« Valerian et la Cité des mille planètes » de Luc Besson avec Cara Delevingne, Dane DeHaan , Clive Owen, Alain Chabat,Rihanna, Ethan Hawke, Herbie Hancock… Sortie Cinéma le 26 Juillet 2017
Fort de son succès US et inter-planétaire de « Lucy » (2014) Luc Besson s’est donné les moyens de réaliser « son » space opéra tiré d’une BD originale française : « Valérian » de Mézières et Christin. Un budget de 177 millions de dollars , des co-producteurs chinois , on ne peut pas dire que Besson , le nabab français manque d’ambition. Il nous rappelle que le Cinéma est une industrie faisant vivre bon nombre d’artisans aux vues des innombrables effets visuels et spéciaux présents dans le film .
Au XXVIII ème siècle, la station intergalactique Alpha est devenue au fil du temps un rassemblement de nombreuses espèces intersidérales vivant en paix. Néanmoins une zone « morte » soit disant radio active menace la Vie de ce conglomérat des mille planètes . Valerian (Dan DeHaan) et Laureline (Cara Delevingne) deux agents chargés du maintien de l’ordre sont dépêchés sur les lieux pour éclaircir ce mystère par le ministre de la défense . Les pearls , un peuple « rescapé » dont la planète pacifique a été détruite vont être au centre des aventures des deux « héros » en quête de vérité.
Que dire de l’entreprise de Besson ? Au niveau visuel, le pari est réussi et l’argent investi se voit sur l’écran. Les effets spéciaux peuvent s’apparenter à ceux de James Cameron ou de Peter Jackson. La planète Mühl et son peuple longiligne tendance albinos à grands yeux sont des lointains cousins des Na’vi de Pandora . Le Big Market virtuel est inventif . La session de « morphing » de Rihanna (Bubble) au Glam Club est innovante. L’univers et la planète des pearls est épuré et complexe visuellement. Les keytones, cyborgs noirs au stylisme minimaliste et carré sont inquiétants .La guerre des vaisseaux est aussi très pro . Le paradoxe c’est que cette maîtrise est contrebalancée par d’autres séquences moins maîtrisées comme la « virée » en skyjet de Valerian. Sur ce coup précis « Star Wars » est passé par là . C’est d’autant plus « ironique » que l’univers de Mézières et Christin , antérieur à celui créé par Lucas , a fortement influencé le film original de Mister Georges en 1977.
Enfin , niveau visuel pur de la SF , Besson est en net progrès .
Néanmoins il réitère certains tics dommageables à la crédibilité de son film. Le réalisateur semble attaché à une sorte d’humour potache peu percutant qui désert le film par moments, un côté enfantin mal maîtrisé. Les costumes sont aussi un point noir, alliance du mauvais goût et du kitsch par moments . Mais l’aspect le plus gênant , à mes yeux est le manque de charisme et d’alchimie des deux principaux protagonistes . C’est la mode en ce moment des teenage movies avec par exemple « Spiderman Homecoming » . Là Dan DeHaan (Valerian) est trentenaire, Cara Delevingne a 24 ans et tous les deux font moins. Valerian n’est finalement pas le rôle principal même s’il parait l’être . Le personnage de Laureline est beaucoup plus intéressant.Pour autant est ce que le duo fonctionne ? Tentant de répondre par un NON bien massif . Relativisons , bien sûr le tandem se laisse voir sans grand déplaisir mais une paire plus « habitée » et juste aurait donné une autre dimension au film. DeHaan a quand même un jeu lisse se résumant à un regard « cerné » absent et un rictus plein de bonne volonté.On voit mal comment s’identifier à ce personnage très 1er degré avec cette incarnation neutre . N’est pas Ian Solo* qui veut ! Il est plus à l’aise dans son registre habituel torturé ou névrosé (The Place Beyond the pines/ The Amazing Spiderman) .Cara Delevingne est certes, plutôt jolie mais quasiment mono expressive. son minois de « it girl » n’arrive pas à faire passer des émotions. Ses traits restent stoïques . C’est d’autant plus dommageable que le perso est attractif, badass, féministe et fort. Elle arrive l’espace de quelques trop peu de scènes à incarner Laureline. Sa froideur figée ne sert pas le caracter. Mais la combinaison des deux acteurs donnent des dialogues mécaniques et pas l’étincelle qu’on était en droit d’attendre .
Le marketing a du passer par là car d’ordinaire le sens du casting judicieux est aussi une marque de fabrique chez Luc Besson. Il se rattrape avec quelques rôles périphériques barges et savoureux. Alain Chabat , quasi méconnaissable compose un huluberlu de l’espace réussi . Et dire que le comédien a commencé dans le soap de Canal + « Objectif Nul » ! Ethan Hawke en tenancier de lieu de plaisir en fait des caisses mais c’est du contre emploi distrayant. Rihanna en ET polymorphe apporte une note sexy et décalée aux accents BD.
Tout n’est pas à jeter dans « Valerian », loin de là !
Le scénario , si vilipendé n’ est pas un blougi boulga abscons , tout en admettant que certains manques dans la narration sont réels. L’ensemble se tient plutôt bien avec quelques trouvailles (Valérian « hôte » de la princesse pearl) et facilités (le commandeur limite ridicule dont Clive Owen ne peut faire grand chose) . Ce n’est ni la catastrophe artistique annoncée , ni un navet intersidéral. le film a ses qualités et ses défauts , mais vu son budget , tout est exacerbé. « Valerian » peut faire office de film familial spectaculaire, efficace et inégal sans pour autant faire date dans le segment si restreint du space opera et du classic de SF .
*Un spin off sur la jeunesse de Ian solo (personnage récurrente et emblématique de Star Wars autrefois popularisé avec succès par Harrison Ford) est en tournage !