« Titane  » de Julia Ducournau avec Vincent Lindon , Agathe Rousselle , Garance Marillier …

10/08/2021 13:18

« Titane » de Julia Ducournau avec Agathe Rousselle , Vincent Lindon , Garance Marillier … Sortie Cinéma le 14 juillet 2021

Une serial killeuse go-go danseuse & amoureuse des voitures trucide ses victimes avec une aiguille à tricoter . Pour retrouver une nouvelle identité elle va se faire passer pour un homme , fils disparu & accueilli à bras ouvert sans retenue par un père pompier ! Voilà donc le pitch du dernier film de Julia Ducournau (« Grave » ) couronné au dernier festival de Cannes par LA Palme d’Or !!!!

Autant le dire tout de suite la cohérence et la structure du scénario semblent avoir été le dernier des derniers « soucis » de la cinéaste . Elle s’est concentrée sur la grammaire visuelle à savoir , le plan séquence , la photographie bleutée et un peu glauque , les mouvements de caméra ,les profondeurs de champs,  en un mot comme en 100 … la forme ! On sait depuis « Grave  » qu’elle est une vraie cinéaste . Il y a aussi un gros travail sur le son. Et le fonds me direz-vous ? Beaucoup ont trouvé des choses ou des intentions qui sont un peu fantasmées . On a parlé de « film transgenre » , rien à voir , la protagoniste principale se met du sparadrap sur les seins (qu’elle mutile au passage) , se coupe les cheveux et s’habille comme un mec , c’est du travestissement . Pas plus pas moins . Le film a été « vendu » comme choquant voir « insoutenable » par certains . Ceux et celles qui ont eu ce sentiment ne doivent pas avoir une grande culture Cinéma en dehors des sentiers battus conventionnels . Les références dans « Titane » sont clairement identifiables , on pense à Nicolas Winding Refn (le blouson  d’Alexia au salon de l’Auto renvoie par exemple à celui de Ryan Gosling dans « Drive » par exemple) , Gaspard Noé , David Lynch peut être , d’autres de manière trop rapide ont parlé de John Carpenter. 

Julia Ducournau n’a jamais caché son attirance et sa dévotion au Cinéma du canadien torturé puis assagi , David Cronenberg . Le Cinéma de Genre épouvante et d’ angoisse lui doivent beaucoup  surtout dans sa première partie de carrière . Mais le problème c’est qu’au fil du temps Cronenberg a su se détacher du genre et mieux construire ses scénarios . Bien sûr des films devenus cultes comme « Vidéodrome » était basé sur le sensitif voir le corporel , en « bon obsédé de la peau » ! Mais c’est là que « Titane » montre ses faiblesses et ses limites . Ducournau semble être en roue libre totale , laissant ses obsessions s’empiler et ayant la volonté de bien montrer qu’elle sait tenir un caméra ou découpé « virtuosement » un long plan séquence. La colonne vertébrale du film est « scoliosée » , ça part dans différentes directions sans jamais véritablement nous accrocher par un fil rouge et le parcours de cette paumée à tendance destructrice et déséquilibrée. L’ensemble est alambiqué au sens confus du terme  et le style est pompier (le père joué par Lindon l’est aussi) , les ruptures visuelles sont un poil « too much » (Le bal des pompiers torses nus ressemblent plus à un backroom de discothèque gay où les soldats du feu désinhibés seraient des « objets sexuels » ) . Parfois ce n’est pas très beau visuellement et le grotesque n’est pas bien loin (la scène de la voiture et la conséquence organique , le « sang-huile » et le fait d’être enceinte).   

Les personnages sont clairement écrits à la truelle . Agathe Rousselle hérite donc du rôle titre avec cette Alexia « allumée » au look androgyne, désincarnée, auto destructive, crue, « désenchantée » (comme l’aurait dit Mylène Farmer , membre influente du jury)  qui déambule du début à la fin comme une marionnette sans vrai « moteur » et direction. C’est sûr qu’avec toutes les déviances de son personnage , l’empathie ne peut vraiment s’installer . Ducournau veut maltraiter ,déstabiliser le spectateur . Vincent Lindon dit s’être abandonné aux désidératas de sa metteuse en scène . Il y joue un pompier haut gradé qui abuse des stéroïdes , en désespérance de retrouver son fils , Adrien , disparu et trop content de croire à l’improbable.

Le plus gênant dans « Titane » , ce n’est même pas la proposition un peu foutrac de Ducournau, flirtant avec l’horreur , c’est ce sentiment qui perdure tout le long du film , d’esbrouffe , de volonté de monter « techniquement » sans vraie cohérence scénaristique , d’éparpillement constant , sans être au final subversif , à mes yeux ! D’autres parleront peut être du caractère « prétentieux » du film. Le problème c’est que si certain(e)s vont adorer partir dans un trip glauque, néo-punk, immersif, malaisant et bleuté , beaucoup vont être très vite sur le bord de la route et le film sera interminable . Vous l’avez compris je me situe dans la deuxième catégorie. Je crois que  si le film était diffusé sur une plateforme de VOD , je ne l’aurai pas fini .

« Titane » a donc reçu la Palme d’Or en 2021 au dernier Festival de Cannes . Spike Lee président du jury avait l’air perdu lors de la remise des prix , sûrement encore sous le choc du « lobbying français » subi lors des délibérations finales des membres du jury . Ducournau a déclaré « Je suis fière de moi » à la conférence de presse d’après remise de récompense. Elle a du talent c’est un fait . J’avais vraiment aimé « Grave » son premier film au sujet perturbant (article dispo sur le site dans la rubrique avis Cinefeel ).  Espérons que d’une part elle ne prenne pas la Palme comme un blanc seing pour « rééditer » des choix identiques à ceux pris sur « Titane » et qu’elle ait la lucidité de retrouver un arc narratif plus construit sans perdre sa créativité mais en la canalisant au minima sans parler de finesse dans le traitement.

A style exercice disguised as a creepy thriller

Scénario
Réalisation
Interprétation
Musique
A serial killer go-go dancer & car lover tricks her victims with a knitting needle. To find a new identity, she is going to pass herself off as a man, a missing son & welcomed with open arms without restraint by a father firefighter! Here is the pitch of Julia Ducournau's last film ("Grave") crowned at the last Cannes film festival by LA Palme d'Or !!!! As much to say it immediately the coherence and the structure of the scenario seem to have been the last of the last "concerns" of the scenario writer. She focused on visual grammar, namely, the sequence shot, the bluish and a little creepy photography, the camera movements, in a word like 100 ... the form! There is also a lot of work on the sound. And the fund will you tell me? Many have found things or intentions that are a bit of a fantasy. We talked about "transgender film", nothing to see, the main protagonist puts tape on her breasts (which she mutilates in the process), cuts her hair and dresses like a guy, it's cross-dressing. No more no less . The film has been "sold" as shocking or even "unsustainable" by some. Those who have had this feeling should not have a great cinema culture outside the conventional beaten track. The references in "Titane" are clearly identifiable, we think of Nicolas Winding Refn (Alexia's jacket at the Auto Show refers for example to that of Ryan Gosling in "Drive" for example), Gaspard Noé, David Lynch can be, others too hastily spoke of John Carpenter. Julia Ducournau has never hidden her attraction and her devotion to cinema by the tortured and then settled down Canadian, David Cronenberg. The horror and anguish Genre Cinema owe him a lot, especially in his first part of his career. But the problem is that over time Cronenberg has been able to detach himself from the genre and better build his scripts. Of course, films that have become cult like "Videodrome" were based on the sensitive seeing the body, in "good obsession with the skin"! But this is where "Titanium" shows its weaknesses and limitations. Ducournau seems to be in total freewheeling, letting her obsessions pile up and having the will to show clearly that she can hold a camera or "virtuosously" cut out a long sequence shot. The backbone of the film is "scholarly", it goes in different directions without ever really hooking us by a red thread and the course of this lost tendency to destructive and unbalanced. The whole is convoluted in the confused sense of the term and the style is fireman (the father played by Linon is also), the visual ruptures are a bit "too much" (The bare-chested firemen's ball looks more like a backroom of gay nightclub where uninhibited fire soldiers are said to be "sex objects"). Sometimes it is not very beautiful visually and the grotesque is not far away (the car scene and the organic consequence, the "blood-oil" and the fact of being pregnant). The characters are clearly written with a trowel. Agathe Rousselle therefore inherits the title role with this "lit" Alexia with an androgynous look, disembodied, self-destructive, raw, "disenchanted" (as Mylène Farmer, influential member of the jury would have said) who wanders from beginning to end like a puppet without real "engine" and direction. It is certain that with all the deviations of his character, empathy can not really settle. Ducournau wants to mistreat, to destabilize the spectator. Vincent Lindon says he has abandoned himself to the wishes of his director. He plays a high-ranking firefighter who abuses steroids, in despair to find his son, Adrien, disappeared and too happy to believe in the improbable. The most embarrassing thing about "Titane" is not even Ducournau's slightly crappy proposition, flirting with horror, it's this feeling that lasts throughout the film, of exasperation, of the desire to go up " technically "without real scriptwriting coherence, constant dispersal, without being ultimately subversive, in my eyes! Others may speak of the "pretentious" nature of the film. The problem is that while some will love to go on a creepy, neo-punk and bluish trip, many will soon be on the side of the road and the film will be endless. You have understood that I am in the second category. I believe that if the film was broadcast on a VOD platform, I would not have finished it. "Titane" therefore received the Palme d'Or in 2021 at the last Cannes Film Festival. Spike Lee president of the jury looked lost during the awards ceremony, surely still reeling from the "French lobbying" suffered during the final deliberations of the jury members. Ducournau said "I am proud of myself" at the post award press conference. She has talent, that's a fact. I really liked "Grave" his first film with a disturbing subject (article available on the site in the Cinefeel reviews section). Let us hope that, on the one hand, she does not take the Palm as a blank check to "re-edit" choices identical to those made on "Titanium" and that she has the lucidity to find a more constructed narrative arc without losing her creativity but in channeling it to a minimum without speaking of finesse in the treatment.
Not really essential and divisive !
Category: Avis Cinefeel

Un commentaire

  • selenie
    Reply

    Un uppercut… Je suis beaucoup moins sévère, les influences de Ducournau sont louables, elle les a digéré parfaitement pour un film qui lui reste personnel et même assez cohérent avec « Grave ». Certe il y a des trous dans le scénario mais ça enrichi le climax et le côté perte de repère. Un bon très bon film

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