« The Young Lady » de William Oldroyd avec Florence Pugh, Cosmo Jarvis, Naomi Ackie… Sortie Cinéma 12 avril 2017
Angleterre rurale fin du du XIX ème siècle (1865) , une jeune femme aux traits réguliers et encore juvénile se marie à un homme plus âgé ,austère, désaxé, frustre et perturbé, Monsieur Lester . Un des premiers plans du films est celui de cette mariée de force , au regard perdu , ne sachant pas trop ce qu’elle fait là . Docile et obéissante, elle est la victime d’un système archaïque où la femme , à cette époque, pouvait être réduite au statut d’objet ! Cette « oie blanche innocente » va comprendre très vite que sa maison sera sa cage , prisonnière des murs , ayant l’ordre marital de ne pas sortir dehors . L’ennui bercera ses journées , sa vie « corsetée » ,au sens propre et figuré, se résumera à un rituel quotidien répétitif : réveil , peignage des cheveux par sa servante, repas et coucher !
Cette « prisonnière du désert affectif et rural » va se libérer lorsque son beau- père et son mari décident de s’absenter. L’émancipation va se faire de manière progressive. Elle va sortir et « respirer » l’air naturel de l’indépendance en se promenant hors de la maison. Elle va connaitre ensuite la passion impulsive auprès du nouveau jeune palefrenier du domaine ! Cette métamorphose sentimentale et charnelle va se concrétiser à l’écran par des ébats fougueux débarrassés de toute retenue. Le style du film est sobre, épuré (quasiment pas de musique) mais pas ennuyeux .
Les ennuis vont alors interrompre cette idylle entre une « pécheresse désinhibée » et un employé subjugué par la hardiesse de sa jeune patronne. Son beau père et son mari vont rentrer et un autre intrus inattendu va faire son apparition .L’ambiance proche de D. H. Lawrence ou Jane Austen va tout simplement basculer vers une sorte de machiavélisme « sentimental » glaçant et jusqu’au-boutiste . Aveuglée par sa passion , la jeune lady va commettre l’irréparable et sa raison sera altérée par l’aveuglement passionnel et manipulateur !
Il fallait une actrice d’exception pour porter sur ses frêles épaules le film dans son entier . Le choix de Florence Pugh fut très judicieux .
Car son physique lui permet d’emporter l’empathie du spectateur et son jeu toute en force , subtilité et retenue emporte l’adhésion. Elle m’a fait penser lors du dernier plan à l’image de Mme de Merteuil (Glenn Close) à la fin de « Les liaisons dangereuses » de Stephen Frears : une expression du visage défaite aux bords de la folie et un sentiment mortifère ! (« Cette femme est un poison » dira son jeune amant repentant)
Les choix de mise en scène sont assez justes ! Par exemple une certaine ironie « historique » est présente lors de la photo prise avec le cercueil à la verticale du beau père tout habillé et la jeune lady en robe noire de deuil. Et ce plan fixe répétitif de miss Lester cadrée sur son canapé faisant le point sur sa Vie ! Le manque de moyens évident imprime un côté minimaliste qui sert le film .
La narration est lente, ce style lancinant n’altère pas l’intérêt que l’on porte à cette histoire empreinte de noirceur avec une héroïne au visage d’ange coupante comme une lame de rasoir ! Un aller simple pour l’Angleterre « arride » du XIX ème siècle vous est offert avec une révélation en tant qu’actrice , un nom à suivre , Florence Pugh !