Regard porté sur « Vertigo » d’Alfred Hitchcock avec Kim Novak, James Stewart, Barbara Bel Geddes… Version restaurée présentée dans Salle du soixantième Cannes Classics Festival 2013
Il s’agit ici de la bande-annonce réalisée pour la sortie du film en 1958. Il en existe une autre réalisée pour sa ressortie en version restaurée
« Vertigo »/ « Sueurs froides » date de 1958 et se situe entre « Le Faux Coupable » (1957) et « La Mort aux trousses » (1959) dans la filmographie de Sir Alfred.
A San Francisco, John « Scottie » Fergusson (James Stewart) est un ancien policier, sujet au vertige qui va « filer » la femme (Madeleine) d’un ami, à sa demande, car elle aurait un comportement inexpliqué et irrationnel. Serait-elle sous l’emprise d’une ancêtre ?
On ne va pas déflorer l’histoire pour ceux ou celles qui ne l’on pas vu mais bien sur tout ne va pas se passer comme prévu, entre love affair, faux-semblants et rebondissements. Les thèmes en présence sont la manipulation, la double personnalité le tout traité avec une certaine élégance et une réalisation enlevée et novatrice pour l’époque. Hitchcock commence son film par du noir et blanc et en quelques secondes passe au rouge et à des spirales en couleur. Ces dernières sont le symbole de la phobie et du trauma du héros et du déséquilibre psychologique de l’héroïne ? Toujours est –il qu’en quelques images Hitchcock veut nous prévenir que le film ne sera pas de tout repos pour le spectateur !
Kim Novak vient rejoindre la galerie des « blondes hitchcockiennes classe » après Grace Kelly et avant Tippi Hedren. Le « premier choix » (le réalisateur aimait à dire que les acteurs était du « bétail »)de Sir Alfred était Vera Miles qui venait de tourner sous sa direction dans le « Faux coupable » (1957). Elle retrouvera le maître du suspense en 1960 avec « Psycho ». Elle n’était donc pas disponible car enceinte. Il se résigna à employer Kim Novak et les relations furent houleuses. Néanmoins Hitchcock la filme de profil (option esthétique assumée), de loin, de près et lui offre un rôle double qui marqua à tout jamais sa carrière. James Stewart, habitué du maître (La Corde/ Fenêtre sur Cour) est toujours dans un registre qui a fait sa gloire de personnage positif / américain moyen empathique. Aveuglé par l’amour il va découvrir le subterfuge mis en place à ses dépens.
Est-ce le succès de la série Mad Men (sur la fin des années 50 début 60) qui a conforté Universal de restaurer Vertigo ? En tout cas l’initiative est à saluer. Alors certes le film a un côté vintage plein de charme désuet forcément mais reste un modèle de scénario. Hitchcock aurait-il inventé la notion de Twist et en l’occurrence de double twist ? Ce qui est sûr c’est qu’il a influencé bon nombre de réalisateurs Brian De Palma (Body double et le dernier, Passion, parmi tant d’autres), Curtis Hanson (Faux Témoin/ La Main sur le berceau), Alejandro Amenabar (« Les Autres » a des accents de « Rebecca ») ou d’autres plus récents et contestables comme Park chan Wook avec « Stoker ».
Parmi ces réalisateurs sous influence on peut citer aussi Henri Georges Clouzot (« Les Diaboliques ») qui tenta d’expérimenter à l’extrême cette valse des couleurs et des effets esquissée dans « Vertigo » et reprise dans « l’Enfer ». Ce dernier film maudit et inachevé avec Romy Schneider fit l’objet d’un documentaire en 2009 et fut porté à l’écran avec succès par un grand adorateur d’Hitchcock, Claude Chabrol.
Brian de Palma est un grand admirateur de « Vertigo » et a fait un hommage appuyé à Hitchcock avec « Obsession » (1976) et l’espace de quelques plans avec « Dressed to kill » / « Pulsions » (1980) .
Dans la filmo d’Hitchcock Vertigo reste un classique viendront l’année suivante en 1959 « La Mort aux trousses » et en 1960 « Psychose » ! PS En bonus L’effet Vertigo ou travelling compensé utilisé par Spielberg , président du festival de Cannes 2013 , la boucle est bouclée !
L’effet Vertigo de Hitchcock : du génie au cliché
Derrière le jargon technique de « travelling compensé » se cache l’un des effets de caméra les plus identifiables du cinéma. Mieux connu sous le nom « d’effet Vertigo », il a été utilisé pour la première fois par Alfred Hitchcock, dans le film du même nom. Idéal pour donner de l’intensité à un plan et exprimer le vertige, l’effroi ou la fascination, ce procédé optique a depuis été très (voire trop) utilisé, de Steven Spielberg à Mathieu Kassovitz, en passant par Martin Scorsese et Alexandre Aja.