit du côté de l’ordre avec un shériff subissant sa retraite obligatoire et pessimiste ou lucide sur son devenir proche ! « J’ai dormi sous le porche , je m’entraîne pour l’avenir ! » dit le policier à son collègue comanche lors d’une nuit passée hors de son hôtel à attendre les braqueurs ! Mais la colonne vertébrale du film c’est cette quête du « héros » principal qui cherche avec l’aide de son frère à donner un avenir à ses fils en « grugeant » la banque et en la remboursant !
C’est une Amérique loin de Wall street ,la crise économique a touché aussi le Texas . La culture américaine est montrée avec ses spécificités et ses travers ! Lors d’un braquage d’une grosse banque , les malfaiteurs sont poursuivis par les gens du crus tous armés ! Les Etats Unis c’est aussi l’accès aux armes pour tous .
Ce qui fait le charme du film c’est son ton sciemment langoureux , une sorte de coolitude grise où la volonté de se battre contre la résignation est sous jacente.
Les paysages sont beaux mais moribonds aussi , la musique est éraillée comme l’âme des protagonistes .
Les acteurs sont bons , Chris Pine à des années lumière du Captain Kirk de Star Trek compose, tout en charisme non chalant, un chef de famille déterminé, jusqu’au-boutiste et malin . Il a les traits tirés , les cheveux longs , « la moustache du travailleur » et la barbe naissante .
Ben Foster est convaincant en frère repris de justice , ayant au final le sens de la Famille , thème très américain : « Pourquoi tu l’as fait ? Parce que tu me l’as demandé petit frère ! » Jeff Bridges finit le trio principal en campant un sheriff essoufflé, vieux et quand même perspicace et toujours efficace !
Comancheria est certes un polar rugueux mais teinté de Steinbeck revisité à la mode texane , montrant l’envers du cliché des rois du pétrole ! Comme une ballade folk ‘rapeuse » ou country Comancheria est sec dans son constat et emballant dans sa forme et son traitement de « l’Amérique d’en bas » !