« Ami-ami » de Victor Saint Macary avec William Lebghil , Margot Bancilhon, Jonathan Cohen, Camille Razat, Manu Payet … Sortie Cinéma le 17 janvier 2018
Vincent (Vincent Lebghil), 25 ans ,sort d’une rupture amoureuse et décide d’emménager avec sa meilleure pote, Néféli (Margot Bancilhon) une avocate dilettante , pétillante, allumée et « frontale », une tornade ! Le langage cru, les fiestas , la philosophie sur la Vie sont le quotidien de ce « couple de potes » , complices et fusionnels pas embarrassés par la question du sexe . Vincent rencontre Julie (Camille Razat) et là la Vie devient compliquée , teintée de « double jeu » car cette relation d’amitié exclusive avec Néféli apparaît difficilement gérable. Le bon pote s’enferre lui même dans un suite de quiproquos largement évitables s’il avouait sa nouvelle relation amoureuse. Mais Néféli est elle si détachée , sentimentalement parlant, de son co-locataire ?
C’est le premier film de Victor Saint Macary et ce qui étonne , d’abord , c’est le vrai sens du dialogue , insufflant au film une énergie, une fraîcheur revigorante assez actuelle. Le ton est léger et drôle, axé sur les rapports amoureux et le sexe. « Je muscle mon périnée pour maîtriser l’éjaculation » dira Fred (le très bon Jonathan Cohen) son pote de travail , copain un peu lourd aux conseils hasardeux , très préoccupé par sa libido . La scène où Nefeli mime une levrette en tapant sur les fesses de Vincent a un côté un peu rude et « féministe » à la fois , sorte de pied de nez aux nouvelles générations aux paradoxes difficiles à suivre parfois.
L’amitié entre homme et femme est elle vraiment possible , lorsque celle ci devient presque essentielle au quotidien ? Ici les liens d’amitié deviennent encombrants et un peu trop forts .et inhibant au final pour vivre à fond une histoire d’amour parallèle . Le film arrive dans une première partie a instillé un ton singulier, une petite musique attachante . La tête de garage est une vraie trouvaille scénaristique , par exemple, axé sur un souvenir d’enfance drôle mais « perturbant » !
Cette tonalité d’humour se crispe de manière un peu brutale quand la jalousie destructrice , façon « La guerre des Rose » prend le dessus sur la bromance. La bonne copine devient attachiante et limite dangereuse (« J’ai peut être sous estimer mes sentiments pour toi » dira Néféli) . Cette radicalité dans la position du perso et cette rupture de genre nuit gravement à l’adhésion et accentue les imperfections. Car l’attitude violente de cette amie envahissante laisse à supposer une sorte de fêlure sous-jacente, décalée par rapport au postulat de départ. Ce côté « Misery » (par son attitude too much) m’a laissé sur le bord de la route . La transition manque de subtilité et le « happy-end » obligé et bon enfant souffrent , pour le coup , d’une vraie singularité .
Saint Macary a la bonne idée de donner un rôle de guest savoureux à Manu Payet dont la force comique n’est plus à prouver . C’est intéressant de noter que dans le pool de scénaristes on retrouve Audrey Diwan , Benjamin Charbit , Victor Saint Macary lui même et surtout Thomas Caillet , réalisateur du très bon « Les Combattants » (2014) au ton original et à l’humour , aussi, présent.
William Lebghil a une bouille d’adulescent sympathique et dépassé et permet de créer l’empathie. J’ai été moins convaincu par Margot Bancilhon , peut être, par la dualité de son personnage.
C’est peut être une question de génération , certains jeunes twittos ont beaucoup aimé mais le propre du genre est de s’adresser au plus grand nombre avec un côté universel salvateur . Victor Saint Macary signe un premier film inégal avec ses défauts et ses qualités mais prometteur pour la suite , notamment au niveau de l’écriture.