« Bushwick » de Cary Murnion et Jonathan Milott avec Dave Bautista , Brittany Snow … Présenté à la Quinzaine des réalisateurs le 25 /05/2017 Pas de sortie Cinéma , diffusion sur Netflix
Lucy est une étudiante se baladant avec son petit ami . Elle sort, insouciante, à la station de métro « Bushwick », quartier de Brooklyn bras dessus bras dessous avec son boy friend . Le « minaudage » va laisser place à la survie.La station est déserte , des bruits de coups de feu retentissent, un homme en flammes déboule . Un état de siège est en cours , une armée privée envahit le quartier et va se confronter à la résistance des habitants. Lucy va croiser Stupe , une « armoire à glace » ,ancien Marines,infirmier et concierge . Ensemble ils vont devoir faire face à ces événements extra-ordinaires relevant plus de la guerre civile que d’émeutes ponctuelles.
« Bushwick » est donc un « film d’invasion » . Le talent des deux réalisateurs , Cary Murnion et Jonathan Milott , est de nous plonger tout de suite, sans temps morts, dans cette attaque urbaine où les snipers sont positionnés pour tuer et où les balles fusent sans faire de quartiers !
Les plans séquences s’enchaînent apportant une fluidité visuelle bluffante. La caméra, sur une période définie, suit l’héroïne presque comme dans un jeu vidéo avec des niveaux , les gens se tirant respectivement dessus. Une apparente et fausse loi martiale est décrétée de fait mais c’est plus proche d’un terrorisme intérieur , une attaque revendicatrice et totalitaire mise en action par des factions privées. Le chaos règne. L’atout du film est de faire des 2 principaux protagonistes des « quidams » confrontés à l’agression et à la gestion de cet état d’urgence violent et anxiogène.
Dave Bautista , connu pour son rôle de Drax le destructeur dans « Les gardiens de la galaxie », compose avec justesse ,Stupe, cet ex marines au grand cœur, violent, direct et hanté par un trauma familial . L’acteur est aussi producteur du film, on découvre vraiment les traits de Dave Bautista et son jeu efficace. Cet ex champion de catch commence à faire ses preuves (« Skyfall » / « Bade Runner 2049 » à venir) et montre de vraies qualités de comédiens bien supérieures à celles de The Rock (la scène de la laverie sur sa femme et son fils démontre de belles capacités en dehors des biscottos apparents) ! Brittany Snow (Lucy) s’en sort très bien en montrant à l’écran le durcissement logique de son personnage (« J’ai tué un homme avec une hache » dit elle à voix haute en portant secours à Stupe) et son évolution guerrière évidente. L’humour , par toutes petites touches (punchlines) désamorce un peu la tension de certaines situations. Les références en présence font penser à du John Carpenter (« Assaut) survitaminé, même si un des réalisateurs (Cary Murnion) a cité « Gravity » , le justifiant en disant que ce sont aussi 2 personnes « enfermées » dans un univers hostile. Il a vu aussi un documentaire sur les conflits en Ukraine pour s’imprégner de la véracité des combats ! Une spectatrice cita celle de « Démineurs » de Kathryn Bigelow , réalisatrice punchy et « virile » ! Chacun pourra identifier ses influences.
Le film s’est tourné en 15 jours avec en amont , beaucoup de répétitions (environ 15 jours aussi) permettant de réussir ses plans séquences diablement efficaces et donnant cette fluidité étonnante à la « construction visuelle »et ce « plus d’adrénaline réaliste » nous permettant de nous plonger dans l’action de manière haletante et efficace ! « Bushwick » est immersif , puissant, intelligent et allie aussi une lecture sous -jacente sur les conditions sociales de ce quartier et la notion d’invasion dans la société américaine . Le film évite aussi l’écueil d’une happy end .
De plus Jonathan Milott , interpellé après la session des questions réponses , a confirmé que le travail avec Netflix était très simple . Tout bonnement car Netflix a acheté le film tel quel . Les réalisateurs n’ont pas eu à subir le contrôle pesant ou interventionniste d’un studio hollywoodien. C’est peut être aussi la clef de la réussite créatrice et artistique de Netflix ! « Bushwick » sortira en salle aux Etats Unis mais sera diffusé uniquement sur la plateforme de services Ciné en France. Le film justifierait, à lui tout seul, l’abonnement à Netflix ; A VOIR !
NB L’extrait vous donne un aperçu de l’atmosphère du film et la maestria de la réalisation !