Split de M Night Shyamalan avec James McAvoy

« Split » de M Night Shyamalan avec James McAvoy , Anya Taylor Joy , Betty Buckley, Haley Lu Richardson … Sortie Cinéma le 22 février 2017

Une scène introductive très rapide , sur un parking un père de famille charge son coffre, se fait agresser , trois lycéennes sont dans la voiture dont sa fille. Elles se font kidnapper et se retrouvent enfermées dans une pièce délabrée sans aucune fenêtre !  Après ces quelques minutes très inquiétantes et efficaces , la question qu’on peut se poser est : Est ce que ce rythme et style « uppercut » va durer (punchy et montage (cut) très rapide) ? La réponse se rapprocherait plutôt du oui . 

Le genre « séquestration-survival » a eu le vent en poupe ces derniers temps . Que ce soit pour une chronique familiale basée sur des faits réels avec « Room » ou dans le fun flirtant avec le barré anxiogène avec « 10 Cloverfield lane » ! « Split » est un condensé des deux . En effet  le réalisateur dit s’être inspiré d’un vrai cas d’école d’un violeur, enfant maltraité et abusé à la base, ayant sévi dans les années 70 aux USA et ayant 24 personnalités différentes et alternées , Billy Milligan. Pour le reste il va étayer son histoire en apposant sa patte de scénariste tordu ici en net regain de forme .

Kevin Wendel Crumb  a donc 23 « co habitants » dans sa tête et souffre de troubles dissociatifs d’Identité ; un enfant de 9 ans (Heidwig) une femme (Patricia) un styliste efféminé (Barry)… Ils forment une horde mentale qui « prennent la lumière », apparaissent et s’imposent à la personnalité initiale de Kevin. Ils sont divisés (traduction de « split »). Un 24 ème plus violent et vengeur semble en phase de prendre le pouvoir !   Il se confie régulièrement à sa psy , le dr Fleitcher, femme âgée et compréhensive. 

Shyamalan est malin car si le personnage principal est bien Kevin, Il fait d’une des otages un personnage « miroir »  au parcours parallèle « cabossé » capable de contre balancer le numéro de composition qu’impose Kevin . En dehors de la psy ,c’est une des jeunes séquestrées , Casey Cooke (Anya Taylor Joy) , sorte de vilain petit canard au mauvais endroit au mauvais moment qui va faire preuve de courage face à la folie de son geôlier. Son passé douloureux va être la clé de sa survie !

 Anya Taylor Joy (The witch / Morgane) est une vraie révélation . A la fois jolie, juste et crédible en héroïne de survival déterminée . Elle ressemble un petit peu au niveau de l’allure et des traits du visage à Liv Tyler .

Le piège était de tomber dans le grand guignol et le sur-jeu. James McAvoy évite cet écueil . Il donne vie ,avec un mélange bien dosé de folie et de retenue,  à ses « co-locataires mentaux ». Blumhouse productions s’est fait connaître par la réhabilitation des films d’horreurs ou d’épouvante à petits budgets mais avec des résultats colossaux au Box Office pour la mise de départ investie   (Paranormal Activity /Sinister/ The Purge / Insidious…) .Jason Blum est une sorte d’héritier de Roger Corman pour les idées et le côté créatif mais avec les moyens financiers en plus permettant de plus en plus de concurrencer les majors avec des films visuellement maitrisés.  Shyamalan est rentré dans l’écurie de Jason Blum avec « The Visit » (5 millions $ budget /98 millions au BO), petit film d’ambiance aux accents horrifiques . Le réalisateur du « Sixième sens » se devait de transformer l’essai et le sentiment de nouveau départ avec « Split » !  C’est déjà chose faite au niveau du ratio et des dollars engrangés : Budget 9 millions de $ § 222 millions au BO à ce jour !

Shyamalan signe un film faisant penser aux slashers , par quelques aspects à De Palma , son héros serait le petit fils de Norman Bates revu, corrigé et multiplié par 24 . Le film plait beaucoup aux jeunes générations (« J’espère qu’il y aura un « 2 », ce film est fascinant » lâcha une lycéenne à la fin de la projo). La fin est plus qu’ouverte pour une suite qui parait inévitable . Un dernier clin d’œil fait même penser à un cross over avec « Incassable » ! Sensibles et claustrophobes s’abstenir , les amateurs du genre flirtant avec l’horrifique seront ravis. « Split » n’est pas le chef d’oeuvre annoncé mais fait le job de manière appliquée , glauque, inventive et tordue !