« Coco » de Lee Unkrich & Adrian Molina avec les voix françaises d’Andrea Santamaria, Ary Abitan, François Xavier Demaison / Voix US: Anthony Gonzales,Gael Garcia Bernal,Benjamin Bratt, Edward James Olmos … Vu en AVP le dimanche 26 novembre 2017 Sortie Cinéma le mercredi 29 novembre 2017
Miguel Rivera est un jeune garçon mexicain . Son rêve est de faire de la musique comme son idole disparue, Ernesto de la Cruz , grand chanteur adoré par les foules . Malheureusement dans sa famille, la musique est tabou. En effet l’époux de son arrière arrière grand mère « Coco », encore vivante, était musicien et l’a quitté sans un mot, la laissant seule. Le jour des morts, les photos des défunts sont exposés avec des offrandes et des bougies . Miguel découvre une photo de son arrière arrière grand mère jeune avec à ses côtés ce musicien dans son habit de scène mais son visage a été « déchiré » ! Et si ce musicien était...Ernesto de la Cruz (Visuellement une sorte de Luis Mariano revisité à la sauce « Indestructible ») ! Le petit garçon va dans une sorte de chapelle-musée dédié au chanteur et va dérober la guitare du chanteur disparu . instantanément il est transporté au royaume des morts , toujours vivant , il a très peu de temps pour faire la lumière sur ses origines, croiser ses ancêtres et essayer de revenir dans le monde des vivants ; L’aventure peut commencer…
Disons le d’emblée , « Coco » le dernier né Disney-Pixar est un bijou de sensibilité , d’intelligence et de maîtrise visuelle. S’il n’y avait que la forme , l’ennui pointerait vite le bout de son nez , comme par exemple avec le court métrage imposé avant la projo de « Coco » et destiné aux tous petits « Joyeuses fêtes avec Olaf » , prolongement poussif du hit de Disney « La reine des neiges » .
Ce qui est intéressant avec l’ADN « Pixar » c’est que souvent au delà de l’aspect enfantin et entertainment du film d’animation , sont sous tendus des thèmes universels , éveillant les enfants et ravissant les adultes . Ici les Valeurs mises en avant et les travers dénoncés le sont de manière ludique, fine et touchante: la Famille, l’importance du Souvenir, la transmission , savoir qui on est en découvrant d’où l’on vient , le respect des aïeux, l’affirmation de soi, se respecter en écoutant ses aspirations et ses désirs les plus profonds, l’arrivisme à tous prix , l’opportunisme malsain…
C’est là la clef du succès international de Pixar et par voie de conséquence de Disney qui a absorbé cette politique d’ « optimisation cérébrale » et de rappel non paternaliste de valeurs fédératrices des films d’animation (« Là-Haut » / « Up » , « Toy Story », « Ratatouille »…)
Un duo est aux commandes de « Coco » , comme souvent dans les productions Pixar . Lee Unkrich est un habitué de la maison , co-réalisateur de « Toy Story » et du « Monde de Nemo » , Adrian Molina est un nouveau venu mexicain qui a du apporter son œil sur sa culture et cette « manifestation ancestrale », festive et joyeuse du « Dia de los muertos » , le jour des morts . C’est un événement porteur visuellement comme le prouvait Sam Mendes , dans le long plan séquence d’ouverture du James Bond « Spectre » .Et un des tours de force de « Coco » est aussi de rendre sympathique et surtout pas effrayant ses morts présents les 3/4 du film à l’écran. En effet ces personnages aux yeux encerclés de noir , comme ceux de l’univers de Tim Burton (« Beetlejuice » « L’étrange Noël de Monsieur Jack »), ne sont jamais effrayants ou macabres. Pour le clin d’œil Tim Burton a débuté et fait ses armes chez Disney. Le royaume des morts est joyeux et coloré . Les trouvailles créatives ne manquent pas , par exemple le scan des « gens morts » permettant de les identifier (leur visage d’ex-vivants apparaissent sur l’écran) via les photos laissées par les vivants sur les « offrendas » , les présentoirs en mémoire des défunts . Les morts disparaissent définitivement lorsque les vivants ne pensent plus à eux .
L’ensemble est ludique, jamais moralisateur, avec un rythme soutenu , le scénario est ciselé par des orfèvres (cliffhangers, vrai méchant…) alliés à des techniciens hors pair ! De plus il est intéressant de voir que le pont de pétales de fleurs oranger permettant la transhumance des « morts mexicains et le respect des traditions est à contre courant d’une certaine politique américaine prônant l’édification de mur ! La magie Disney alliée à la conscience politique et sociétale de Pixar fait merveille . « Coco » est le meilleur film d’animation de 2017 , un Oscar à la prochaine cérémonie semble incontournable mais c’est surtout aussi l’un des meilleurs films , tout court de 2017 !