Room de Lenny Abrahamson avec Brie Larson, Jacob Tremblay, Joan Allen… Sortie Cinéma le 09 Mars 2016
La filière créatrice irlandaise a eu le vent en poupe en tant que fournisseur de rôle fort pour les actrices : Brooklyn de John Crowley et Saoirse Ronan et donc Room de Lenny Abrahamson et Brie Larson ! Les 2 réalisateurs sont irlandais et les 2 actrices ont concouru pour le St Graal de la meilleure actrice aux derniers Oscars 2016 !
L’histoire du film est inspirée par une histoire vraie et pourrait tomber dans le sordide , tellement le point de départ l’est quand même ! Une jeune fille se fait enlever et séquestrée, son ravisseur « vilain Nick » lui fera un enfant en captivité et elle l’élèvera dans une sorte de cabane « aménagée » jusqu’à l’âge de 5 ans. L’évasion sera alors possible grâce à un stratagème mais la libération (dans les têtes) ne sera pas effective tout de suite, le traumatisme laissant forcément des traces !
Dans la première partie du film, le réalisateur ne nous fait pas ressentir le huis clos. Il filme au plus près des personnages et nous montre cette relation mère fils fusionnelle, cette complicité par essence ! Il multiplie les gros plans sur les visages des 2 protagonistes. Ce duo « cloisonné » suscite l’empathie, en évitant le racolage et par petites touches nous émeuvent par leur quotidien pesant et l’envie viscérale de la mère de s’évader pour le bien de son fils.
Jacob Tremblay livre une performance épatante pour un gamin de 7 ans (l’âge de l’acteur au moment du tournage) incarnant Jack , aux allures de petite fille avec ses cheveux longs et symbolisant son côté neutre au niveau de sa vie ! Ce prisonnier de 5 ans n’a connu qu’un univers calfeutré et clos, son appréhension du monde extérieur ne va pas être si simple. « Il y a tellement de place dans le dehors,mais moins de temps , vu qu’il doit être étalé très fin partout,comme du beurre.Alors tout le monde dit « Dépêche toi. Faut y aller… »
« Je suis dans le dehors depuis 37 h ! »
Son naturel et sa qualité d’interprétation sont bluffantes et vecteurs d’émotions (ses échanges avec sa mère, la scène des adieux à la room, meuble par meuble… ) ! Le film et l’adhésion reposent en grande partie sur ses frêles épaules. Il fut casté à 1 mois du tournage au Canada ! Une nomination à l’Oscar du meilleur acteur n’aurait pas fait scandale tant l’enfant est juste et émouvant !
Le film a un traitement naturaliste, simple et dépouillé (la première découverte est le ciel quand le gamin sort du tapis, l’éblouissement de la lumière extérieure, les nouvelles sensations de marcher sur le sol de l’hôpital…).
Brie Larson (States of Grace / The Spectacular Now / 21 Jump street) est toujours sur le fil en mère protectrice connaissant le doute, l’angoisse, le remord et la dépression post captivité.
« Je suis une mauvaise mère »
« Mais tu es ma maman »
« Je le suis »
Le réalisateur et la scénariste nous invitent à un voyage dans l’intimité d’une relation « organique » entre une mère et son enfant avec justesse et pudeur . Emma Donoghue (romancière irlandaise) a fait un vrai travail d’écriture ciselé pour 2 interprètes au top et une réalisation au diapason !
Un des producteurs du film Adrew Lowe a présenté le film en disant « c’est un petit film mais un grand voyage ! » Une belle émotion ! Laissez vous entraîner par cette petite musique basée sur l’humain , composée avec finesse, celle de « Room » !
4 nominations aux Oscars et statuette remportée pour Brie Larson. Pour reprendre un titre de sa filmo elle connut avec ce film intimiste et délicat,un « état de grâce » et la consécration en tant qu’actrice !