« Black Widow » de Cate Shortland avec Scarlett Johansson , Florenec Pugh , rachel Weisz , David Harbour , Olga Kurylenko , William Hurt … Sortie Cinéma 7 juillet 2021
Natasha Romanoff est un personnage d’espionne russe passée à l’Ouest pour la bonne cause que Scarlett Johansson a déjà incarné , de manière convaincante & sexy au sein du MCU (Marvel Cinematic Universe) et des Avengers , pas loin de 6 films côtoyant Iron Man et Captain america . Avec « Black Widow » c’est l’occasion de retrouver , au delà de l’image de la combattante aux allures de Modesty Blaise slave, cette femme de caractère au passé tortueux et pas si facile . L’action débute dans l’Ohio où la Natasha « enfant » a une petite sœur, une mère et un père en « couverture » et doivent précipitamment quitter le sol US pour rendre compte de leur mission auprès de leur supérieur soviétique ! Cette idée de départ de famille éclatée sera en fil directeur pour cerner les failles de cette héroïne en quête de racines et de réponses . elle devra faire face à un méchant dignitaire russe, usant et abusant d’amazones « sous contrôle mental » dans un programme appelé « la chambre rouge » , sorte de vivier d’espionnes surentraînées et aux ordres de cet apparatchik manipulateur . Natasha va recomposer sa famille pour essayer de détruire cette organisation et donc son chef sans scrupules et moralité.
Le côté intimiste de la Famille d’origine recomposée est plutôt réussi . Florence Pugh , la petit sœur douée en castagne apporte une fraîcheur indéniable à l’univers Marvel , par ses punch lines et sa « petite » morphologie agile et volontaire . Les deux parents sont campés par Rachel Weisz en mère ambivalente & David Harbour en « héros russe trahi » en surpoids et flirtant avec le grotesque . Scarlett Johansson a le teint blafard des mauvais jours et traîne sa carcasse d’héroïne sans grande conviction au gré des quelques soubresauts « écrits » par un trio oubliable de scénaristes. Mais est ce que cette trame aussi épaisse qu’un papier à cigarette suffit à faire un spectacle intelligent et tonitruant ? La réponse est clairement négative .
Kevin Feige, le grand ordonnateur « Marvel » , à la tête de toutes de ses productions Marvel semble suivre un sillon tout tracé avec ses codes , ses caches à cocher et son « cahier des charges à tenir » . Un autre producteur à succès , Jason Blum , par exemple, dans le segment de l’horreur et de l’épouvante a su se renouveler , même si sa filmo n’est pas fait que de réussites . Mais tel un « Broccoli Bis » (Albert R Broccoli a été le producteur des James Bond et père de Barabara qui a pris le flambeau) Feige impose le taux normal d’explosions, de bagarres, de poursuites (ici en moto comme dans la saga « Mission Impossible » par exemple) . Et tout ça fleure le bon le Marketing , les dollars assurés et un savoir-faire éprouvé sans surprise qui ravira les fans et les adorateurs du MCU . »Black Widow » est du « divertissement industriel » sans trop de saveur avec un public cible et le plus large possible.
Pour autant est ce que le contrat est quand même un peu rempli et le plaisir est au rendez-vous ? Est ce qu’on voit à l’écran les 200 millions de dollars de budget ? A la première question on serait tenté de répondre par la négative !
Mais tout n’est pas complètement à jeter , certaines rares idées scénaristiques sont sympas ; par exemple les capsules rouges désinhibantes pour les guerrières russes, le blocage programmé des phéromones envers le méchant … C’est quand même maigre. Mais ce qui se dégage de l’ensemble c’est vraiment une dépense un peu vaine de moyens pour arriver à un plaisir minimal & sommaire . Natasha Romanoff n’est pas à proprement parler une « super-héroïne » avec des super-pouvoirs , du coup les références se tournent vers les James Bond , les Mission Impossible ou autres « Red Sparrow » sur des thèmes voisins. Donc ce sentiment de « déjà vu et mieux ailleurs » est bien présent à la vision du film.
C’est assez décevant car Scarlett Johansson est aussi productrice exécutive du film et n’étant pas un « Marvel addict pur sucre » on pouvait s’attendre à plus d’audace , d’inventivité vu le matériau de départ . Elle aurait pu peut être peser plus sur une direction plus originale et moins formatée . En étant provocateur je dirais que le film « est mal branlé » ! La réalisation a été confiée à Cate Shortland, réalisatrice australienne de films d’auteurs qui fait office de caution « girl power » , à l’instar d’une Patty Jenkins pour « Wonder Woman ». Pour autant elle semble perdre sa sensibilité dans le maelstrom d’effets spéciaux allant jusqu’à l’overdose (la chute de la plateforme aérienne et la « poursuite » dans le ciel est étirée & n’apporte rien ) imposés par les scènes dites d’anthologie mais bigrement stériles , ennuyeuses et répétitives au final . Le conglomérat Marvel-Disney a des règles à respecter à la lettre .
Alors le génie Marketing des studios est d’avoir su attendre un fléchissement de la crise sanitaire et se positionner comme le premier vrai blockbuster post Covid . Le film fait un tabac et engrange les dollars , il sera sans nul doute plus qu’excédentaire et triomphera au Box Office mondial .Le pire c’est que la fan-base n’arrive plus à avoir un œil critique sur « les livraisons stéréotypées » des héros Marvel . Il faudrait plus de « créateurs habités » aux commandes de ses machines à fric aux ambitions artistiques très limitées. Peut être que le retour de Sam Raimi avec le nouvel opus du Dr Strange rechangera la donne ! Wait and see.
Un twittos a bien synthétisé le sentiment face à « Black Widow » , le film se boit comme un verre d’eau . Pas de vraiment de goût ni d’originalité mais suffisant pour étancher la soif de spectateurs, conquis d’avance , pas très exigeants & à la gorge et aux mirettes asséchées par le black out subi des salles de cinéma. Il semblerait à la vision du film qu’une suite soit envisageable même si lors de la sempiternelle séquence d’après générique (interminable vu le nombre impressionnant de techniciens crédités) la présence de Scarlett Johansson paraisse vraiment compromise . L’actrice américaine pourra peut être envisager de s’extirper de « ce rôle sur fond vert » qui a fait sa fortune et se hasarder à des projets plus modestes en termes de budget mais beaucoup plus ambitieux sur la forme !